Prévue ce vendredi 18 janvier, la 6ème édition du Festival international au féminin « Les Voix de Bamako » n’aura pas lieu. L’annonce nous a été faite lundi dernier par la directrice de la manifestation qui, à travers cette décision, manifeste sa compassion à nos compatriotes des régions sous occupation.
La mine crispée, la voix grave, c’est une Fantani Touré peu enthousiaste qui est apparue ce lundi 14 janvier devant les journalistes à la faveur d’un point de presse au siège de la Fédération des artistes du Mali (Fédama). Rarement la chanteuse de Bozola (son quartier natal) se présente dans un tel état. Ce jour là, tout jurait avec les moments fous lors de ses prestations sur les podiums des spectacles où, avec son timbre limpide et sa vivacité sur la scène, elle tient son public en haleine.
L’initiatrice du Festival international « Les Voix de Bamako », est donc formelle : « cette année la 6ème édition de l’évènement est annulée ». Fantani Touré explique sa décision par la situation de crise que traverse son pays. Pourtant, il y a quelques jours, tout était mis en œuvre pour tenir, de manière symbolique, la rencontre culturelle en une seule journée (au lieu de trois pour les précédentes éditions) afin de respecter l’agenda culturel. L’artiste de préciser que cette journée devait être placée sous le signe de la paix. « Mais les dernières évolutions au front m’ont fait changer d’avis », explique Fantani Touré, pour qui, la mobilisation est plus que jamais indispensable derrière nos forces de défense et de sécurité. « Le Mali est en ce moment blessé. Ce serait inadmissible de ma part de monter sur scène au moment où les bombardements battent leur plein sur mon sol », a déclaré la directrice du Festival international au féminin « Les Voix de Bamako ».
Originaire du Nord, mais aussi Chevalier de l’Ordre national, l’artiste pense que c’est le moment ou jamais que le pays a besoin de tous ses fils. « Mieux, en organisant cette manifestation culturelle, mes fans ne vont jamais me le tolérer. A la Biennale 2008 de Kayes, j’ai eu le prestige d’être décorée citoyenne d’honneur de la ville de Tombouctou. Aujourd’hui, cette ville est l’une des principales zones sous occupation des envahisseurs. Que vaut ma liberté à Bamako si ceux qui m’ont aidé à me propulser sont privés de leurs droits fondamentaux ? » s’interroge la chanteuse, qui a profité de cette conférence pour exprimer sa reconnaissance au président et au peuple français pour l’initiative d’une intervention militaire au Nord en appui aux forces armées et de sécurité du Mali.
Profitant de l’occasion de cette conférence, la directrice du festival a rendu un vibrant hommage à notre confrère Modibo Konaté. Précédemment secrétaire général de la Fédération des artistes du Mali, il est décédé en octobre dernier. En sa mémoire et pour les efforts qu’il n’a pas ménagés pour la naissance du festival, Fantani Touré a demandé une minute de silence.
Cap sur la 7ème édition
Pour la directrice du festival « Les Voix de Bamako », le cap doit être désormais sur l’organisation de la 7ème édition. La chanteuse qui espère vivement qu’entre temps le Mali retrouvera sa grandeur et sa stabilité d’avant, estime que le festival « Les voix de Bamako » est devenu un projet de développement à consolider.
Premier festival international dédié aux femmes dans la sous-région, « Les Voix de Bamako » s’est imposé au fil des ans comme l’un des évènements culturels les plus importants de notre pays. En organisant avec succès les précédentes éditions, la directrice du festival a franchi une étape importante dans la pérennisation de la manifestation.
Initié par l’Association « Kolonba » (le grand puits), ce Festival au féminin n’est pas seulement que du spectacle vivant, ce sont également des ateliers de formation et des conférences-débats autour des thèmes d’actualité liés à la femme.
« Les Voix de Bamako » est une manifestation artistique et culturelle visant d’une part, à réunir les artistes de tous les pays africains, en particulier ceux du Mali, résidant à Bamako autour de la musique, de l’artisanat, de l’environnement, de la lutte contre l’excision, le sida, le paludisme et la tuberculose en général. D’autre part, il s’agit, à travers cette manifestation, d’aider les jeunes talents à se faire connaître par le truchement d’un concert géant dont le podium est installé sur les berges du fleuve Niger dans l’enceinte du Palais de la culture. Il faut signaler l’aménagement d’un espace jouxtant une Rue Marchande où sont exposés divers produits réalisés par des artisans et des restaurateurs de plusieurs pays. Véritable opportunité d’affaires, d’intégration et d’échange d’expériences entre les participants issus de divers horizons, cette grande manifestation s’inscrit, non seulement dans l’animation de la ville, à travers les belles voix d’ici et d’ailleurs, mais également dans l’information des populations sur les problèmes environnementaux et sanitaires de l’Afrique afin de susciter un changement de comportement.