A l’occasion du nouvel an 2016, le président de la République s’est adressé à la nation malienne hier soir. Dans son discours, Ibrahim Boubacar Keïta a salué le peuple malien et a réitéré sa confiance en l’avenir du pays.
IBK a fait le point des réalisations faites par le Mali en 2015 avant de faire part de ses ambitions pour la nouvelle année 2016. Le président estime que le Mali suit une trajectoire historique.
Selon IBK, la plus grande victoire de l’année 2015 a été la conclusion de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Le président a salué les forces de l’ordre et de sécurité, ainsi que tous les Maliens pour leur bravoure. Il a aussi rendu hommage à toutes les victimes des attaques dans le pays mais aussi aux disparus de la tragédie de Mina.
Le président a constaté une évolution dans plusieurs domaines, la sécurité, l’agriculture, le secteur minier, l’économie, le foncier et le sport entre autres.
Pour Ibrahim Boubacar Keïta, « depuis son arrivée à la fonction suprême du pays, il y a un peu plus de deux ans, le Mali ne cesse de surprendre ». « Grâce au sacrifice de ses filles et de ses fils, le Mali reprend, avec détermination, sa marche historique pour une quête de prospérité partagée qui profitera à chaque membre de la communauté nationale » a-t-il déclaré.
En 2016, IBK promet que les conditions de vie des Maliens seront améliorées. « Notre volonté commune d’aller de l’avant et d’écrire les plus belles pages de notre histoire est plus forte que jamais » a affirmé le président IBK. « Personne ni rien ne réussira à nous faire dévier de cette trajectoire historique » ajoute-t-il.
Certains observateurs pensent aussi que l’année 2016 pourrait être une année de sortie de crise pour le Mali. Toutefois ils estiment que cela ne sera possible que « si la volonté politique suit les discours ».
Pr. Abdoulaye Niang est analyste et chercheur au centre Senè. Il est joint au téléphone par Idrissa Sako :
« Si on s’en tient à ce qu’il a dit par rapport à notre volonté d’écrire les plus belles pages de notre histoire, et si cette volonté est partagée par lui-même d’abord, également si cette volonté est collective, je pense que 2016 va voir définitivement le Mali sortir de l’ornière ».
La sécurité est l’un des points sur lesquels, le Président s’est appesanti en promettant la dotation en moyens matériels les forces de l’ordre et l’armée de façon générale, est-ce réaliste ?
« Non, cela n’est pas réaliste parce que ce n’est pas fondé sur des règles. Aujourd’hui nous sommes en face d’une évolution de la sécurité sous un système de défense stratégique des nations, et la défense militaire joue un rôle très faible. Et pour ce système de défense stratégique qui inclut en plus de la défense militaire, la défense économique, comment vous pouvez mobiliser une armée pour aller tuer ou faire face à une femme kamikaze dans un marché bondé de personnes pour se faire exploser ».
Dans les milieux politiques, les avis sont divergents sur le bilan 2015 du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Pour la majorité, ce bilan est « positif ». Elle cite entre autres comme acquis, « l’adoption d’une loi de programmation militaire, le retour des bailleurs de fonds et l’octroi de 15% du budget à l’agriculture ». La majorité se dit optimiste quant à la mise œuvre de l’accord de paix d’Alger, malgré les difficultés.
Zoumana N’Tji Doumbia est membre du groupe parlementaire Alliance Pour le Mali (APM). Il est joint au téléphone par Alhousseini Abba Touré :
« 2015 était une année de charnière qui a vu la signature de l’accord de paix, issu du processus d’Alger. Je pense aussi que beaucoup de signaux sont ouverts en 2015. Cela augure quand même de bonnes choses. Donc je pense que le président de la République a eu un bilan assez satisfaisant courant 2015. Je vois aussi que sur le plan économique, beaucoup de choses ont été faites. La confiance retrouvée des bailleurs de fonds, des partenaires techniques et financiers sont aussi des signaux qui ne trompent pas. Je sais que le peuple a beaucoup d’espoir, et je sais que c’est logique. Vous savez, rien ne peut aller sans la sécurité. Je me réjouis d’ailleurs que le gouvernement ait proposé et que l’assemblée ait adopté la loi de programmation et d’orientation militaire. L’économie et tout ce qui s’en suit sont liés à la sécurité. Et aussi l’octroi de 15 % du budget à l’agriculture, ce sont des signes encourageants qui feront que 2016 augure bien ».
Cet avis est loin d’être partagé par l’opposition. Selon elle, la gestion des affaires publiques a été « identique à celle de 2014 » marquée par « la mauvaise gouvernance, la gestion chaotique de l’accord d’Alger ». Selon l’opposition, « les espoirs placés en IBK par l’écrasante majorité des Maliens sont loin d’être comblés ».
Djiguiba Keita est secrétaire général du PARENA, parti de l’opposition. Il est joint au téléphone par Alhousseini Abba Touré :
« Je suis au regret de constater que la gestion 2015 du régime IBK, n’a pas varié par rapport à sa gestion 2014. En effet, l’année 2015 a été comme l’année 2014 émaillée de scandales financiers, de mal gouvernance, de népotisme avéré et j’en passe. Donc, malheureusement, moi je crois que le cap n’a pas changé. En plus, partant de la mauvaise gouvernance, nous avons la gestion chaotique de l’accord d’Alger où l’Etat a totalement capitulé à cause donc de l’aventureuse mission du présomptive Premier ministre Moussa Mara. Le Mali a perdu presque tout le nord, du coup c’est en position d’extrêmes faiblesses que l’Etat malien est allé aux négociations à Alger. Il y est allé tellement en position de faiblesse qu’il s’est totalement donné à l’Algérie pour piloter le dossier à sa place pratiquement. Certainement, les Maliens n’ont pas été comblés parce que IBK les a très dessus ».