Au cours de l’année 2015, notre pays, malgré un environnement général difficile, a engrangé des résultats flatteurs dans beaucoup de domaines. Parmi ceux-ci, la conclusion de l’accord pour la paix et la réconciliation, la montée en puissance des forces de défense et de sécurité, le retour du pays dans le cercle vertueux des économies à croissance soutenue, la mobilisation des partenaires techniques et financiers, les succès diplomatiques, les remarquables résultats sportifs…
Pour le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta, avec toutes les performances enregistrées pendant l’année qui vient de s’achever, notre pays revient de loin et démontre brillamment à la face du monde sa forte capacité de résilience. Ce mérite nous revient à tous. Notre volonté commune d’aller de l’avant et d’écrire les plus belles pages de notre histoire est plus forte que jamais. Cette volonté de transcender des difficultés structurelles et conjoncturelles a été, de tout temps, le trait de caractère des grandes Nations et des grands peuples.
Rappelant sa forte conviction en l’avenir radieux de notre nation, le président de la République invite chacun à y travailler avec méthode, constance, abnégation et avec foi. Nous vous proposons le texte intégral de l’adresse présidentielle.
« Bismillahi, Rahmani, Rahimi
Mes chers compatriotes,Frères Africains,
Hôtes du Mali,
Permettez que je rende grâce au Tout-Puissant en tout premier lieu. Lui qui dans sa magnanimité et sa miséricorde nous a donné de vivre ces moments ! Qu’Il soit loué Lui qui nous donne chaque année l’occasion de nous souhaiter des vœux de santé et de succès à l’occasion de la nouvelle année !
Au seuil de l’Année 2016, il m’est particulièrement agréable de souhaiter mes vœux les plus chaleureux aux Maliennes et aux Maliens, à nos frères africains, ainsi qu’à tous nos hôtes qui nous font l’honneur de s’établir chez nous, sur cette vieille terre d’hospitalité du Mali.
Il n’échappera à personne que le Nouvel An 2016 arrive au détour d’une semaine sainte marquée par l’accomplissement de la Volonté de notre Créateur, il s’agit de l’heureuse et rarissime coïncidence de la commémoration de la naissance des Prophètes de l’Islam et du Christianisme. A elles-seules, ces deux religions se partagent la presque totalité des fidèles religieux du monde entier et, singulièrement ceux du Mali. Elles cheminent ensemble dans une parfaite harmonie et une convivialité qui font notre force et notre fierté.
Aussi, en cette période de forte dévotion et de ferveur religieuse, me plait-il d’engager chaque musulman, chaque chrétien, bref chaque Malien, à avoir le Mali dans ses prières ; à formuler des vœux ardents pour la paix, la réconciliation et la stabilité ; à œuvrer pour la prospérité, la cohésion sociale et le bonheur de ce grand et vieux pays, à ce trésor que nous avons en partage.
Mes chers compatriotes,
Depuis notre arrivée à la fonction suprême du pays, il y a un peu plus de deux ans, le Mali ne cesse de surprendre. En effet, notre pays dont l’existence même était un temps hypothéquée, émerge progressivement de l’abîme dans lequel il avait été précipité, et fait des bonds prodigieux sur le chemin de la « renaissance ». Grâce au sacrifice de ses filles et de ses fils, le Mali est de nouveau débout ; il reprend, avec détermination, sa marche historique pour une quête de prospérité partagée qui profitera à chaque membre de la communauté nationale.
En seulement deux ans, les performances que nous avons réussies au plan macroéconomique nous valent aujourd’hui une appréciation élogieuse de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux. En outre, la robustesse des investissements structurants que nous avons consentis ainsi que la belle tendance régulière à la croissance de notre économie sont, à n’en pas douter, de réels motifs d’espoir pour les laborieuses populations de notre pays qui ont payé un lourd tribut à la crise.
Mes chers compatriotes,
Dès l’indépendance, notre économie a été structurée autour du secteur agricole pour en constituer le moteur. Des progrès importants y ont été réalisés, jusque-là. Toutefois, les performances de ce secteur restent nettement en deçà de notre espoir collectif, tant les potentialités dont il regorge restent insuffisamment exploitées. Aussi, avons-nous à cœur de transformer qualitativement l’Agriculture à l’effet de nous hisser au rang, toujours envié mais jamais atteint, de « Grenier de l’Afrique de l’Ouest ».
