Après la prise de bec entre l’imam Dicko, président du Haut conseil islamique et Daniel Tessougué, procureur de la République, au sujet des attentats de l’hôtel Radisson, on savait que quelque chose allait se passer du côté de Koulouba. D’ailleurs, le long silence du président IBK en disait long sur son dilemme quant à trancher entre l’Etat et l’imam.
Après moult hésitations, et sans doute sur les avis de ses conseillers occultes, également composés d’imams, je suppose, il aura fini par diviser la poire en deux, d’apparence du moins. Il dénonce sur le bout des lèvres les propos tenus par l’imam, tout en se dépêchant, quelques jours après d’organiser un conseil extraordinaire du Conseil supérieur de la magistrature pour limoger sans ménagement le procureur Tessougué. IBK a vendu l’Etat malien aux islamistes. Cela équivaut à une haute trahison.
En choisissant le camp de l’imam Dicko, il vient de franchir le Rubicon qu’aucun de ses prédécesseurs n’avaient osé faire : user des pouvoirs que la Constitution lui octroie en tant que chef de l’Etat pour briser l’un des piliers de l’Etat. A-t-il mesuré les dangers qu’il fait ainsi courir au Mali : guerre de religions, guerre civile, voire interethnique ?
Mais l’histoire le jugera. Quant à nous peuple, nous lui souhaitons la meilleure santé possible pour l’attendre, de pieds fermes, au tournant des futures échéances électorales. Comme nous tenons absolument à notre démocratie. Mais d’ores et déjà, qu’il sache que ce ne sont pas les imams qui l’ont élu à la tête du Mali, que ce ne sont même pas les seuls musulmans du Mali qui l’ont élu à la tête de l’Etat malien, mais bien le peuple malien, dans sa diversité religieuse, culturelle, ethnique, linguistique. Qu’il sache donc que nous tenons, comme à la prunelle de nos yeux, à ces valeurs fondamentales, garantes de notre liberté, de notre unité et de notre sécurité.
Quant à l’imam Dicko, qu’il sache qu’on se souvient des propos qu’il a tenus au stade Modibo Kéita, suppliant "frère Iyad, frère Ançar Eddine !". Alors que ce dernier et sa horde de barbares ramassés dans les caniveaux de quatre coins du monde, après avoir froidement assassiné des dizaines de jeunes Maliens désarmés, s’adonnaient à des atrocités sur la population civile : lapidations, amputations, liquidations.
Quant à l’imam Dicko lui-même, rien ne devrait étonner les Maliens de sa part, même ses liens avec les terroristes. D’autant plus que le même imam, au stade Modibo Kéita, en 2011, suppliait presqu’en larmes, devant les caméras de la télévision nationale "son frère Iyad, frère Ançar Eddine…"
Alors que le même Iyad Ag Ghaly, à la tête de sa horde de barbares ramassés dans les caniveaux, aux quatre coins du monde, avait fait froidement égorger des dizaines jeunes Maliens désarmés, toutes ethnies et toutes confessions confondues, Aguelhok, et qu’à Gao, Tombouctou et ailleurs, ses sbires lapidaient, amputaient et massacraient les populations civiles maliennes.
On se souvient également que pendant cette terrible occupation, il était le leader religieux malien à pouvoir leur rendre visite, en toute sécurité, à ces Gogs et Magogs qui dévastaient notre pays. Si tout cela n’est pas pire que faire l’apologie du terrorisme. L’imam Dicko mesure-t-il les conséquences de la manipulation de la foule, du peuple ? Sait-il que le comportement de ses semblables, ont coûté à ce pays plus de 250 000 morts et la fuite des milieux de cerveaux ?
Peut-on prétendre aimer son pays et en même temps l’entraîner dans une telle voie ? Son islam à lui est-il incompatible avec l’amour du prochain, de son pays ?
Ousmane Diarra