Dans beaucoup de pays africains, le manque de professionnalisme, la corruption et autres qualificatifs les plus dégradants des agents des forces de l’ordre et de sécurité sont connus de tous. D’ailleurs, au Mali c’est le corps qui occupe le premier rang en matière de la corruption, selon un sondage récent. Monsieur Etienne n’a pas échappé aux bourreaux de la population malienne qui ne ratent aucune occasion pour afficher leur amateurisme.
Les faits :
Monsieur Etienne, de nationalité burkinabé, qui tient un café au village Can fréquentait une fille âgée de 19 ans. De cette fréquentation résultera une grossesse que l’auteur a reconnue aussitôt. D’ailleurs, les deux envisageaient un mariage très prochain. Compte tenu des moyens limités, il fallait un peu de temps à Etienne et à sa dulcinée afin de légaliser l’union. Mais Etienne n’a pas compté sur les velléités meurtrières de sa prétendue fiancée et quelques membres de sa famille. Ceux-ci s’affairaient à couler le fœtus. Cette sale tentative entraînera beaucoup de dépenses à Etienne qui ne savait rien du plan qui était en train d’être orchestré derrière lui.
Heureusement que le fœtus a opposé une fin de non-recevoir aux criminels. Le comble est atteint quand la semaine surpassée un appel anonyme invitera Etienne à le rencontrer à un coin. Sans perdre le temps, il s’est dirigé vers l’endroit. Quelle ne fut pas sa surprise de voir sa fiancée avec deux corps habillés qui lui notifieront son arrestation. C’est arrivé au poste de police qu’il s’est rendu compte qu’il était en état d’arrestation. Encore une fois quelques éléments de la police venaient de donner raison à ceux qui les accusent d’incompétence notoire.
Tout l’interrogatoire tournait autour de “pourquoi tu as mis la fille enceinte”. Nos chers policiers avaient ignoré que toute fréquentation où le sexe est en jeu finit souvent par une grossesse. Toutes les tentatives de l’accusé des faire comprendre à ses bourreaux sa détermination à prendre soin de l’enfant et de sa mère ont été vaines.
Les parents de la fille réclamaient 15 000 F CFA au monsieur pour envoyer cette dernière au village, car ils estimaient que le monsieur pourra un jour abandonner la femme et son enfant. Et c’est cette version que nos juges autoproclamés ont retenue. Incapable de payer cette somme, il passera 20 jours entre les mains de ses ravisseurs.
Durant ce temps, le café est resté toujours non fermé, car il croyait y retourner aussitôt. Mais c’est sans compter sur la loyauté des ravisseurs qui n’attendaient que l’argent. Etienne devra son salut au commissaire qui l’a remarqué et a demandé à ses éléments le forfait commis. Après leur explication, il a ordonné sa libération sans condition.
Cette affaire presque banale a retenu l’attention des jeunes : quel tort a fallu cette humiliation à ce jeune homme ? Faut-il désormais fuir sa responsabilité en cas d’un “accident” dans le jargon juvénile ? Ou bien former nos forces de l’ordre en leur enseignant les notions élémentaires en matière de droit ?
Yaou Kawélé