Pour concrétiser cette ambition, j’ai instruit le gouvernement d’affecter plus de 15% de nos ressources budgétaires au secteur agricole, et de prendre toutes initiatives susceptibles d’amorcer le décollage véritable de ce secteur. C’est ainsi qu’il est engagé à fond dans la mise en œuvre du Programme gouvernemental d’aménagement (PGA) qui portera sur 100.000 hectares pour la période 2014-2018.
Dans cette perspective, d’ambitieuses réformes sont en cours qui devraient, à terme, transformer notre agriculture et en faire un secteur pourvoyeur intensif d’emplois et de revenus conséquents, par l’exportation de produits du cru et de produits transformés.
Mes chers compatriotes,
L’année qui s’achève a consacré le retour de notre pays dans le cercle vertueux des économies à croissance soutenue. Il faut s’en réjouir, car nous sommes un de ces pays dit de « post-crise », dont le taux de croissance a été d’au moins 5% en 2015, et pour lequel, tout amène à penser que cette tendance se consolidera en 2016.
En matière de finances publiques, c’est le lieu de se féliciter de l’engagement exceptionnel des partenaires techniques et financiers à nos côtés. En effet, la manifestation la plus éloquente de la générosité de nos partenaires aura été sans conteste, la tenue à Paris, en octobre 2015, de la Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali, sous l’égide de la France et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette rencontre s’est concrétisée par un engagement financier de nos partenaires de l’ordre de 2 120 milliards de Fcfa pour la période 2015-2017, dont 397 milliards de Fcfa, compte tenu des circonstances actuelles, seront alloués exclusivement au développement des régions du Nord.
Pour accompagner le processus de paix en cours, dont la fragilité n’échappe à personne, le gouvernement a mis en place des instruments financiers propres dont le plus emblématique est le Fonds de développement durable des régions du Nord, qui recevra une dotation initiale de 300 milliards de Fcfa. Toutefois, ces ressources ne sont pas extensibles à volonté. Aussi, avons-nous l’ardente obligation de gérer en bon père de famille, ces modestes deniers publics, d’en tirer le plus grand rendement possible et de maximiser recettes fiscales et non fiscales, même si ces dernières ont presque atteint, dès fin octobre 2015, le résultat remarquable de 1 000 milliards de Fcfa.
Ces recettes sont en accroissement constant du fait de la mise en œuvre diligente d’une série de réformes économiques. Celles-ci ont porté, entre autres, sur la modernisation du système d’information de l’administration fiscale et douanière, l’augmentation des taux de certains impôts et taxes, l’accroissement du nombre de contribuables assujettis, l’intensification des contrôles ciblés de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et une forte amélioration de la maîtrise des exonérations due au fichier central créé à cet effet.
Tous les services d’assiette ont contribué, à des degrés divers, à alimenter les finances publiques. C’est le cas par exemple du service des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières dont la contribution a atteint près de 67 milliards de Fcfa sur une prévision de 84 milliards de Fcfa.
Au chapitre de l’industrie et du commerce, autre secteur-clé de notre économie, le gouvernement a pris de nombreuses initiatives à l’effet de conforter la reprise de l’activité économique d’une part, et d’assurer un approvisionnement correct des marchés en produits de première nécessité d’autre part. En la matière, un axe essentiel de la politique gouvernementale aura été de veiller à la stabilité des prix à la consommation qui, globalement, sont restés inférieurs à leurs niveaux de l’année dernière à la même période.
En vue de supporter encore plus vigoureusement ce secteur, le gouvernement a consenti des appuis techniques et financiers conséquents à plusieurs associations et groupements féminins opérant dans le domaine de la transformation des produits locaux comme le karité, la gomme arabique et la mangue. Pour cette dernière, le volume des exportations a atteint 39 000 tonnes en 2015, avec un chiffre d’affaires de près de 23 milliards de Fcfa.
Au plan institutionnel, le gouvernement a adopté la Politique nationale de développement industriel et la Politique nationale de la qualité ainsi que leurs plans d’actions 2015-2017.
