Le Mali broie du noir. C’est le moins que l’on puisse dire dans un contexte où les années difficiles se suivent et se ressemblent et, malheureusement, dans un cycle d’alternance allant de mal en pis et du mal au pire. Et pour cause : de mémoire d’anciens, l’année 2015 est sans conteste la plus sombre de l’histoire du pays. Car, en plus de la famine qui renvoie aux sécheresses de 1973-1974 et 1984, le Mali a connu en 2015 des événements qui n’ont jamais autant endeuillé sa nation avec le drame de Mina et les attentats terroristes. Sans compter tous ces scandales économiques, politiques et religieux qui ont émaillé la gouvernance d’IBK, ainsi que le statu quo autour de l’application de l’Accord de paix du 15 mai 2015. Bref, un cocktail de dossiers explosifs qui présage d’une année 2016, tout simplement NUAGEUSE.
Pourtant, l’on pensait la série noire de scandales due à la mal gouvernance éteinte à jamais avec l’année 2014 partie avec « son » avion présidentiel et « son » contrat d’armement. Mais, c’était compter sans le pilotage à vue instauré en mode de gestion sous le règne d’Ibrahim Boubacar Kéïta.
En effet, la série de scandales 2015 a donné son top départ par un énorme scandale relatif à l’introduction au Mali d’engrais déficitaires en phosphate, en azote, en phosphore et autres nutriments. Cette affaire dite de l’engrais frelaté porterait sur plus de 80 milliards de FCFA, soit, plus de 60 milliards pour les engrais et 20 milliards pour les pesticides.
Les victimes ? le paysan, le contribuable, le consommateur et l’Etat maliens. Entre autres conséquences, ce scandale aurait déstabilisé la filière coton qui est un des piliers de l’économie nationale.
Les bruits des champs de coton s’étaient-ils tus que résonnent ceux des moteurs des 1000 tracteurs du président, une affaire tout aussi scandaleuse. Le chef de l'État a procédé, le 22 septembre, à la remise symbolique de 1000 tracteurs destinés aux paysans du Mali. Ces machines qui ont coûté au contribuable malien, la somme de 13,6 milliards seront cédés aux bénéficiaires à moitié prix. Mais, ce sont le mode d’attribution du marché et le prix de cession aux agriculteurs qui font polémique. Dans les deux cas, les sanctions promises par le chef de l’Etat sont toujours attendues.
Un autre scandale qui a retenu l’attention en cette année 2015, celui des logements sociaux où des clés de maisons censées allées à des Maliens moyens se sont retrouvées entre les mains de ministres de la République en personne et d’enfants et de femme de Premier ministre en fonction. Incroyable !
En plus des scandales, la nation malienne a été fortement endeuillée comme il n’en a jamais été le cas, au cours de l’année 2015. En tête de liste, l’hécatombe de Mina. Le 24 septembre 2015, jour de Rafât et de l'Aïd el kébir, une bousculade à Mina fait des milliers de morts dont plus de 300 pèlerins maliens, selon des chiffres fournis par les agences de voyage privées. Le hic, c’est que plusieurs semaines après ces douloureux événements, le Gouvernement est resté incapable de fournir aux familles endeuillées et au peuple malien un bilan et des nouvelles fiables.
Ensuite, ce furent les attentats et les attaques terroristes qui sèment la mort au pays. La Terrasse à Bamako, le Byblos à Sévaré et le Radisson Blu à Bamako, sont trois repères historiques de ce douloureux constat.
En effet, en mars et novembre 2015, Bamako est frappée de plein fouet par les terroristes et djihadistes, respectivement au bar-restaurant-night-club La Terrasse et à l’hôtel Radisson Blu. Entre les deux attentats, une prise d'otages à l’hôtel Byblos de Sévaré en août avait fait des vagues. Les trois actes totalisent une quarantaine de morts.
En outre, de janvier à la semaine dernière, le peuple malien a assisté avec consternation et impuissance à des attaques djihadistes et terroristes sanglantes non seulement au nord, mais aussi au centre et au sud du pays : Kidal, Gao, Tombouctou, Ménaka, Ansongo, Nampala, Douentza, Boni, M’Boullikessi, Ténenkou, Youwarou, Dioura, Diafarabé, Ké Macina, Dogo, Misséni, Fakola, Gourma Rharous, Sévaré, Bamako, Baguinéda, Barkérou etc.
Malvivre généralisé des Maliens, l’affaire dite du « petit monsieur », les démolitions de constructions privées, la montée de l’islamisme religieux, les difficultés dans l’application de l’Accord de paix etc. sont autant d’autres patates chaudes qui consument les Maliens au cours de l’année qui s’achèvent.