Parler de la situation du Mali qui se résume à quatre éléments fondamentaux : – Insécurité grandissante ; gouvernance tatillonne, cherté de la vie et chômage des jeunes, c’est faire le bilan de la gestion d‘Etat d’un homme dont l’arrivée était censé donner plus d’espoir aux maliens. Mais de nos jours, la désillusion se fait voir au grand jour et la montée de l’adrénaline face aux agissements, voir la présence de la force Barkhane qui représente aux yeux des citoyens, une sorte de tutelle française. Lisez l’analyse de Bokari Dicko.
C’est fort ce que bien de compatriotes qualifient « de fuite en avant » d’IBK et de son équipe, après plus de deux années de gestion d’Etat du Mali qui continue à agoniser (malgré les thérapies de chocs ), que je peux affirmer que le locataire de Koulouba malgré trois cartes qu’il a essayées dont Tatam Ly, Moussa Mara (deux jeunes loups aux dents acérées et longues) et le vieux briscard, Modibo Kéita, comme Premier Ministre de son premier quinquennat, est en passe d’échouer et de perdre la confiance des maliens, de façon trop dangereuse puisque faisant fi des conseils des uns et des autres. Ce qui rappelle son prédécesseur. Si les deux premiers Ministres se sont vite cassés les dents, le troisième quoi qu’on dise, a su éviter au Mali, une guerre aux conséquences graves pour la Nation grâce à son expérience, à sa sagesse et à son sens élevé de sauver le Mali. Mais de nos jours, il fait l’objet de tirs à boulets rouges sur sa gestion à telle enseigne que sa démission est demandée. C’est la consternation et la stupéfaction.
L’accord d’Alger bat de l’aile
Evoquer le règne d’IBK : « L’Homme de parole », en bambara : « Le Kankéléntigi », c’est décrire le ras-le-bol général des maliens dépités et surpris par sa gestion actuelle du Mali qui n’a rien à voir avec ses promesses de campagne dont le slogan fétiche était : « le Mali d’abord ».
Refondation de l’armée
Primo, la confiance des maliens en cet homme était dans un premier temps, est qu’ils pensaient qu’IBK allait faire de la libération de Kidal, son cheval de bataille avec comme cheval de bataille, la refondation des FAMA et leurs rééquipements pour reconquérir Kidal. La désillusion a été totale par la signature d’un accord que votre journal et tous les patriotes avisés avaient dénoncés et fustigés puisqu’impossible d’être appliqué compte tenu de points difficiles. Le constat est que plus de six mois aujourd’hui, cet accord bat de l’aile.
Et pire, les attaques avec leur corollaire de morts, de blessés et de dégâts matériels sont devenues monnaie courantes au vu et au su des forces internationales telles que Barkhane et MINUSMA. L’espoir pouvait être permis si au moins, les groupes armés avaient été démobilisés et leur désarmement débuté. Rien de tout cela à ce jour n’a été entamé. Où sont passés le renforcement de l’armée et la légitimité de l’Etat du Mali avec les attaques des positions de l’armée jusqu’au centre du pays? That’s the question !
Cherté de la vie
Secundo, la cherté de la vie malgré les chiffres mirobolants du département de l’Economie, des Finances et du Budget parlant tantôt de la croissance, tantôt des accords de financements ou de décaissements sans que le panier de la ménagère ne le sente. Au même moment, les salaires stagnent pendant que les caisses de l’Etat sont vidées pour des besoins incessants de voyages ou de missions onéreuses pour le contribuable malien. Pour preuve et de l’avis général des maliens, rarement, el chef de l’Etat séjourne deux semaines de suite au Mali sans qu’il ne voyage pour quels résultats ?
C’est ce qui explique de nos jours, un ras-le-bol général de nos compatriotes qui ne se gênent plus pour accuser le Président IBK, d’avoir manqué à « ses engagements ». Partout où nous nous sommes rendus de Bamako, comme à l’intérieur du pays, le mécontentement se lit sur les visages et dans les propos souvent virulents à l’encontre du régime actuel qui est accusé de tous péchés d’Israël : mauvaise gouvernance, corruption, chômage, insécurité (attentats, attaques des positions de l’armée…). En un mot, la déception est trop grande chez nos compatriotes qui ne comprennent plus la direction que le navire IBK a prise et veut emmener le Mali ?
L’insécurité
Tertio, la question de l’insécurité est devenue le sujet de discussions des maliens qui ont été abasourdi, voir estomaqués par l’attentat du « Radisson BLU » avec son corolaire de morts et de blessés, les attaques de bandits dans al capitale et partout sur le territoire national, les FAMA n’étant pas non plus épargné, la psychose a gagné les rangs et les citoyens en savent plus de quoi demain sera fait malgré les mesures prises pour y faire face?
