Le groupe terroriste du Nord-Mali Ansar Eddine a mis à exécution ses menaces contre ceux qui ont signé et soutiennent l’Accord de paix et de réconciliation nationale, signé en mai et juin 2015, à Alger et Bamako en attaquant, le 24 décembre, une base du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), à Talhandak à l’est de la frontière algéro-malienne. Bilan de l’attaque opérée tôt le matin et revendiquée par le groupe d’Iyad Ag Ghali pourtant ancien allié du MNLA, onze morts alors que la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), coalition regroupant le MNLA et le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) une dissidence d’Ansar Eddine, reconnaît avoir perdu six combattants. Ansar Eddine réitère ses menaces contre les signataires de l’accord et ceux qui le soutiennent qu’il considère comme “des traîtres à la solde de la France” et justifie l’attaque de la base de Talhandak par l’existence de “cellules financées par la France dans le nord du Mali avec pour but de combattre l’Islam et les musulmans”. Et surtout comme une “réplique aux assassinats et actes de terreur menés contre les musulmans dans plusieurs zones du Mali”. L’attaque est inscrite également comme un acte de vengeance d’Ansar Eddine contre le MNLA qui, une semaine avant, avait riposté à une attaque à Ménaka et mis en déroute un groupe d’Iyad Ag Ghali qui y a perdu quatre éléments et trois autres faits prisonniers.
Cette attaque intervient à un moment où l’activité terroriste est marquée par le retour sur le terrain d’Aqmi à travers sa branche Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar qui a revendiqué la majorité des attentats commis au Mali en 2015 et l’apparition de petits groupes comme FLM Macina, qui ont bousculé la réputation du patriarche des Ifoghas. Au-delà de servir de démonstration du maintien de l’influence d’Ag Ghali dans le nord du pays, ces attaques sonnent comme un avertissement à la mise en œuvre des clauses de l’accord de paix qu’il avait d’ailleurs menacé de torpiller dans un message sonore daté d’octobre 2015 dans lequel Ag Ghali a menacé et les groupes rebelles du Nord de représailles pour avoir paraphé l’accord ainsi que la France accusée d’avoir agressé une terre d’Islam et tué des musulmans. L’objectif immédiat est de créer un désordre qui empêcherait la mise en œuvre de l’accord de paix, de gêner les missions de la Minusma notamment l’opération de cantonnement des éléments armés des groupes rebelles dont les chantiers des sites viennent d’être lancés. Une fois cette étape achevée, Minusma, Bamako et les groupes rebelles, avec l’appui de la médiation et des partenaires étrangers, mettront en place les patrouilles mixtes pour sécuriser le Nord pour le lancement du grand chantier de développement, des projets qui tueront symboliquement Ag Ghali et élimineront le terreau de la pauvreté et de la misère qui, jusque-là, ont nourri les rangs d’Ansar Eddine. Mais encore faudra-t-il que la France cesse son jeu trouble sur la question de ce groupe terroriste et d’épargner son leader, Ag Ghali.
D B.