Réagissant à la partie du discours de nouvel an du chef de l’Etat relative au processus de paix, le porte-parole et chargé de communication du Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA), Almou Ag Mohamed est loin d’être optimiste : “Le retard et l’absence de visibilité d’une réelle volonté politique nous font douter sur les réelles intentions”, a-t-il répondu.
Sur l’épineuse question de la mise en œuvre du processus de paix, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, et certains signataires ne sont pas sur la même longueur d’onde.
La réaction du porte-parole du HCUA à notre sollicitation est la preuve du fossé qui sépare le pouvoir et les groupes armés sur le processus de paix. Au moment où IBK, dans son discours à la nation vante une plus grande victoire, Almou Ag Mohamed estime plutôt que “la signature de l’accord n’est pas une victoire en soi, c’est plutôt l’application”.
Quand le chef de l’Etat déclare que la mise en œuvre de l’Accord a ses dispositifs propres et bénéficiera de tous les soins de sa part, la réponse du porte-parole du HCUA est lapidaire : “Rien n’a été fait concrètement, le retard et l’absence de visibilité d’une réelle volonté politique nous font douter sur les réelles intentions”.
Lorsque le président IBK fait cas de ce qui constitue le socle de la reconstruction de notre système de défense nationale et de sécurité et les efforts du gouvernement en la matière qui ont été soutenus par l’adoption de la Loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM), le ton change du côté du HCUA. “Aucune dotation en armements et équipements ne peut remplacer la paix et l’investissement dans le développement local et principalement dans le Nord du pays”, estime Almou Ag Mohamed.
Populations et forces de sécurité
Si l’accord devait être mise en œuvre, il s’appuiera forcément sur l’accélération de la décentralisation et de la régionalisation. Et IBK plaide en faveur de l’instauration d’une dynamique de collaboration entre populations locales et forces de sécurité.
Sur le sujet, le porte-parole du HCUA fait une remarque : “Il ne faut pas que cela soit traduit par l’organisation de milices populaires qui traquent les paysans et les bergers arabes et touareg qui viennent s’approvisionner dans les villes comme c’est le cas ces jours-ci, car chez les Maliens populations locales riment avec populations sédentaires”.
Techniquement, le président de la République constate des acquis dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, notamment la création du Comité de suivi de l’accord (CSA) et le Comité transitoire de sécurité (CTS). Idem pour le processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) qui a démarré, à en croire IBK.
Des préalables qui fondent, selon le chef de l’Etat, l’œuvre de réconciliation nationale. Et à IBK de saluer la mise en place consensuelle et inclusive de la nouvelle Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR). Ce satisfecit du président de la République est loin de convaincre le porte-parole du HCUA qui soutient au contraire que “le rythme est loin d’être satisfaisant même si des avancées importantes ont été enregistrées ces derniers temps”.
Somme toute, cette réaction qui sonne comme un désaveu du processus que partagent les autres signataires de l’accord, notamment le MNLA et le MAA de la Coordination, sans oublier les groupes de la Plateforme.
A M. C.