En outre, le gouvernement a signé des contrats de performance avec des unités industrielles du secteur textile, et conclu des protocoles d’accord avec la Société chinoise pour l’industrie légère (CLETC) en vue de la réalisation de quatre unités industrielles pour un investissement de 100 milliards de Fcfa. Ces différentes mesures traduisent notre ferme volonté de faire redémarrer et de diversifier notre tissu industriel, qui était forcé à l’arrêt, du fait de la crise multiforme que notre pays a traversée.
Sur la même lancée, le gouvernement a pris une large gamme de mesures incitatives, afin d’attirer encore plus d’investissements privés nationaux et étrangers. De même, nous avons adopté des mesures d’amélioration de l’environnement des affaires dans le but d’encourager une multiplication des partenariats public-privé (PPP).
Ces multiples initiatives ont permis le renforcement de la présence du Mali aux grandes rencontres économiques internationales, qui sont du type du Forum économique mondial de Davos. A cet effet, vous vous rappellerez que le 21 octobre 2015, une Journée du secteur privé du Mali était organisée au siège du MEDEF, le Patronat français, à Paris, journée qui a rencontré un franc succès.
Revenant à la vie de nos régions, il est heureux de constater que progressivement, des antennes du Guichet unique de création d’entreprises se mettent en place. C’est le cas dans les régions de Kayes, Sikasso et Ségou où ils ont pour effet de raccourcir singulièrement les délais des formalités requises et de rapprocher l’administration de ses usagers.
Aussi, afin d’améliorer l’accès au financement des PME-PMI, le gouvernement a-t-il entrepris de donner un nouveau souffle au secteur de la micro-finance. A cet effet, un projet de Politique nationale de développement de la microfinance et son plan d’actions 2016-2020 ont été élaborés. De même, le gouvernement a lancé une étude portant sur la mise en place d’un mécanisme de refinancement durable des systèmes financiers décentralisés (SFD).
Ces multiples initiatives ont permis à notre pays, tel que révélé par le rapport « Doing Business 2016 », de se classer au deuxième rang des pays réformateurs de l’espace UEMOA. Nous entendons consolider ces acquis au cours de l’année nouvelle par l’organisation du Forum « Investir au Mali 2016 » et par la consolidation du cadre institutionnel et juridique nécessaire pour soutenir le développement du partenariat public-privé (PPP). Les accords de PPP pourront constituer dorénavant un levier privilégié, un financement innovant de nos projets d’infrastructures.
Quant au secteur minier, il continue d’être l’un des gros pourvoyeurs de devises de notre économie, en même temps qu’il reste un pourvoyeur non négligeable d’emplois permanents et saisonniers. Malgré la reprise encore timide de l’économie mondiale, le Mali a produit au cours de l’année qui s’achève, 50 tonnes d’or dont 46 tonnes par la production industrielle et 4 tonnes par l’orpaillage.
En 2016, les performances du secteur devraient s’affirmer davantage. En effet, la mine d’or de Koffi-nord, dont la production moyenne annuelle attendue est de 1,8 tonne devrait entrer en exploitation. Celle de Fékola dont les réserves sont estimées à 3,15 millions d’onces d’or entrera aussi en exploitation. Ainsi, les perspectives seront-elles hissées à la hauteur de 100 tonnes d’or métal pour une durée de 12 ans.
Le gouvernement s’est aussi attelé à mieux encadrer l’exercice des activités minières artisanales afin d’améliorer les conditions de travail, les revenus des orpailleurs et leur contribution effective à l’économie nationale. C’est ainsi qu’a été établie une dizaine de couloirs d’orpaillage couvrant plusieurs localités du pays, et que des mesures idoines ont été adoptées pour l’organisation des orpailleurs en coopératives.
Bref, en 2016, le secteur minier devrait connaitre une aube nouvelle supportée par d’une part, les multiples initiatives de réformes institutionnelles, et d’autre part, le renforcement des capacités, grâce à la construction de l’Ecole africaine des mines bénéficiant de l’appui de l’Institution Nelson Mandela.
Mes chers compatriotes
En août, puis en décembre 2015, j’ai eu la joie de parcourir les Régions administratives de Sikasso et de Ségou et me trouver au contact des Maliennes et Maliens du pays profond. Ces périples à travers notre pays ont revêtu la forme d’un véritable pèlerinage, par le retour aux sources et l’opportunité d’une profonde méditation qu’ils ont favorisée. Ils m’ont permis une écoute directe des populations à la base, une perception plus fine de la vie du pays réel et une approche des questions de développement qui sera désormais nourrie et enrichie par mes souvenirs de terrain et des visages accueillants de femmes et d’hommes qui œuvrent dans l’anonymat pour le développement du pays.
