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Mise en oeuvre de l’accord de paix: Ban Ki-Moon en appelle à la ferme volonté des parties
Publié le jeudi 7 janvier 2016  |  Le Prétoire
Ban
© Autre presse par DR
Ban Ki-moon, Secrétaire Général de l`ONU




Dans le rapport qu’il a publié, il y a quelques jours, sur le processus de sortie de crise au Mali, le Secrétaire général des Nations Unies met l’accent sur le rôle des parties signataires de l’Accord dans la réussite du processus de paix et de réconciliation.
Ledit rapport trimestriel couvre la période allant du 23 septembre au 16 décembre 2015. D’une vingtaine de pages, le document traite des faits politiques, du développement économique et du sauvetage du patrimoine culturel, des situations sécuritaire et institutionnelle ainsi que celle des droits de l’homme, entre autres.
Faiblesse des structures administratives et déploiement limité des forces de défense
Sur le plan sécuritaire, le patron de l’ONU note avec satisfaction le respect du cessez-le-feu au cours de la période concernée. Toutefois, fait-il remarquer, l’intensification des activités des groupes extrémistes et terroristes a été particulièrement notable dans la région de Mopti. Ce, parce que les extrémistes ont profité de la faiblesse des structures administratives et d’un déploiement limité des forces de défense et de sécurité maliennes dans la région.
En effet, les problèmes de sécurité sont d’autant plus persistants, de l’avis de Ban Ki-Moon, que le nombre des représentants de l’État assumant leurs fonctions sur leurs lieux d’affectation dans le Nord du Mali n’a que peu progressé depuis son dernier rapport, il y a trois mois. «Si 7 des 8 préfets sont présents sur leur lieu d’affectation dans la région de Mopti, le nombre de Sous-préfets présents dans la région a diminué, passant de 43 à 38, principalement en raison de l’insécurité grandissante. Toutefois, les Sous-préfets qui se sont réinstallés à Mopti continuent d’organiser régulièrement des missions dans leurs divers lieux d’affectation, dans toute la région. La présence d’agents de l’administration judiciaire et pénitentiaire est demeurée relativement constante, avec 7 tribunaux sur 12 et 7 établissements pénitentiaires sur 12 qui fonctionnent dans les trois régions du nord. Dans la région de Mopti, les agents de l’administration judiciaire s’occupant des localités de Ténenkou et de Youwarou ont été transférés dans la zone de Mopti/Sévaré».
Selon le patron onusien, dans la région de Tombouctou, l’État a affermi sa représentation au cours du mois de novembre, le Sous-préfet de Tonka, dans le cercle de Goundam, ayant repris ses fonctions. Il n’a toutefois pas été possible au cours de la période considérée d’établir dans les régions du nord les administrations provisoires prévues à l’article 6 et à l’annexe I de l’Accord de paix.
Un élan régional contre le terrorisme
Au sujet de la lutte contre le terrorisme, le rapport salue des progrès considérables accomplis dans l’élaboration d’initiatives régionales visant à s’attaquer de façon globale aux problèmes qui se posent dans le Sahel : le terrorisme, la criminalité organisée, le trafic de drogue et la traite d’êtres humains. Il rappelle ainsi la quatrième Plateforme ministérielle de coordination pour le Sahel, tenue à Bamako les 4 et 5 novembre 2015. Les participants de cette rencontre ayant décidé de mieux coordonner et harmoniser les mesures et décisions prises dans le cadre de la Plateforme ministérielle, du Processus de Nouakchott, piloté par l’Union africaine et relatif au renforcement de la coopération en matière de sécurité et à l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne et d’autres mécanismes régionaux. S’y ajoute la signature, le 4 novembre à Ouagadougou, d’un accord de partenariat militaire par les chefs d’état-major des forces armées des pays du G-5 Sahel, c’est-à-dire le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Lequel accord définit les modalités de la coopération des forces armées de ces pays.
L’insécurité plombe les actions humanitaires
Le rapport note par ailleurs que sur la période considérée, l’insécurité a continué de nuire à l’accès et aux activités des organismes humanitaires, entravant le retour des déplacés et des réfugiés et provoquant de nouveaux déplacements dans le nord du pays. «Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a recensé 15 incidents ayant retardé ou suspendu temporairement les activités humanitaires dans les régions de Gao et de Mopti. Environ 80 % de ces incidents, en particulier les faits de piraterie routière, se sont produits dans la région de Gao, notamment dans le cercle de Ménaka», souligne le document.
Aussi, 288 établissements scolaires n’ont-ils pas rouvert leurs portes dans 59 communes dans les régions de Gao et de Kidal, la région de l’Ouest de Tombouctou, «4 districts de la région de Mopti et 1 district de la région de Ségou».
