Cette étrange information a été donnée le samedi dernier lors d’une conférence de presse animée par Abdoulaye Cissé, porte-parole du collectif des importateurs et vendeurs de poulet de chair et de poisson du Mali. C’était au Pavillon du Stade Modibo Keita de Bamako. Le Directeur Général de la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence (DNCC) est accusé d’être un véritable régulateur-acteur.
Un véritable bras de fer oppose des jeunes commerçants au patron de la DNCC (Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence). A l’origine de cette guéguerre, le marché des poulets de chair et de poisson. Il n’est nul besoin de rappeler en effet qu’en ces temps de fêtes de fin d’année au Mali, le business de poulets rapporte gros. Aviculteurs locaux et importateurs se livrent à une concurrence sans merci. Certains hauts cadres et élus du pays ne souhaitent pas rester en marge car la plupart d’entre eux ont des fermes avicoles. C’est le pas le Directeur Général de la DNCC, Modibo Keita, que le collectif des importateurs et vendeurs de poulets de chair et de poisson frais accusent de se livrer à des pratiques contraires à sa fonction de régulateur du marché. De quoi s’agit-il ? Selon le conférencier, le jeudi 24 décembre dernier (jour de Maouloud et férié) les agents de la DNCC ont procédé à des saisies de cartons de viande de poulet importés au niveau de certains marchés de Bamako. Et cela sans ordre de mission, ni mandat. Dans un premier temps, les agents de la DNCC ont fait savoir aux commerçants qu’ils n’étaient pas en règle. Arguments contre arguments, preuve contre preuve, les jeunes commerçants ont montré à la brigade de la DNCC, qu’ils exercent leur importation sur des bases légales et saines. Chose vérifiable auprès des services des douanes et au niveau des services vétérinaires et sanitaires. Dos au mur, les éléments de la DNCC brandissent un autre prétexte. Cette fois, ils diront que l’importation de poulets de chair est interdite au Mali. Autrement dit, un produit prohibé. Ils passeront à la vitesse supérieure. Aidés de la police, les produits seront saisis pour une destination inconnue.
Le hic dans cette affaire mafieuse, les cartons de poulets de chair saisis par la brigade de la DNCC sur les marchés de la rive gauche sont écoulés au niveau des Halles de Bamako. Un huissier a fait le constat pour prouver que les produits sont exposés chez d’autres vendeurs de volaille pour la vente sur ordre du DG de la DNCC. Toute chose qui a révolté les marchands importateurs de poulets et poisson et qui ont dénoncé avec la dernière rigueur cette pratique. Pris au dépourvu, le samedi 26 décembre par voie de presse, le DG Modibo Keita a tenté de se défendre sans convaincre, au moyen d’un ancien arrêté interministériel N°09-1652 MIIC MEF MEP MSPIPC du 08 juin 2009 portant interdiction d’importation de la viande fraîche de volaille. Ce que le DG Keita ignore ou fait semblant d’ignorer, cet arrêté a été abrogé par un arrêté interministériel du 29 juillet 2014 et qui, à son tour, a été abrogé par l’arrêté N°2015-1535 MCI-MEF du 5 juin 2015, fixant la liste des produits prohibés à l’importation et à l’exportation.
Dans cet arrêté, l’importation de la viande de poulet de chair n’est pas interdite au Mali, mais soumises à des conditions notamment l’acquisition d’un certificat sanitaire ou zoo-sanitaire délivré par les services compétents du Ministère de l’Elevage. A cette opération « coup de filet » de la DNCC, les services de l’Elevages et de la pêche ont-ils été associés ? En tout cas, il y a beaucoup de non-dits dans ce business de poulet en cette période de fin d’année. Car en plus d’être régulateur autrement dit « arbitre » des commerçants au Mali, le DG de la DNCC serait un grand producteur militant dans le club des aviculteurs bamakois. Pour un dénouement heureux, ces jeunes commerçants interpellent le président de la République pour sauver des emplois et rendre le poulet accessible à tous les Maliens et à moindre coût. Sinon ce conflit d’intérêt risque de rendre le poulet encore plus cher pour la fête de fin d’année. Dans ce business, certains richissimes hommes d’affaires, hauts cadres de l’administration et élus versés dans l’aviculture sont soupçonnés de tirer les ficelles pour le contrôle du marché de volailles. Une véritable mafia en gestation. A suivre.
A.B.D