En froid, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) agissent chacun en solo et tentent de se repositionner dans le processus de paix. Pourtant, ils forment la même entité, c’est-à-dire la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) signataire de l’accord pour la paix et la réconciliation.
Bien que constituant la Coordination des mouvements de l’Azawad, le MNLA, dirigé par Bilal Ag Achérif, et le HCUA d’Alghebass Ag Intallah ne soufflent plus dans la même trompette.
Les deux groupes armés de l’ex-rébellion à dominance touareg se méfient l’un de l’autre. La défection des chefs militaires du MNLA dans la région de Tombouctou et l’attaque d’une base du groupe entre Kidal et Gao sont symptomatiques de l’accélération de la crise qui perdure depuis un moment au sein de la CMA.
C’est dans ce contexte que l’arbitre, qu’est le MAA dans cette guéguerre, tente de ramener le calme sans succès. Et le voyage de leader du MNLA, Bilal Ag Acherif, dans certaines bases n’a pas pu amener les deux mouvements à enfouir les rancœurs. Pour des cadres du HCUA de l’ancien député Alghebass Ag Intallah, le MNLA est trop versé dans la propagande et manque d’hommes valables sur le terrain.
En plus, les cadres du HCUA ne comprennent pas la volonté des responsables du MNLA de vouloir décider toujours seuls. Conséquence : la méfiance entre les deux groupes armés s’est installée, car au moment où le MNLA a choisi Nina WalletIntallou comme commissaire à la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR), le HCUA n’avait pas donné son quitus.
Pis, lors de l’attaque dont a été victime une base du MNLA dans la région de Kidal, le HUCA s’est gardé d’engager une riposte contre ses auteurs qui sont des éléments d’Ançar Eddine d’Iyad Ag Ghaly. Auparavant, le MNLA avait accusé le HCUA de vouloir débaucher ses cadres et de créer le trouble dans ses rangs.
Interrogé sur les rivalités qui commencent à prendre corps au sein de la CMA, un porte-parole du HCUA a confirmé l’arrivée d’un certain nombre de chefs militaires et d’hommes dans ses effectifs.
Pour sa part, un porte-parole du MNLA qui nous avons contacté a préféré parler d’un malentendu interne qui a causé le départ d’un des chefs militaires de son mouvement dans le secteur de Tombouctou. Avant de préciser que même si c’est le cas, cela n’empêchera pas les deux mouvements de former un état-major unique dans les jours à venir.
Cependant, ce qui est constant ces derniers temps dans les rapports entre le MNLA et le HCUA, c’est que chaque groupe agit en solitaire sur des questions qui, pourtant, exigent une concertation de l’ensemble des acteurs de la Coordination.
A. M. C.