Rien ne peut mieux exprimer mes constats que le bonheur que j’ai vécu en serrant des mains à Koumantou, dans le cercle de Bougouni, en engageant un dialogue animé avec les villageois de Mahou, dans le cercle de Yorosso, en sentant de près la joie de vivre des paysans de Mandiakuy, dans le cercle de Tominian. J’ai pu être le témoin du combat des femmes de l’Office du Niger, qui œuvrent à transformer activement leur quotidien et à accroitre admirablement le revenu de leur famille. J’ai pu écouter les complaintes des populations de Bla, qui bien vrai, en avaient gros sur le cœur. J’ai pu partager un repas de corps tant au Camp Tièba de Sikasso qu’au Camp Sheickou Ahmadou de Ségou et vivre la fierté de nos soldats recevant leurs décorations. Chacune des étapes de ces deux tournées m’a apporté plus que ne le ferait la lecture ou l’étude de rapports techniques conduites dans le confort d’un bureau à Koulouba.
Il me tarde de reprendre mon bâton de pèlerin pour me rendre dans les autres contrées de notre pays qui, j’imagine et à juste raison, m’attendent avec impatience, car ayant beaucoup de choses à dire et à montrer. Autant les populations de ces régions ont hâte de me voir, autant je m’impatiente d’aller à elles. Je puis les assurer que très prochainement, un agenda détaillé leur sera communiqué à cet effet.
Mes chers compatriotes
Ces visites ont permis de tâter du bout du doigt que la paix et le développement sont en fait deux faces d’une même médaille. L’une ne pouvant aller sans l’autre. Ces deux concepts couvrent les mêmes réalités.
Le monde d’aujourd’hui nous présente un visage tuméfié par manque de paix, dû à toutes les adversités, toutes les agressions tant naturelles d’humaines, qui l’envahissent. Qu’il s’agisse de l’environnement climatique ou des conséquences d’extrémismes idéologiques de tous bords. Le Mali, quant à lui, les connait toutes ! En effet, durant ces quatre dernières années, toutes ces adversités ont assailli notre pays.
Dans ce combat incessant, notre plus grande victoire aura été, grâce à votre accompagnement à tous, la conclusion de l’Accord désormais historique, pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Cet événement solennel a eu lieu à Bamako par la signature des parties le 15 mai 2015, puis son parachèvement le 20 juin 2015, en présence de plus d’une dizaine de chefs d’Etat africains et de nombreux représentants de pays et d’organisations amis. La mise en œuvre de cet Accord a ses dispositifs propres, et cela fera l’objet de tous les soins de notre part.
Je voudrais d’abord rappeler ce qui constitue le socle de la reconstruction de notre système de défense nationale et de sécurité. Les efforts du gouvernement en la matière ont été soutenus par l’adoption de la Loi d’orientation et de programmation militaire, la LOPM. Les principaux axes de cette loi ont trait à la sécurisation du territoire national, à la dotation de nos forces en équipements suffisants et adéquats, à l’amélioration des conditions de vie et de travail des hommes, au renforcement de la capacité opérationnelle des forces armées, au recrutement et à la formation dans tous les corps, et à la consolidation de la paix et de la réconciliation nationale.
Lors des tentatives de prises d’otages survenus cette année à Sévaré et au Radisson Blu de Bamako, l’opinion publique a pu apprécier quelques unes des facettes de ce renouveau de nos forces de défense et de sécurité. Elles ont admirablement fait montre de préparation, de bravoure, de courage, de professionnalisme et d’abnégation.
Cette montée en puissance de notre système de défense et de sécurité, qui bénéficie de l’appui technique et professionnel des forces amies, nous permettra d’avoir une meilleure gestion des risques et menaces sur toute portion du territoire national, et partant, de circonscrire les effets néfastes du crime organisé et des trafics de tous ordres qui constituent le terreau de développement du terrorisme.
