BAMAKO - Les soldats français, engagés pour la première fois au sol au Mali, remontaient mercredi vers le nord du pays pour y pourchasser les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, qui affirment avoir mené le même jour une attaque contre un site pétrolier en Algérie.
En Algérie, près de la frontière libyenne, le site pétrolier d`In Amenas au
Sahara, dans le centre-est, à environ 1.300 kilomètres d`Alger, exploité par
le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l`algérien Sonatrach, a été
la cible d`une attaque par des hommes armés. L`attaque a fait un mort et 7
blessés, selon l`agence APS.
Ceux-ci ont pris des otages, notamment de nationalités britannique,
norvégienne et japonaise, selon des sources diplomatiques occidentales, qui
font aussi état d`une opération de l`armée algérienne en cours contre les
assaillants.
"Nous sommes des membres d`Al-Qaïda et nous sommes venus du nord du Mali",
a affirmé l`un des combattants, joint par téléphone, à l`AFP. La frontière
malienne se trouve à plus de 1.200 km.
Au Mali, la progression vers le Nord des troupes françaises constitue une
nouvelle étape dans l`engagement de Paris après des raids aériens menés depuis
le 11 janvier dans le centre et le nord du pays pour empêcher une avancée des
islamistes vers la capitale Bamako (sud) et les déstabiliser.
"Jusqu`à présent, nous avions fait en sorte qu`il y ait quelques forces
terrestres à Bamako, pour sécuriser d`abord nos populations, nos
ressortissants, les ressortissants européens et la ville de Bamako. Maintenant
les forces terrestres françaises sont en train de remonter vers le nord", a
déclaré mercredi matin à la radio RTL Jean-Yves Le Drian, ministre français de
la Défense.
Des centaines de soldats maliens et français ont quitté mardi la ville de
Niono, à 350 km au nord de Bamako, pour se rendre à Diabali, localité située à
une cinquantaine de kilomètres plus au nord, prise lundi par les islamistes
emmenés par Abou Zeid, un des chefs d`Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Selon des témoins interrogés par l`AFP depuis Bamako, de nouveaux renforts
de soldats français sont arrivés mercredi matin dans la zone "avec tout le
matériel nécessaire" pour en déloger les jihadistes.
Diabali a été bombardée à plusieurs reprises mardi par l`aviation
française, mais les islamistes ne l`ont pas pour autant totalement quittée et,
selon divers témoignages, ils cherchent à se fondre dans la population dont
ils se servent comme bouclier.
Les armées française et malienne devaient tenter de reprendre entièrement
le contrôle de Diabali, située à proximité de la frontière avec la Mauritanie
dont l`armée a renforcé ses contrôles pour empêcher les islamistes de pénétrer
sur son territoire.
A l`Ouest des groupes "fanatiques"
Dans cette zone, "nous avons les groupes les plus durs, les plus
fanatiques, les mieux organisés, les plus déterminés et les mieux armés",
selon M. Le Drian. "On a affaire à plusieurs centaines, plus d`un millier -
1.200, 1.300 -, de terroristes dans la zone, avec peut-être des renforts
demain", a-t-il ajouté.
Interrogé sur une autre radio française, Europe 1, le chef d`état-major des
armées françaises, l`amiral Edouard Guillaud, a souligné que les forces
françaises étaient confrontées à "un conflit de type guérilla", situation à
laquelle elles sont habituées.
"Dans les heures qui viennent, je ne suis pas capable dire si c`est dans
une heure ou dans 72 heures, nous combattrons directement" les islamistes,
a-t-il précisé.
Une centaine de soldats français circulant dans une quinzaine de blindés
qui avaient quitté Bamako mardi en fin d`après-midi, sont par ailleurs arrivés
mercredi matin à Markala, près de Ségou, à 235 km au nord-est de Bamako, afin
d`y sécuriser un pont sur le fleuve Niger et en empêcher l`accès aux
jihadistes, a constaté un journaliste de l`AFP.
Dans la zone de Konna (centre), à 700 km au nord-est de Bamako, les
islamistes qui avaient pris la ville le 10 janvier, déclenchant l`intervention
française pour empêcher leur progression vers la capitale malienne, sont
toujours présents, contrairement aux affirmations de l`armée malienne, selon
M. Le Drian.
Plus de 800 soldats français sont d`ores et déjà déployés au Mali, et leur
nombre devrait à terme s`élever à 2.500 soldats.
"Que faire des terroristes? Les détruire. Les faire prisonniers? si
possible", a martelé mardi le président français François Hollande lors d`une
conférence de presse à Dubaï.
Il a cependant affirmé que la France n`avait pas "vocation à rester au
Mali". Une force militaire ouest-africaine de quelque 3.300 hommes doit
prendre le relais des troupes françaises.
Les chefs d`état-major de la Communauté économique des Etats d`Afrique de
l`Ouest (Cédéao) devaient poursuivre mercredi à Bamako une réunion entamée la
veille afin de mettre au point "les derniers réglages" de cette force, mise en
en place conformément à une résolution de l`ONU.
Baptisée Misma (Mission internationale de soutien au Mali), cette unité
sera dirigée par un général nigérian Shehu Abdulkadir et recevoir un appui
logistique ocidental.
L`Allemagne a promis mercredi de mettre deux avions de transport de type
Transall à la disposition de la Cédéao.
Le Nigeria doit fournir 900 hommes, et les premiers doivent théoriquement
arriver mercredi, selon Abuja. Le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le
Sénégal ont également annoncé l`envoi d`environ 500 hommes, le Bénin 300, la
Guinée et le Ghana une centaine chacun.
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