« C’est un processus de recolonisation qui est en cours », dénonce l’imam Dicko, s’agissant de la situation sécuritaire du Mali et de la question du Nord. Et c’est quand un président approche son déclin qu’il s’oppose à la célébration du Mawlid » croit déceler Madani Cherif Haidara. Le président du Haut Conseil Islamique s’adressait à l’audience d’une mosquée dans des propos d’une imparable cohérence qui avait pour objectif de dire que sous couvert d’une chasse aux jihadistes (créés par la France, spécifiera t-il) c’est une guerre larvée contre les musulmans qui est lancée. Et, même si sa colère est dûe aux mesures de l’état d’urgence décrétée par l’Etat juste quelques jours avant le Mawlid et au fait que sa cérémonie à lui a été boudée par les membres du gouvernement, le redoutable prêcheur du Banconi prévient que le mouvement musulman peut faire élire qui il veut à la tête du pays.
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Le torchon brûle donc entre le gouvernement et des leaders religieux musulmans qui l’ont jusque-là accompagné. Scènes de ménage somme toute normales et rattrapables entre deux pôles de pouvoir ? Prémisses d’une rupture qui ne pouvait qu’advenir et qui trouve son explication dans le contenu donné par chacun au concept de laïcité ? C’est la première fois en tout cas que deux de nos plus grandes figures religieuses manifestent aussi publiquement leur désaccord par rapport aux réponses apportées par nos gouvernants à la question de l’islam.
Manifestement la tête de Tessougué n’a pas suffi. Pas plus que la dizaine de policiers consentis par l’Etat pour sécuriser un stade du 26 mars bourré comme un œuf à l’appel de Madani Haidara. Quel gâchis ! La courtoisie qui prévalait entre le spirituel et le temporel a été atteinte. Avec elle, les exigences de l’état d’urgence.
Source : Le Républicain