En perspective, dans le cadre de la mise en œuvre accélérée de la décentralisation et de la régionalisation, l’accent sera mis également sur l’instauration d’une dynamique de collaboration entre populations locales et forces de sécurité pour une vigilance accrue, une plus grande anticipation des dangers et une réaction plus efficace, toutes les fois qu’il va falloir relever de nouveaux défis sécuritaires.
Revenant à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, l’on peut constater que le Comité de suivi de l’Accord, le CSA et le Comité transitoire de sécurité, le CTS, principales structures préconisées par l’Accord, ont été effectivement mises en place. Le processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) a également démarré. L’œuvre de réconciliation nationale a pris son envol décisif, avec la mise en place consensuelle et inclusive de la nouvelle Commission Vérité, Justice et Réconciliation, la CVJR. Celle-ci sillonne déjà le pays et ses travaux avancent à un rythme satisfaisant.
En matière de sécurité, l’année 2015 a malheureusement enregistré une série d’attentats, d’attaques armées, de braquages et autres atteintes à l’intégrité physique et morale de nombre de nos concitoyens et d’étrangers, causant d’énormes préjudices corporels et matériels.
Les réponses appropriées ont été nombreuses. Il s’agit notamment de multiples opérations de ratissage, des missions de police judiciaire et des opérations spéciales, de la sécurisation des personnalités et de certains points névralgiques.
La délivrance des documents administratifs a connu une amélioration significative au cours de l’année 2015 avec au 31 octobre, 101 400 passeports et 1 215 508 cartes nationales d’identité délivrés dans des délais en constante réduction.
Mes chers compatriotes
Amis et hôtes du Mali
Cette perspective de la paix nous a permis d’engranger un certain nombre de fruits déjà perceptibles dans la plupart de nos services sociaux de base.
Ainsi en matière d’Education, les actions ont porté, entre autres, sur la construction -le plus souvent, la reconstruction- de huit cent (800) salles de classes pour l’Enseignement fondamental, la dotation, dans le cadre du Projet d’urgence éducation pour tous (PUEPT), de quatre cent soixante-dix-neuf (479) écoles en cantines scolaires, l’ouverture à la rentrée 2015-2016 de 4 Instituts de formation professionnelle (IFP), la construction de nouveaux lycées et la réhabilitation de certains autres à Bamako.
Dans le domaine de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, les réalisations ont porté sur l’amélioration de la gouvernance des institutions d’enseignement supérieur, la poursuite de la réforme du cadre juridique et institutionnel de ce sous-secteur, l’élaboration d’un plan d’actions de développement de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l’élaboration et la validation d’une politique nationale de la Recherche scientifique et de l’Innovation, la création des Missions universitaires de Sikasso, de Gao et de Tombouctou. C’est l’occasion de saluer la Rentrée solennelle des universités, Grandes écoles et Instituts supérieurs à laquelle nous avons participé le 28 décembre dernier.
La population de notre pays est jeune, à plus de 65%. Une chance et un défi ! Les défis de cette jeunesse sont bien connus : l’éducation, la formation professionnelle, l’emploi durable, le chômage, l’immigration et les maladies.
Les évènements vécus ces dernières années par notre pays, ont mis en exergue la nécessité de développer une meilleure citoyenneté. Ainsi, entrent dans ce cadre, les politiques développées en la matière, telles que la Politique nationale de citoyenneté, assortie d’un plan d’actions et la Politique nationale de l’emploi. De même, la mise en œuvre du Programme décennal de développement de la formation professionnelle pour l’emploi sera poursuivie.
Notre objectif de créer 200.000 emplois d’ici la fin du quinquennat reste d’une actualité brûlante. A ce titre, les réalisations majeures, au 31 octobre 2015, sont : la création de 34 062 emplois ; le placement de 5 170 jeunes en stage de formation professionnelle ; la formation de milliers de jeunes dans divers domaines ; ainsi que le financement de projets et la mise en œuvre d’un programme d’urgence au Nord.
Dans le domaine de la Santé et de l’Hygiène publique, en plus des actions courantes de santé, la vigilance permanente et la riposte adéquate restent toujours de mise quant aux maladies telles que le paludisme, le Vih-Sida, la tuberculose et la maladie à virus Ebola. S’agissant de cette dernière, nous saluons la victoire sur elle obtenue par notre pays frère et ami la Guinée qui vient d’être déclarée exempte de cette grave calamité.
