L’année qui vient de s’achever aura été laborieuse pour le Président IBK. Ce fut à la fois une année remplie de belles réalisations et entachée, ça et là, par des coups portés à la stabilité du Mali. En effet, les performances économiques réalisées par le Mali en ont surpris plus d’un, en raison de sa situation post crise. Cette embellie devrait se poursuivre en 2016 pour notre pays, qui attend une croissance forte grâce aux immenses investissements inscrits dans le budget pour la nouvelle année.
L’embellie économique du Mali
Dans son discours à la Nation à l’occasion du Nouvel an, le Président IBK a indiqué que le Mali ne cesse de surprendre depuis son accession au pouvoir. En effet, selon lui, notre pays, dont l’existence même était un temps hypothéquée, émerge progressivement de l’abîme dans lequel il avait été précipité, et fait des bonds prodigieux sur le chemin de la «renaissance».
«Grâce au sacrifice de ses filles et de ses fils, le Mali est de nouveau debout, il reprend, avec détermination, sa marche historique pour une quête de prospérité partagée qui profitera à chaque membre de la communauté nationale», a-t-il déclaré.
A en croire le Président de la République, les performances que le Mali a réussies au plan macroéconomique lui valent aujourd’hui une appréciation élogieuse de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux. A titre d’illustration, il a relevé la robustesse des investissements structurants que son équipe a consentis, ainsi que la belle tendance régulière à la croissance de notre économie.
En outre, il a rappelé que, dès l’indépendance, notre économie a été structurée autour du secteur agricole pour en constituer le moteur. Il a reconnu que des progrès importants y ont été réalisés jusque-là. Toutefois, a-t-il regretté, les performances de ce secteur restent nettement en deçà de notre espoir collectif, tant les potentialités dont il regorge restent insuffisamment exploitées.
C’est pourquoi il a affirmé qu’il avait à cœur de transformer qualitativement l’agriculture, à l’effet «de nous hisser au rang, toujours envié mais jamais atteint, de «Grenier de l’Afrique de l’Ouest». Ainsi, pour concrétiser cette ambition présidentielle, il a instruit le Gouvernement d’affecter plus de 15% de nos ressources budgétaires au secteur agricole et de prendre toutes les initiatives susceptibles d’amorcer le décollage véritable de ce secteur.
Il est également engagé à fond dans la mise en œuvre du Programme Gouvernemental d’Aménagement (PGA), qui portera sur 100.000 hectares pour la période 2014 – 2018. Dans cette perspective, d’ambitieuses réformes sont en cours, qui devraient, à terme, transformer notre agriculture et en faire un secteur pourvoyeur intensif d’emplois et de revenus conséquents, par l’exportation de produits du cru et de produits transformés.
Le Président de la République a aussi rendu hommage et félicité l’engagement exceptionnel des Partenaires Techniques et Financiers à nos côtés. En effet, selon lui, la manifestation la plus éloquente de la générosité de nos partenaires aura été, sans conteste, la tenue à Paris, en octobre 2015, de la Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali, sous l’égide de la France et de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE).
Cette rencontre s’est concrétisée par un engagement financier de nos partenaires de l’ordre de 2 120 milliards de FCFA pour la période 2015 – 2017, dont 397 milliards de FCFA, compte tenu des circonstances actuelles, seront alloués exclusivement au développement des Régions du Nord.
300 milliards pour appuyer la réconciliation
Pour accompagner le processus de paix en cours, le Président IBK a annoncé que le Gouvernement avait mis en place des instruments financiers propres, dont le plus emblématique est le Fonds de développement durable des régions du Nord, qui recevra une dotation initiale de 300 milliards de FCFA.
Il a rappelé l’ardente obligation de gérer, en bon père de famille, ces modestes deniers publics, d’en tirer le plus grand rendement possible et de maximiser recettes fiscales et non fiscales. Celles-ci ont presque atteint, dès fin octobre 2015, le résultat remarquable de 1 000 milliards de FCFA. Ces recettes sont en accroissement constant, du fait de la mise en œuvre diligente d’une série de réformes économiques.
