Au cinquième jour du déclenchement de l’opération Serval, du nom de ce petit félin africain, seule l’armée française, soutenue par des troupes maliennes, se cogne aux djihadistes. Jusque-là en tout cas. Coup de bec par ci, coup d’ergot par là, le Coq gaulois, seul dans ces immensités désertiques, parvient néanmoins à porter l’estocade à la nébuleuse islamiste.
Pour le reste de la communauté internationale, qui salue cette intervention française, cette guerre contre les groupes armés Ansar Dine, AQMI et le MUJAO semble se conjuguer toujours au futur.
L’Aigle américain a promis son soutien logistique. Wait and see.
Le «Géant de l’Afrique», le Nigeria, qui a décidé d’envoyer une troupe de 600 hommes ? Pas avant la semaine prochaine.
Les premiers soldats nigériens et burkinabé ? Attendus dans les prochains jours.
Pour les autres contingents noirs annoncés, on ne peut se hasarder à donner de date.
Comme on le constate, bien de nos armées sont à la traîne au moment où on a le plus besoin d’elles. Elles, dont certains chefs excellent dans l’art des coups d’Etat ; comme le trublion capitaine malien Amadou Sanogo, auteur du putsch contre ATT, qui ne cesse de toiser les civils mais est toujours claquemuré dans son bunker de Kati alors qu’on l’attend au front.
Du côté de l’Ours russe et du Dragon chinois, membre permanents du Conseil de sécurité, c’est motus et gueule fermée.
Quant à la Baleine britannique, elle s’engage à fournir une assistance militaire mais n’entend guère s’embourber dans les sables mouvants du malien.
Astérix seul au pays des Bambara. Voici la situation dans laquelle se trouve le président français, François Hollande, le mou, comme le qualifiaient ironiquement certains.
Si on peut comprendre la lenteur ou le manque d’empressement de certaines puissances occidentales à s’engager directement ou indirectement dans ce conflit, on a de la peine à faire de même concernant les armées africaines, particulièrement celles des pays de la CEDEAO.
Malgré l’urgence, il a fallu attendre cinq jours après le l’ouverture des hostilités pour voir les hauts stratèges militaire de la sous-région tenir conseil de guerre. C’était hier à Bamako. Alors que le Sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO, initialement prévu pour aujourd’hui à Abidjan, a été repoussé à samedi prochain.
Certes la subite accélération des événements a pris de court nombre de nations du continent noir. Mais on n’a pas besoin d’être un général quatre étoiles pour savoir que toute armée doit disposer de bataillons de réaction rapide. Et nous ne doutons pas que les nôtres en soient munies.
A cette allure de tortue, la force ouest-africaine pourra-t-elle arriver à temps pour encore profiter de l’effet de surprise de l’aviation française contre les combattants islamistes ?
Alors, ça coince où là même ? Est-ce dû à une certaine impréparation ? A la lourdeur administrative ? Ou encore à des divergences de vues dont l’opinion publique n’est pas informée ?
Cette dernière question mérite en effet d’être posée, vu l’espèce d’omerta qui entoure dans nos pays cette opération de déploiement de troupes au Mali. On ne demande pas qu’on nous fasse un boucan d’enfer sur les plans d’attaque ni qu’on nous fournisse la liste des armements.
Mais quand certaines hiérarchies militaires poussent le mutisme jusque sur le nom de l’officier qui commandera le contingent national, aucun secret défense ne saurait justifier une telle réticence.
Une attitude qui se situe à l’opposé de celle de l’armée française, dont les supérieurs multiplient les interviews sur les chaînes de radio et de télévision ; à l’instar du colonel Michel Goya, directeur d’études à l’Institut de recherches stratégiques à l’école militaire (IRSEM), qui a livré hier, à notre confrère RFI, les plans presque détaillés de l’offensive en cours et de celle à venir.
Même s’il est vrai que trop de médiatisation a aussi ses inconvénients en pareille circonstance. Comme chercher à compter chaque jour, sous l’œil des caméras, les cercueils de siens tombés au champ d’honneur.
Alors entre l’omerta et la com. à outrance, il faut savoir trouver le juste milieu.