Vous vous rappelez, probablement, des quelques lignes consacrées à la ligne du chemin de fer Dakar-Bamako, dans un article publié le 20 décembre 2015 et intitulé: « Chroniques. Tour d’horizon des nouvelles planétaires ». Dans cet article, en effet, il fut question, entre autres, de la résiliation par les Etats du Mali et du Sénégal de la convention accordée à Transrail (société française) pour la remise en état de la vétuste ligne Dakar-Bamako. A cette occasion, nous avions fait part de notre regret. Eh bien, il se trouve que la situation a bien évolué depuis lors, car la China Railway Construction Corporation International (CRCCI) est chargée de la réhabilitation totale de ladite ligne.
>>> Suivez-nous sur Facebook
>>> Suivez-nous sur Twitter
Un contrat historique. D’entrée de jeu, il faut savoir que trois hauts cadres de la CCRI, la géante compagnie chinoise constructrice de trains et de trams, furent assassinés dans la prise d’otages de l’hôtel Radisson, le 20 novembre dernier à Bamako. Et il semble que la présence de ces cadres chinois avait un lien avec les négociations en cours au sujet de ce gros marché, quand ils furent victimes de l’attentat et en perdirent la vie parmi la vingtaine de morts, des Africains et des étrangers. C’est, donc, un contrat de 1500 milliards de francs cfa qui vient d’être signé entre les deux Etats d’Afrique occidentale et la République de Chine. L’Etat du Mali déboursera l’équivalent de 1.5 milliard de dollars, tandis que celui du Sénégal s’acquittera d’une somme de 1.26 milliard de dollars. Le chantier débutera dès le nouvel an 2016 et durera quatre années
Un gros chantier pour des équipements modernes. Selon Mansour Elimane Kane, Ministre sénégalais chargé des Infrastructures, la réhabilitation générera 20.000 emplois et 15% de la valeur des travaux, seront confiés aux entreprises locales. Quant au Ministre malien des Transports, Mamadou Hachim Koumaré, il livre quelques informations d’ordre technique. De fait, il annonce que la vitesse des trains voyageurs atteindra les 100km/h (alors que jusqu’ici, elle ne dépassait guère les 90km/h). Pour leur part, les frets rouleront à 80km/h. Cette amélioration de l’allure des trains est, dit-on, due au choix de l’écartement standard des rails, contre l’ancien écartement métrique. Aussi, le trajet, pour un voyageur, passera-t-il d’une trentaine à une petite dizaine d’heures! Et 2 millions de passagers pourront passer les frontières des deux Etats dans l’année, alors que 6 millions de tonnes de marchandises se verront acheminer de part et d’autre
Economie et cohésion sociale en osmose. Le projet de la réhabilitation du réseau ferroviaire reliant le Mali et le Sénégal depuis les années 1920, est un acte significatif à plus d’un titre. Si son aspect économique n’échappe à personne, son aspect socioculturel devrait tout autant être une évidence, ne serait-ce que pour les populations directement concernées. En effet, d’un côté comme de l’autre de cette grossière frontière, on retrouve les mêmes peuples, à l’instar des peuples du Togo et du Bénin et par extension, des liens entre toutes les nations africaines ayant des frontières communes. Les histoires de ces deux espaces sous régionaux de l’ouest africain, sont imbriquées l’une dans l’autre à plusieurs égards. Ce qui aide à ne jamais perdre de vue que la seule différence entre ces deux pays ne se trouve que dans le regard de celui qui en cherche, c’est-à-dire le diviseur!
Avec la réduction de la distance entre les deux peuples du Mali et du Sénégal, les administrations sénégalaise et malienne ne font que faciliter davantage les échanges afin que les jeunes générations s’inscrivent totalement dans une tradition qui ne peut que les grandir, car ils découvriront ou approfondiront les caractères qui rendaient si dignes et si libres leurs aïeux communs
K.D.W.