« Je veux être l’artisan de l’émergence du Mali ; je veux redonner espoir à cette grande nation ; je veux être ce capitaine de bateau qui tient fermement la barre », ne doivent pas être des vœux pieux de la part du président de la République au seuil de la nouvelle année. Il doit démentir ses détracteurs cette fois-ci.
Comme il est de coutume qu’au seuil d’une nouvelle année, les dirigeants du monde présentent leurs vœux à leur peuple, le nôtre, Ibrahim Boubacar Kéita, s’en est sacrifié le jeudi 31 décembre 2015.
A l’instar de son magnifique costume bleu, le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, a magnifié les résultats obtenus au cours de l’année 2015 avant de promettre le meilleur pour l’avenir. Promesse présidentielle, promesse du ‘’Kankélétigui’’, son surnom en Bambara.
Et tout doit être fait pour aider le président de la République à réaliser ce « le meilleur est à venir ».
Ah oui ! Parce qu’il faut que la situation change, voire radicalement. Et pour cause, lorsque pendant la campagne présidentielle, vous promettez 200 000 emplois pendant le quinquennat et qu’à mi-mandat, vous êtes encore à 34 062, il y a lieu de revoir la cadence de la machine. Parce qu’à ce rythme, on risque de ne même pas atteindre la barre des 100 000 emplois. Il y a donc de quoi galvaniser les ardeurs de Mahamane Baby, le ministre chasseur d’emplois. IBK n’a pas droit à l’échec sur ce plan car, c’est la préoccupation essentielle de la jeunesse, laquelle constitue, selon lui-même, plus de 65% des Maliens. En France, François Hollande a carrément conditionné sa candidature pour un second mandat à la baisse de la courbe du chômage. Et ce ne sont pas les acrobaties qui manquent au président français pour arriver à cette fin.
Mais il n’y a pas que ça dans un pays post-crise où tout est urgent. Il y a aussi l’outil de défense qu’il faut revoir. Le chef de l’Etat se satisfait du ‘’professionnalisme’’ de ses forces de défense et de sécurité certes, mais l’arbre ne peut pas cacher la forêt ! Un effort a été fait, mais notre outil de défense est toujours malade et IBK le sait bien. Pendant la campagne présidentielle de 2013, il a promis de redorer le blason de l’armée malienne, mais reconnaissons-le, on a encore du chemin à faire. Les pertes en vies humaines enregistrées par nos forces de défense et de sécurité pendant ce mi-mandat d’BK sont largement supérieures à celles connues du début de la crise à sa prise de fonction. Si, si si.
Peut-être dira-t-il qu’il a pris le commandement suprême d’une armée qui avait forcément le prix du sang à payer, mais « envoyer des militaires au front sans protection, sans équipement, c’est les envoyer à la boucherie », comme lui-même l’a dit lors de sa tournée à Ségou. Or, d’équipements de notre armée, le président ne nous parle que de tenues (chaque militaire a maintenant trois tenues). Encore que dans cette histoire d’équipements militaires, il y a des faces pestilentielles ! Souhaitons comme lui que la Loi d’orientation et de programmation militaire soit une panacée.
Au jour d’aujourd’hui, la seule certitude conquise par le président de la République, reste la restauration de l’autorité de l’Etat sur la partie sud du territoire. Il faut bien le préciser : la partie sud puisqu’on en est encore loin pour le Nord. On est certes loin de la Transition avec le bateau agité par le fait de plusieurs capitaines à bord, mais, on est encore loin du Mali de nos rêves ! Et il est bon que le président IBK en soit conscient.
« Je veux être, avec vous et pour vous, l’artisan de l’émergence du Mali de nos rêves. Je veux redonner espoir à cette grande Nation qui rêve d’occuper fièrement sa place, et toute sa place, dans le concert des Nations qui comptent. Pour le Mali, je veux être ce capitaine de bateau qui tient fermement la barre en faisant fi de tous autres calculs mesquins ou de tous agendas secrets. Pour vous, mes chers compatriotes, il n’est pas de sacrifices qui ne méritent d’être consentis, dussent-ils être ultimes », a-t-il promis à l’orée de 2016.
Il faut donc aider l’artisan, le capitaine, à donner espoir à son peuple qui en a fortement besoin. Quelqu’un a écrit de par le passé : « Que vaut encore la parole du président IBK ? ». Ces genres de doute ne doivent pas convenir à un ‘’Kankélétigui’’.
Sans rancune
A.V. S. D.