Hier, c’est dans une atmosphère de vives tensions et de protestations que Noumory Cissé a été intronisé chef de village de Hamdalaye. Cette installation est intervenue à un moment où la colère des habitants et des héritiers du fondateur du village s’est intensifiée.
Pour connaître les dessous de cette affaire rocambolesque, il faut remonter à la fin des années 1970. Le village de Hamdalaye tire sa légitimité de la famille Thierno Mamadou Taha Barry, fondateur d’Afia dans le cercle de Kéniéba. C’est le chef de village d’alors qui a envoyé un de ses neveux comme fondateur du village de Hamdalaye à 6 km d’Afia. Grâce à l’activité de l’orpaillage, la localité va prendre les allures d’une bourgade.
En 1997, le chef de village de l’époque, Mamadou Falilou Barry, a confié la gestion de Hamdalaye à un certain Noumory Cissé jusqu’à son érection en village 2012. La tâche du nommé Cissé était de trancher les litiges entre orpailleurs, de collecter l‘impôt sur instruction du chef d’Afia, ce bien que Noumory Cissé ne soit pas natif du village d’Hamdalaye comme le montre le registre du sous-préfet de Farako. Il est de la localité de Falaya.
Contre toute attente, en 2012 lorsque Hamdalaye a été érigé en village, Noumory Cissé s’est auto proclamé avec la complicité de l’administration locale, chef de village. Cette décision a été prise sans l’aval de la notabilité et du conseil des coutumes. Et sans autre forme de transition, en 2013, le sous-préfet de Faraba, Boubacar Sidibé, le bombarde chef de village. Pour bien réussir son coup, le sous-préfet se fait entourer de tous ceux qui soutiennent Noumory Cissé, en ignorant la famille Barry, digne héritière et fondateur du village.
Tollé général
Le hic est que les cinq conseillers qui ont participé à cette réunion viennent de la Guinée-Conakry, de Kita et de Kéniéba. Ces personnes se sont installées dans le village à la faveur de l’activité d’orpaillage et c’est grâce aux signatures de ces conseillers fictifs que le sous-préfet a pu faire de Noumory Cissé chef de village de Hamdalaye.
Au regard de cette situation, la famille Barry d’Afia a porté plainte au Tribunal administratif de Kayes qui, à l’issue du jugement, a donné raison à Noumory Cissé. Mais cette décision judiciaire a été vue comme une violation des coutumes et l’affaire a été finalement portée devant la Section administrative de la Cour suprême. Et Mamadou Secondo Barry et le village d’Afia ont gagné la manche en appel le 14 septembre 2015.
Cette joie n’a été que de courte durée, car à la surprise générale, le 17 septembre dernier, c’est le camp de Noumory Cissé qui se voit reconnu, aux termes d’un procès en révision. Fait rarissime, selon les spécialistes du droit, “la révision ne peut annuler une décision à 2 %”.
C’est ce verdict tant décrié qui agite la paix sociale et qui a créé un climat de tension et de méfiance aux conséquences incalculables dans la zone. Les héritiers Barry, victimes et habitants des villages d’Afia et de Hamdalaye sont sur qui-vive. Et en raison de l’état d’urgence, ils n’ont pas voulu se manifester mais c’est cette période d’exception que Noumory Cissé a choisie pour organiser pour organiser son intronisation.
Aux dernières nouvelles, les habitants des villages environnants ont marché pour manifestation leur mécontentement. Ils exigent la destitution du chef de village imposé.
Alpha Mahamane Cissé