Celles-ci ont porté, entre autres, sur la modernisation du système d’information de l’administration fiscale et douanière, l’augmentation des taux de certains impôts et taxes, l’accroissement du nombre de contribuables assujettis, l’intensification des contrôles ciblés de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) et une forte amélioration de la maîtrise des exonérations, due au fichier central créé à cet effet.
Au chapitre de l’industrie et du commerce, le Gouvernement a signé des contrats de performance avec des unités industrielles du secteur textile et conclu des protocoles d’accord avec la Société Chinoise pour l’Industrie Légère (CLETC), en vue de la réalisation de quatre unités industrielles, pour un investissement de 100 milliards de F CFA.
Ces différentes mesures traduisent la ferme volonté présidentielle de faire redémarrer et de diversifier notre tissu industriel, qui était forcé à l’arrêt du fait de la crise multiforme que notre pays a traversée.
Sur la même lancée, le Président a annoncé que le Gouvernement avait pris une large gamme de mesures incitatives, afin d’attirer encore plus d’investissements privés nationaux et étrangers.
Des résultats tangibles
Selon IBK, ces multiples initiatives ont permis à notre pays, tel que révélé par le rapport «Doing Business 2016», de se classer au 2ème rang des pays réformateurs de l’espace UEMOA. Le régime entend consolider ces acquis au cours de l’année nouvelle, par l’organisation du Forum «Investir au Mali 2016» et par la consolidation du cadre institutionnel et juridique nécessaire pour soutenir le développement du Partenariat Public – Privé (PPP). Dans ce sens, les accords de PPP pourront constituer dorénavant un levier privilégié pour un financement innovant de nos projets d’infrastructures.
Quant au secteur minier, le Président de la République a indiqué qu’il continuait d’être l’un des gros pourvoyeurs de devises de notre économie, en même temps qu’il reste un pourvoyeur non négligeable d’emplois permanents et saisonniers. A en croire le chef de l’Etat, malgré la reprise encore timide de l’économie mondiale, le Mali a produit, au cours de l’année qui s’achève, 50 tonnes d’or, dont 46 par la production industrielle et 4 par l’orpaillage.
En 2016, les performances du secteur devraient s’affirmer davantage, avec le début de l’exploitation de la mine d’or de Koffi-nord, dont la production moyenne annuelle attendue est de 1,8 tonne et de celle de Fékola, dont les réserves sont estimées à 3,15 millions d’onces d’or, qui entrera aussi en exploitation. Ainsi, les perspectives seront-elles hissées à la hauteur de 100 tonnes d’or métal pour une durée de 12 ans.
S’agissant de l’orpaillage, le Gouvernement s’est aussi attelé à mieux encadrer l’exercice des activités minières artisanales, afin d’améliorer les conditions de travail, les revenus des orpailleurs et leur contribution effective à l’économie nationale.
Dans ce sens, le Président IBK a noté l’établissement d’une dizaine de couloirs d’orpaillage, couvrant plusieurs localités du pays, et la prise de mesures idoines pour organiser des orpailleurs en coopératives. Ce qui augure d’une aube nouvelle pour le secteur en 2016.
Le souvenir des visites de terrain
Dans son discours à la Nation, le locataire de Koulouba a évoqué les souvenirs de ses tournées dans les régions de Sikasso et Ségou, en août et en décembre 2015. Selon lui, ces périples à travers notre pays ont revêtu la forme d’un véritable pèlerinage, par le retour aux sources et l’opportunité d’une profonde méditation qu’ils ont favorisée.
«Ils m’ont permis une écoute directe des populations à la base, une perception plus fine de la vie du pays réel et une approche des questions de développement qui sera désormais nourrie et enrichie par mes souvenirs de terrain et des visages accueillants de femmes et d’hommes qui œuvrent dans l’anonymat pour le développement du pays.
