Les Maliens, de nos jours, ont perdu tout repère. Les valeurs sociétales, tout comme les mérites, sont foulés aux pieds, sacrifiés sur l’hôtel des ambitions personnelles. Hier encore, il y avait des références ; il y avait encore des limites infranchissables, des choses qu’on s’interdisait comme le mensonge, la calomnie, etc. Bref, on s’avait où s’arrêter. La Société malienne était si organisée : une société enviable, respectée et respectueuse où il faisait mieux vivre et où chacun occupait sa place dans un respect mutuel. Avant les indépendances et l’introduction des religions par exemple, le Hogon, chef suprême de Dogons, était respecté de tous. Il en était ainsi chez les autres ethnies comme l’Améonokal en milieu Touareg, etc.
Avec l’introduction des religions, de la Gouvernance dite démocratique et moderne, les institutions de la République auraient dû jouir de la même considération. Hélas !, encore hélas !, nous ne respectons rien. Les Maliens font d’ailleurs peur par le manque d’égard pour tout : ni valeur, ni dignité, ni honneur. L’essentiel, pour chacun, consiste à parvenir à ses fins propres et peu importe le chemin ou la manière.
En attestent pour le moins l’acharnement, le lynchage médiatique dont le Premier ministre Modibo KEITA est la victime sans qu’aucun Malien ne lève le petit doigt pour protester.
Un logement social pour sa femme et ses filles ? Quoi de plus normal. Ne sont-elles pas Maliennes ? Un Malien normal, à mon sens, devrait en être profondément ému et en avoir des pincements au cœur que les progénitures d’un responsable par deux fois chef du Gouvernement postulent pour des logements sociaux. Cela prouve, au contraire, que Modibo Keita n’a pas triché avec lui-même encore moins avec l’Etat. Il n’a travaillé que pour son pays toute sa vie, en mission pour son pays et non pour son patrimoine personnel et familial.
Je vais vous faire une révélation : après le dernier Gouvernement de l’époque Alpha Oumar Konaré, sa seule épouse vendait du sable pour venir en appui à son mari retraité jusqu’à sa nomination par le Président IBK.
Je puis témoigner et attester également que Monsieur Modibo Keita ne dispose que d’une seule maison sise au quartier populaire de Kalaban-Coura non loin de l’Hôtel Oumou Sangaré et bâtie sur une surface d’à peine 300 m ². C’est dire que ses filles et sa femme sont autant dans le besoin que les millions de Maliens lambda demandeurs d’un tel prestige. Et, ne voyant rien venir après deux missions de Premier ministre, ses enfants ont pu se dire qu’il ne faut pas laisser leur filer entre les doigts l’occasion d’acquérir un toit. Chez nous, on dit que le défunt ne sait pas ce qui l’attend mais il connait au moins ce qu’il a laissé derrière lui. Seigneur !, quel Malien du reste ne rêve d’un logement pour ses enfants après avoir assumé deux fois de tels postes ? Je suis au demeurant persuadé, comme tous ceux qui connaissent l’homme et sa nature, que le Premier ministre n’était même pas dans le bain des démarches entreprises par des membres de sa famille pour figurer parmi les bénéficiaires de logements sociaux.
Quoi qu’il en soit, le PM Modibo Keïta et sa famille se distinguent par le fait de n’être associés aux comportements qui ont pignon sur rue et qui caractérisent la plupart des détracteurs et pourfendeurs : trafic d’influence, addiction aux rétro-commissions, détournement de deniers publics, etc. Il n’est tout simplement pas de la race de Maliens atteints du genre de nombrilisme et l’a prouvé en donnant plus qu’il n’en a pris ou reçu. Celui qui l’a nommé connait mieux que quiconque la valeur de son plumage et choisira, on l’espère, de voler avec lui pour le bonheur des Maliens qui croient encore en l’avenir de ce pays.
Il est néanmoins regrettable que pour des peccadilles une aussi respectable référence soit l’objet de harcèlements et trainée dans la boue des suspicions malveillamment entretenus, dans un pays où le vacarme des grandes casseroles ne dérange plus personne. Et, n’étaient ce la perte des repères et l’intolérance, nous devrions avoir honte de trimbaler dans les égouts l’honneur d’un Premier ministre par qui la Primature a cessé d’incarner le prestige, l’aisance, l’accaparement, l’ascension sociale, le tremplin politique et «les calculs d’agenda» pour reprendre les propos d’IBK.
Pour ma part, mon attachement au Mali et à vérité m’impose de combattre jusqu’au bout le mensonge, l’injustice et la calomnie. Je ne saurais admettre un seul instant que le Premier ministre Modibo KEITA soit perçu comme un vulgaire tricheur là où il demeure un rare échantillon d’une espèce en voie de disparition : celle qui préfère la disparition à la flétrissure. On peut tout lui reprocher sauf tricher avec le patrimoine commun.