PARIS - Le déploiement de troupes françaises au sol au Mali est "extrêmement risqué", a estimé mercredi l'ancien ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, en appelant à "mettre le paquet" pour que des contingents africains interviennent.
"On annonce 2.500 soldats français sur le terrain. Je pense que c'est
extrêmement risqué et qu'il faut aujourd'hui mettre le paquet pour que les
contingents africains arrivent", a déclaré Alain Juppé pour France
24/L'Express/RFI.
Les troupes françaises déployées au Mali se trouvent "dans une aire
géographique où la France a été (...) colonisateur (...). La présence de
soldats français sur le sol de cette région sahélienne n'était peut-être pas
la meilleure chose à envisager", a-t-il poursuivi.
"Nous avons les moyens de faire ce que nous avons commencé à faire au tout
début de cette intervention, c'est-à-dire des frappes aériennes pour arrêter
la progression de colonnes terroristes vers Bamako", a relevé l'ancien
ministre.
Mais, a-t-il souligné, "nous n'avons certainement pas les moyens de nous
déployer sur un territoire vaste comme deux ou trois la France (...). Ils (les
islamistes armés) sont chez eux dans le désert, nous n'y sommes pas".
"Je crains que nous ne nous soyons mis dans une spirale que nous allons
avoir beaucoup de mal à maîtriser. Il est important de clarifier les objectifs
de l'intervention française et on a le sentiment qu'il y a un glissement
depuis les premières heures ou les premiers jours de cette intervention",
a-t-il répété.
"On s'est lancés dans cette opération et aujourd'hui nous sommes confrontés
à des risques extrêmement élevés. Et nous sommes seuls", a poursuivi Alain
Juppé, qui fut ministre de la Défense et ministre des Affaires étrangères.
"Ce qui est important maintenant, c'est que la communauté internationale se
mobilise, que la force africaine annoncée se déploie sur le terrain", a-t-il
fait valoir.
"Les Américains peuvent nous aider, les Européens pourraient également nous
aider. Certains ont annoncé qu'ils allaient le faire mais pour l'instant, on
ne voit rien venir", a-t-il relevé.
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