Rien ne peut mieux exprimer mes constats que le bonheur que j’ai vécu en serrant des mains à Koumantou, dans le cercle de Bougouni, en engageant un dialogue animé avec les villageois de Mahou, dans le cercle de Yorosso, en sentant de près la joie de vivre des paysans de Mandiakuy, dans le cercle de Tominian.
J’ai pu être le témoin du combat des femmes de l’Office du Niger, qui œuvrent à transformer activement leur quotidien et à accroitre admirablement le revenu de leur famille. J’ai pu écouter les complaintes des populations de Bla, qui, bien vrai, en avaient gros sur le cœur.
J’ai pu partager un repas de corps, tant au Camp Tièba de Sikasso qu’au Camp Sheickou Ahmadou de Ségou, et vivre la fierté de nos soldats recevant leurs décorations», a déclaré le chef de l’Etat. Avant d’ajouter qu’il avait hâte de reprendre son bâton de pèlerin pour se rendre dans les autres contrées de notre pays, qui l’attendent avec impatience.
IBK loue la montée en puissance de l’armée malienne
Evoquant les efforts de reconstruction de notre système de défense nationale et de sécurité, il a rappelé l’adoption de la loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM). Les principaux axes de cette loi ont trait à la sécurisation du territoire national, à la dotation de nos forces en équipements suffisants et adéquats, à l’amélioration des conditions de vie et de travail des hommes, au renforcement de la capacité opérationnelle des forces armées, au recrutement et à la formation dans tous les corps et à la consolidation de la paix et de la réconciliation nationale.
IBK s’est réjoui de la montée en puissance de nos forces de défense et de sécurité. En effet, lors des tentatives de prises d’otages survenus cette année à Sévaré et au Radisson Blu de Bamako, le chef de l’Etat a salué les prouesses réalisées par nos forces spéciales. Signe du renouveau de nos forces de défense et de sécurité et des efforts que le pouvoir déploie en leur faveur.
C’est pourquoi, elles ont fait montre de préparation, de bravoure, de courage, de professionnalisme et d’abnégation lors de ces différentes attaques. Selon le Président de la République, cette montée en puissance de notre système de défense et de sécurité, avec l’appui technique et professionnel des forces amies, «permettra au Mali d’avoir une meilleure gestion des risques et menaces sur toute portion du territoire national, et, partant, de circonscrire les effets néfastes du crime organisé et des trafics de tous ordres, qui constituent le terreau de développement du terrorisme».
Il a notamment rappelé les multiples opérations de ratissage, les missions de police judiciaire et les opérations spéciales, ainsi que la sécurisation des personnalités et de certains points névralgiques.
Venant à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, IBK a salué la mise en place des structures préconisées par le document, à savoir le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) et le Comité Transitoire de Sécurité, (CTS).
Il a précisé que le processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) avait également démarré. Ce qui lui a fait dire que l’œuvre de réconciliation nationale a pris son envol décisif, avec la mise en place consensuelle et inclusive de la nouvelle Commission Vérité, Justice et Réconciliation, la CVJR.
Le chef de l’Etat n’a pas oublié son objectif de créer 200 000 emplois d’ici la fin de son quinquennat. A ce titre, il a rappelé les réalisations majeures au 31 octobre 2015, qui sont la création de 34 062 emplois, le placement de 5 170 jeunes en stage de formation professionnelle, la formation de milliers de jeunes dans divers domaines, ainsi que le financement de projets et la mise en œuvre d’un programme d’urgence au Nord.
Les défis qui attendent le Président de la République en 2016 sont le processus de réconciliation nationale entamé et le redéploiement de l’armée et de l’administration dans les régions du nord. Pour ce faire, le régime devra réussir le DDR de nos nombreux ex rebelles. Ce qui constitue une tâche ardue et complexe.
Autre défi, et non le moindre, le déplacement du chef de l’Etat dans les régions du nord, notamment à Kidal, pour manifester au plus haut niveau le soutien de l’Etat du Mali à ses populations, qui longtemps vécu sous occupation.
Synthèse de Youssouf Diallo