D’Où cette récurrente question : le Président est-il encore capable de conduire le bateau-Mali à bon port?
Que s’est-il passé depuis qu’il a accédé à Koulouba grâce à une volonté populaire extraordinaire ?
« Les langues se délient et les critiques deviennent de jour en jour, plus acerbes à l’encontre du locataire de Koulouba, visiblement trahi par ceux-là même sur qui il comptait », me confie un connaisseur.
« Gouverner, c’est prévenir », dit-on. De nos jours, les personnes interrogées se demandent si le Chef de l’Etat à l’allure où il évolue à la tète du Mali, avait prévu de tel scénario ?
Si dans l’avant dernier numéro de « JA », le Président IBK affirme n’avoir pas trahi les maliens, de l’avis de bien de compatriotes que nous avons interrogés, pensent tout le contraire. Certains préfèrent ne même par s’exprimer tellement qu’ils sont déçus. « Nous regrettons amèrement aujourd’hui d’avoir voté pour cet homme. Ceux qui n’ont pas voté pour lui, avaient vu juste. Mais il fallait qu’on essaye cette carte. Nous tirons maintenant la leçon», me confie-t-on ça et là.
Un sursaut national s’impose
Ce qui est vrai, c’est qu’au Mali, beaucoup de citoyens regrettent la gestion actuelle du pouvoir et commencent à désespérer de la façon dont le « Kankélentigi » et son équipe gèrent le Mali aujourd’hui. « IBK est exactement comme ATT vers la fin de son second mandat, voir pire », explique un retraité. Un autre renchérit : « IBK, AOK et ATT, même tabac d’une même pipe. Ils ont trahi le Mali. Ils n’ont jamais eu la solution de développer ce pays.
Bien au contraire, ils l’ont détruit à telle enseigne que des acquits ont été anéantis mettant ainsi le Mali dans la situation actuelle d’instabilité et de doute pour l’avenir de milliers, voir des millions de jeunes, qui constituent la relève de demain. En tout cas, pour sauver le bateau Mali, un sursaut national s’impose et le plus rapidement possible», martèle-t-il.
La bénédiction du peuple
Dans ce cas, Monsieur le Président, assumez-vous car, le peuple souffre et beaucoup. D’ailleurs, vous n’avez pas besoin d’hésiter, il n y a rien à craindre car, c’est lui qui vous a élu et aura le dernier mot face à n’importe qui. Le président François Hollande ne l’a-t-il pas martelé au cours d’un discours qu’ils respecteront « la volonté du peuple malien souverain ».
Aux forces vives de la Nation, je les invite à se donner la main pour éviter à notre pays une situation catastrophique qui profile à l’horizon avec un échec cuisant de la mise en œuvre du fameux accord obtenu aux forceps malgré les mises en garde des forces patriotiques en son temps, pour sa mise en application.
Classe politique et une société civile absente
Aujourd’hui, l’impopularité de la classe politique et d’une certaine société civile devenue plus mercantile, saute aux yeux. De l’avis général, il y a vraiment une compassion pour les FAMA qui pour la plupart de nos compatriotes, ont découvert avec stupéfaction, la trahison de cette classe politique dirigeante depuis plus de vingt et quatre années et qui continue sa boulimie du pouvoir sans humilité et compassion pour la misère grandissante de la majorité de maliens.
En clair, après vingt et quatre années d’apprentissage démocratique, les citoyens maliens découvrent une certaine classe politique et une société civile fébriles, presqu’absente et incapables de s’assumer par des projets de développement harmonieux pour le Mali. Mieux, beaucoup de citoyens que nous avons interrogés reconnaissent que sous le régime de l’UDPM, le Mali n’a pas subi une telle humiliation et une gestion des plus chaotiques.
Et pour cause, en ce temps, militairement, le pays de Soundiata Kéïta, de Babemba Traoré, El Hadj Omar Tall, de Firhoun, était craint à cause de son armée, qui était enviée, sa politique de l’éduction et de la santé, pareille. De nos jours, le constat est très amer à telle enseigne qu’il provoque des réactions de condamnation pour dénoncer le bilan de nos « grands démocrates ».
Face à des compatriotes ulcérés par la gestion d’Etat actuelle, la présence de la force Barkhane et de la MINUSMA dont les actions n’arrivent toujours pas à apporter leurs fruits, IBK saura-t-il sortir enfin le grand jeu pour emmener à bon port le navire Mali ?
Attendons de voir en 2016 !
Bokari Dicko