Mes chers compatriotes,
L’année qui s’achève n’aura pas été de tout repos pour notre diplomatie. Au regard des spécificités intrinsèques de notre pays et de son statut de pays post-crise, notre outil diplomatique a dû se déployer en quasi permanence partout, là où la protection ou la promotion de nos intérêts nationaux nous le commandaient. Avec professionnalisme et patriotisme, nos diplomates, dans les différents pays et organisations amies, à travers le monde, ont préparé, animé et garanti une présence malienne efficace, respectable et reconnue. Nous avons personnellement pris part aux événements les plus marquants. Je voudrais en cette occasion, leur rendre un vibrant hommage pour cette dédicace gratifiante, et leur dire de continuer à ne ménager ni leur énergie ni leur temps pour concourir efficacement au rayonnement international de notre pays.
La signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale le 15 mai 2015 et son parachèvement le 20 juin 2015, que nous rappelions déjà au début de notre propos, aura été, sans conteste, un très grand et beau moment pour notre vie nationale, pour notre diplomatie.
Celle-ci peut raisonnablement se féliciter des résultats remarquables de la visite d’Etat mémorable que nous avons effectuée en France du 20 au 22 octobre 2015. Elle a été prolongée par la Conférence pour la relance économique et le développement du Mali avec le soutien de la France et de l’OCDE. De mémoire de Maliens, jamais notre pays et ses dirigeants n’auront été autant célébrés auparavant en France, administrant ainsi la preuve de l’estime, de la considération et de l’amitié que la France porte à notre pays.
D’autres rendez-vous internationaux tout aussi majeurs auront permis au Mali de se faire entendre, de défendre ses intérêts nationaux et d’exposer brillamment sa vision des relations internationales. Il s’agit, entre autres, de l’Assemblée générale des Nations Unies ; des sommets de l’Union africaine, de la CEDEAO et de l’UEMOA ; du sommet Afrique-Inde à New-Delhi du 26-29 octobre 2015, de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques -la COP21 à Paris du 30 novembre au 12 décembre 2015 et du sommet Afrique-Chine tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud, au début du mois de décembre 2015. Par ailleurs, nous avons effectué de nombreuses visites de proximité qui ont permis de renforcer les relations bilatérales d’une part, et d’adresser des problématiques sous-régionales et régionales d’autre part.
En droite ligne d’une diplomatie de développement que nous nous appliquons à promouvoir, les initiatives de ce type se poursuivront et s’intensifieront. En outre, nous avons à cœur de renforcer davantage la présence du Mali sur la scène internationale, à travers notamment l’ouverture d’ambassades du Mali au Tchad et auprès des Emirats Arabes Unis et par la transformation du Bureau de coopération économique du Mali au Venezuela en une ambassade du Mali à Caracas. Enfin, des pays amis, avec lesquels nous entretenons des liens stratégiques pour notre sécurité nationale, comme le Niger et le Tchad, ont reçu leur agrément pour ouvrir une ambassade à Bamako.
Mes chers compatriotes,
Notre population est féminine dans sa majorité. Et pourtant, dans la sphère publique, il est fait peu de cas de cette frange importante de notre société ! C’est une injustice à corriger.
Je voudrais saluer ici la bravoure et la détermination de nos chères mamans, épouses et filles, notamment celles vivant en milieu rural. Jusque-là, il ne leur est consacré que de façon passagère, une ou deux journées de l’année. Des textes viennent d’être adoptés, dans le cadre de la promotion de la femme aux fonctions nominatives et électives, pour enclencher un mouvement général de correction de cette injustice. Ils seront supportés par la mise en œuvre du plan d’action 2016-2020 consacrant la promotion de la famille. La femme malienne a mérité cela, elle dont la résilience a été saluée de tous.
Le secteur de l’Energie est l’un de ces autres domaines qui a reçu une attention accrue du gouvernement. En effet, nous avons consacré d’importants efforts en vue d’assurer la couverture des besoins en énergie électrique des populations en renforçant les capacités de production des infrastructures existantes, en faisant la promotion des sources d’énergie renouvelables et en ayant recours aux financements innovants en PPP.
