Le gouvernement a adopté ce lundi un projet de loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence jusqu’au 31 mars 2016 à minuit. Le projet qui doit faire l’objet de débat ce soir à l’Assemblée nationale, est diversement apprécié.
L’opposition reconnaît le caractère légal et nécessaire de la décision, mais exige « plus de rigueur » dans son application et prévient contre « une banalisation de la mesure.
Le gouvernement avait décrété le 21 décembre dernier un état d’urgence de 10 jours en raison des « menaces graves sur la sécurité des personnes et de leurs biens ». Cette mesure devait arriver à expiration le 31 décembre prochain. Selon le gouvernement « la prorogation de cette mesure vise à poursuivre la sécurisation des personnes et leurs biens sur l’ensemble du territoire national ».
En cas d’adoption du texte qui doit passer ce mardi à l’Assemblée nationale, le pays serait pour la 3e fois sous ce régime en moins de deux mois. Au lendemain de l’attaque de l’hôtel Radisson Blu le 20 novembre 2015, les autorités maliennes avaient décrété l’état d’urgence pour une dizaine de jours dans tout le pays.
La mesure a été reconduite il y a quelques jours pour faire face à l’insécurité grandissante à la veille des fêtes de fin d’année. Cette troisième observation de l’état d’urgence, si toutefois la mesure est approuvée par les députés, sera la plus longue, la mesure devant expirer le 31 mars prochain.
Toutefois, en dépit de l’adoption fréquente de la loi, la situation sécuritaire reste précaire avec des attaques sur plusieurs parties du territoire.
L’opposition pense que l’adoption du projet de loi est « conforme à la Constitution », même si elle veut aussi écouter les arguments du gouvernement qui ont motivé cette prorogation de l’état d’urgence. Selon l’opposition, l’état d’urgence est une « mesure exceptionnelle » et le gouvernement doit la faire observer avec « plus de rigueur ».
Mody Ndiaye est député de l’URD, parti de l’opposition. Il a été joint par Sékou Gadjigo.
« Ce qu’il faut dire c’est que c’est une mesure exceptionnelle. Ça montre à suffisance la menace qui plane aujourd’hui sur cette question. Donc il est bon d’écouter le gouvernement dans les débats, qu’il nous donne les informations dont il dispose et qui l’ont amené à aller dans le sens de l’état d’urgence, premièrement. Le second aspect qui est important, c’est qu’avec les dix jours d’état d’urgence décidés par le gouvernement, nous avons pensé qu’il était bon qu’il y ait beaucoup plus de rigueur dans sa mise en œuvre, parce que l’état d’urgence de notre point de vue est pris dans le sens d’assurer la sécurité des populations. Mais quand vous regardez les communiqués qui ont suivi, ces communiqués nous ont paru aller dans le sens d’une banalisation. Que tout est permis, qu’on peut faire tout et ça n’interdit pas un certain nombre de choses, ça ne restreint pas, alors que l’état d’urgence restreint les libertés publiques ».