Selon le Secrétaire général de l’ONU, le retard intervenu dans l’application des mesures administratives exceptionnelles prévues par l’accord de paix a entravé la reprise des services de base, notamment de l’école, dans la région de Kidal. En effet, seuls 15 des 62 écoles primaires et collèges ont rouvert leurs portes le 19 octobre pour la première fois en trois ans à la suite de l’action menée par le Gouvernement et la Coordination avec le concours de l’Unicef. Au 16 décembre, retient le rapport, 52 enseignants bénévoles et 5 professeurs rémunérés enseignaient 3 300 enfants dans 15 écoles de la région de Kidal. Dans les régions de Gao, Mopti et Tombouctou, le Programme alimentaire mondial a fourni des repas scolaires à 142 800 enfants de 782 écoles primaires et des rations alimentaires à emporter à 64 198 filles dans le but de les inciter à aller à l’école.
En octobre et début novembre, près de 4 000 réfugiés maliens fuyant l’insécurité dans le nord-est du Mali sont arrivés au Niger. A la mi-décembre, il y avait près de 62 000 déplacés au Mali et environ 137 000 réfugiés maliens au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger.
Persistance des conflits intercommunautaires
Sur le plan de la protection des civils, les actes de banditisme armé constituent, à en croire le rapport, la plus grande menace, et plus de 75 % des incidents de ce type se produisent dans les régions de Gao et de Tombouctou. Ces actes semblent être pour la plupart des vols à motif économique. «Il est difficile de réduire les taux élevés de criminalité et d’identifier et d’arrêter les agresseurs en raison de la présence limitée des forces de défense et de sécurité maliennes dans les régions concernées, qui sont par ailleurs très étendues», souligne le document.
Face à cette situation, la force de la Minusma a, rappelle-t-il, adopté une attitude fondée sur la fermeté et la visibilité en augmentant la fréquence des patrouilles de longue distance dans toutes les régions du nord et en utilisant plus fréquemment ses moyens aériens pour surveiller les zones reculées et prévenir les actes de violence. Ainsi, la police de la Minusma a effectué plus de 1 600 patrouilles en collaboration avec la police malienne, soit une augmentation de 29 % par rapport au nombre de patrouilles effectuées pendant la période précédente.
Par ailleurs, les conflits intercommunautaires persistent, en particulier dans la région de Gao. Ainsi, au moins six affrontements violents ont opposé les membres de deux communautés touaregs, les Daoussaks (en grande partie partisans de la Coordination) et les Imghads (essentiellement pro-Plateforme), ainsi que les communautés Daoussak et Foulani dans la zone située entre Ansongo et Ménaka, dans la région de Gao.
Toutefois, Ban Ki-Moon note avec espoir le dialogue organisé, le 30 octobre 2015, par la Coordination et la Plateforme à Inouellene, dans la région de Gao. A cette rencontre, environ 300 personnes auraient participé à cette manifestation, parmi lesquelles d’éminentes figures des deux communautés et des responsables locaux.
Rôle accru des parties signataires dans la mise en œuvre de l’Accord
Dans ses observations, le Secrétaire général de l’ONU a appelé les parties signataires à redoubler d’efforts dans le cadre de la mise en œuvre l’Accord de paix, en particulier les réformes institutionnelles qui sous-tendent l’application de toutes les autres dispositions du texte, tout en veillant à ce que le processus soit inclusif, transparent et soutenu. «Au bout du compte, c’est aux signataires qu’il appartient d’assurer la réussite de l’accord de paix. Sans la ferme volonté des parties maliennes et de ceux qu’elles représentent de progresser dans la mise en œuvre de toutes les dispositions de l’accord de paix de façon parallèle et synchrone, le soutien de la communauté internationale n’aura qu’une incidence limitée», soutient-il.
Selon lui, les parties doivent veiller à tenir des consultations larges et inclusives avec l’ensemble des intéressés (notamment les signataires, la société civile, les femmes et les jeunes) pour renforcer la reprise en main de son destin par le peuple malien. Ce faisant, les priorités et les besoins de développement non seulement des trois régions du nord mais également tous les Maliens doivent être pris en compte.
Aussi, estime-t-il que les progrès politiques accomplis dans le cadre du processus de paix doivent se traduire d’urgence par une amélioration tangible des conditions de sécurité pour le peuple malien. «J’encourage toutes les parties à avancer dans la mise en œuvre des mesures de défense et de sécurité prévues par l’accord de paix et à accélérer les efforts déployés par la Commission technique de sécurité et le Mécanisme opérationnel de coordination dans le domaine du cantonnement et du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration, notamment la mise en place durable des patrouilles mixtes», encourage Ban Ki-Moon.
La réforme du secteur de la sécurité est, dit-il, une autre priorité à mettre en œuvre, «car il ne peut y avoir cantonnement, désarmement, démobilisation et réintégration sans une stratégie globale de réforme dans ce domaine». Partant, il a exhorté le Gouvernement à mettre en place dans les meilleurs délais les commissions nationales de désarmement, démobilisation et réintégration et d’intégration, tout en assurant la représentativité du processus notamment en remaniant le Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité. Si le redéploiement progressif des forces de défense et de sécurité maliennes suppose que les parties se coordonnent davantage, l’initiative prise par le Gouvernement malien pour faire face aux menaces terroristes qui pèsent sur les régions de Mopti et de Ségou constitue, aux yeux du diplomate onusien, une heureuse évolution.
Synthèse par Bakary SOGODOGO

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