L’année 2015 a également vu l’accroissement de l’accès à l’eau potable pour les populations par un développement du secteur de l’hydraulique. Ainsi, il a été réalisé 1 256 équipements et points d’eau modernes (EPEM) nouveaux touchant en plus du District de Bamako, les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et Tombouctou. Ces actions se poursuivront et s’étendront sur l’ensemble du territoire national.
Mes chers compatriotes,
Si le foncier constitue un épineux problème, sa complexité actuelle est due autant à la forte quête des Maliens pour un logement décent, à la pression démographique très intense exercée sur nos grandes villes, à des formes de tenure des sols et de gestion de l’espace qui sont inadaptées, à la multitude des acteurs non professionnels intervenant dans le secteur, à la faiblesse des instruments juridiques en place, et bien entendu, qu’à la spéculation outrancière favorisée par la conjugaison de ces différents facteurs.
Le gouvernement a entrepris plusieurs actions correctives parmi lesquelles l’adoption d’une Politique nationale de l’habitat. Un vaste programme de constructions de logements sociaux est en cours. Il s’agit de garantir l’amélioration de l’accès à un logement décent au plus grand nombre de ménages, notamment à ceux de revenus modestes. Ainsi, 2 092 bénéficiaires de logements sociaux ont-ils reçu les clés de leur maison. Ces constructions respectent le cadre de vie des populations grâce au système de viabilisation, au respect de l’environnement en place, ainsi qu’à la promotion et à la valorisation des matériaux locaux de construction.
Le Malien est un constant pèlerin tant de l’intérieur que de l’extérieur. Aussi, est-il important de faciliter le commerce entre les villes et de favoriser le développement endogène. C’est dans ce cadre que le réseau routier s’est développé et agrandi et que le programme d’entretien courant des routes est régulièrement assuré. L’acquisition de deux bateaux à faible tirant d’eau par la COMANAV, ainsi que les aménagements de quais fluviaux ont permis d’accroitre les capacités du transport fluvial.
Parallèlement, l’aéroport de Bamako-Sénou, que nous avons baptisé cet après-midi (Ndlr : jeudi 31 décembre) du nom de Modibo Keïta, premier président du Mali indépendant dont nous célébrions le centenaire de la naissance tout au long de l’année qui s’achève, continue sa transformation en une plateforme internationale de plus en plus compétitive, tandis que les aérogares de l’intérieur maintiennent leur exploitation normale. Ces réalisations sont faites en tenant compte des risques habituels inhérents à la circulation, notamment l’insécurité routière. Malheureusement, celle-ci frappe plus lourdement la frange jeune de notre population. Nous devons y apporter des solutions plus radicales.
Mes chers compatriotes
Comme je vous le disais à l’entame de mon intervention, nous sommes un pays de croyants, certes de confessions diverses, mais des croyants dotés fort heureusement, d’une vision commune. Cette vision s’est forgée au cours d’une histoire millénaire, avec une culture de la Nation malienne et des traditions séculaires harmonieusement maintenues. A cet effet, acceptez que je salue le vivre ensemble qui caractérise notre peuple entre adeptes de toutes les religions. Malgré les nombreux facteurs de risques incitant à basculer dans un intégrisme religieux radical, les Maliennes et les Maliens ont su garder leur distance de ces dangers. La clairvoyance et la qualité de nos leaders religieux qui par leurs sermons, qui par l’intensité de leurs prières, nous font bénéficier de la miséricorde divine. Permettez que je m’incline pieusement sur la mémoire des disparus de la tragédie de Mina. C’est l’occasion pour moi de demander de nouveau au gouvernement, de procéder à l’assainissement du secteur et de purger de leur rang les services défaillants impliqués dans l’organisation des pèlerinages religieux. Plus jamais, nous ne devons revivre de tels drames.
Mes chers compatriotes
Les Arts, la Culture et le Sport sont des domaines dans lesquels les grandes nations savent exceller et se mesurer. L’année qui s’achève aura apporté beaucoup de légitime satisfaction et de fierté au Mali dans ces domaines, avec une confirmation du retour de notre pays dans le sport de haut niveau et l’annonce claire d’une ère de renouveau.
Dans le domaine de la Culture, l’année 2015 a été marquée par la commémoration, tout le long de l’année, du centenaire du président Modibo Keïta, premier président du Mali indépendant. Ce centenaire, en même temps qu’il a magnifié un homme, procédait de notre volonté de contribuer à la réconciliation nationale et de rappeler à la mémoire les valeurs qui fondent notre Nation.
Avec le retour progressif de l’accalmie, la plupart des festivals culturels se sont tenus. Mais notre plus grande satisfaction aura été la reconstruction des mausolées de Tombouctou, que des lunatiques et des obscurantistes d’un autre monde, avaient voulu faire disparaître à jamais. Je voudrais ici saluer la Communauté internationale, plus particulièrement l’UNESCO pour son accompagnement de la restauration de nos biens culturels universels.
Sur le plan sportif, 2015 aura été une année faste, une année de fierté nationale et une année annonciatrice de performances inédites. Nous avons encore en mémoire la liesse populaire occasionnée par les performances de nos U-16 garçons à l’Afro-basket, compétitions au cours desquelles nous avons remporté la Médaille d’argent, et connu le sacre de l’équipe nationale sénior dame, qui remportait pour la 1ère fois, la Médaille d’or à l’occasion des 11èmes Jeux africains de Brazzaville 2015.
Que dire de l’expédition glorieuse et héroïque des Aigles à la Coupe d’Afrique des Nations cadette de football que notre pays a remportée pour la première fois ! Et que dire également de cette autre expédition en Nouvelle-Zélande, très loin de notre terre natale, où les Aigles junior furent resplendissants, s’adjugeant la 3ème marche du podium, et plaçant un des leurs, Adama Traoré, comme meilleur joueur du tournoi !
Personne n’oublie cet autre sommet du football mondial au Chili, où nos cadets ont ébloui de tout leur talent, perdant d’une courte tête seulement la finale, mais remportant la Médaille d’argent du tournoi. Deux de nos jeunes, Samuel Diarra et Ali Mallé, y ont été sacrés respectivement meilleur gardien du tournoi et 3ème meilleur joueur mondial de sa catégorie.
En escrime, en handisports, en athlétisme et en taekwondo, le Mali a démontré lors des grandes joutes sportives, qu’il était bel et bien de retour.
Je voudrais, en votre nom à tous et au mien propre, saluer les acteurs de ces performances sportives et leur dire combien nous sommes fiers d’eux.
En revanche, je voudrais lancer un appel pressant à l’ensemble des dirigeants sportifs nationaux, et particulièrement à ceux du football, afin qu’ils se ressaisissent et sachent raison garder. Rien ne peut justifier les querelles intestines en cours qui, si l’on n’y prend garde, pourraient porter un préjudice intolérable à notre sport-roi. Ce qui serait totalement inacceptable !
Mes chers compatriotes,
Notre pays revient de loin et démontre brillamment à la face du monde sa forte capacité de résilience. Ce mérite nous revient à tous. Notre volonté commune d’aller de l’avant et d’écrire les plus belles pages de notre histoire est plus forte que jamais. Cette volonté de transcender des difficultés structurelles et conjoncturelles a été, de tout temps, le trait de caractère des grandes Nations et des grands peuples. Personne, ni rien ne réussira à nous faire dévier de cette trajectoire historique.
Dans mon adresse à la Nation à l’occasion du 55ème anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale, je rappelais ma forte conviction en l’avenir radieux de notre pays, en insistant sur le fait que le meilleur était à venir. Je veux le redire ici encore : le meilleur est effectivement à venir et travaillons-y avec méthode, constance, abnégation et avec foi.
Dieu m’est témoin que dans mon propos, comme dans les actes que je pose, il n’y a nulle place au doute, au futile, à l’accessoire et encore moins à la haine. Je veux être, avec vous et pour vous, l’artisan de l’émergence du Mali de nos rêves. Je veux redonner espoir à cette grande Nation qui rêve d’occuper fièrement sa place, et toute sa place, dans le concert des Nations qui comptent.
Pour le Mali, je veux être ce capitaine de bateau qui tient fermement la barre en faisant fi de tous autres calculs mesquins ou de tous agendas secrets. Pour vous, mes chers compatriotes, il n’est pas de sacrifices qui ne méritent d’être consentis, dussent-ils être ultimes.
Bonne et heureuse année 2016 et qu’Allah bénisse le Mali !
Vive la République !
Vive le Mali ! »