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Développement rural au Mali: Les paysans trahis par L’APCAM et le CNOP !
Publié le jeudi 7 janvier 2016  |  Le Canard de la Venise
Cinquieme
© aBamako.com par AS
Cinquieme journée de concertation nationale du Président de la République
Samedi 4 aout 2012. Bamako. Domicile du Président de la Republique. Arrivee des representants de lAssemblee Permanente des Chambres dAgriculture du Mali (APCAM)




Toutes ces organisations ont été mises en place à la suite des concertations sur les grandes questions de la Nation avec le Général président Moussa Traoré en 1987 ou suite à la révolution populaire de 1991. Elles sont toutes récupérées par les fonctionnaires de l’Etat à la retraite ou des paysans de « dimanche ». Il y en a des multitudes d’organisation paysannes au Mali et dans toutes les filières agricoles, animales et autres, mais quelle est réellement leur rapport et apports aux vrais paysans du village ?
Ce que je vais vous dire n’est pas du politiquement correct envers les paysans du Mali ou d’Afrique.
L’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM) a pour rôle principal de servir juste d’interface avec l’Etat du Mali, elle est juste consultée. Elle est donc à caractère consulaire et professionnel mettant en œuvre souvent des projets morts nés car élaborés par le soutien des cadres desquels elle doit s’affranchir pour avoir son salut un jour. L’APCAM, comme beaucoup d’organisations paysannes en Afrique et d’ailleurs sont vite récupérées par les politiciens ; même pas par les vrais politiques capables de transformer leurs aspirations en projets concrets. Où sont les impacts de l’APCAM, qui possède une autonomie financière, sur la sécurité alimentaire au Mali ? C’est un système comme d’autres systèmes copiés sinon mal copiés du système français. Encore, dans les villages, les gens meurent de soif par manque d’eau potable. Ils meurent de faim en produisant la nourriture pour les villes, leurs enfants meurent de malnutritions car ne pouvant consommer de la viande, du lait et de l’huile même du beurre de karité, Ils ont été endettés par le système bancaire à qui ils doivent jusqu’ à leurs petits fils, les aménagements agricoles dans la zone office ou ailleurs sont occupés par des fonctionnaires de l’Etat qui sont devenus des vendeurs de riz à Bamako, etc. L’acquisition des intrants comme l’engrais chimique synthétique, « frelatés » ou pas sont sur le marché au vue et au su de l’APCAM. La dépendance de l’APCAM à l’Etat ne lui permet pas de défendre les paysans de façon efficace. Elle reste sous-tutelle du ministère en charge de l’Agriculture et ne peut rien faire pour défendre les paysans sauf en criant comme des corbeaux flatteurs devant un renard avec son fromage.
Ce qui est encore plus grave et qui entrave le bon fonctionnement de l’APCAM au profit des paysans, c’est que tous les leaders ou presque la majorité sont devenus des politiciens. Bien sûr, ils ont le droit d’adhérer à des partis politiques, mais d’œuvrer pour la récupération politique des paysans sur des simples promesses de campagnes électorales semble être une complicité grave d’atteinte à la dignité du paysan nourricier. Vraiment l’APCAM n’est plus adaptée pour défendre en tout cas le paysan de mon village qui ne retient rien sur les apports de cette structure inventée encore par les « intellectuels » et transférées au paysan éveillé qu’il appelle innovateurs et non récalcitrants dans l’adoption des technologies ou des semences importées créant une dépendance de nos pays vis-à-vis des multinationales et de l’agrobusiness.
L’APCAM, si elle veut être plus utile et légitime, doit faire sa mue en se transformant en une véritable organisation paysanne capable de démontrer aux gouvernants que le pays appartient aux paysans car plus nombreux et plus « pauvres », mais nourrissent le pays.
Quant à la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP), beaucoup d’espoir a été fondé sur elle en vue de coordonner les actions du monde paysan. Mais hélas ! Elle vient de décevoir en acceptant sinon en obligeant l’Etat malien de la reconnaître comme organisation d’utilité publique. Pourquoi nous pensons qu’il faut être esclave du plus fort pour progresser ? Peut-être nous sommes coloniser par les imaginaires et atteints d’habitus et donc incapables de s’affranchir par le droit des peuples ? Ou voulons-nous la facilité ? Pourquoi la CNOP qui a pour rôle principal le lobbying et le plaidoyer face à l’Etat et aux autres se fait déclarer dépendante de l’Etat en cherchant à avoir des subsides de celui-ci qui proviennent des taxes et impôts de cette même population ? Qui a encore voulu nous ramener en arrière ? Oui ce sont les crises économiques et mêmes sécuritaires au Mali qui ont appauvri les caisses et les poches, donc chercher le peu de l’Etat même s’il faut vendre son âme au diable. C’est vraiment une solution pour continuer à servir le maître penseur. Oui c’est à travers la CNOP que les accaparements des terres au Mali connaissent un bon dénouement au profit du paysan ; c’est grâce à elle que les organismes génétiquement modifiés sont moins visibles au Mali aux dépens de la riche biodiversité. Pourquoi alors mettre en cause ces capacités et résultats ? Non, on peut dire que la déclaration d’utilité publique n’empêche pas le plaidoyer. Mais recevoir c’est se faire esclave et donner c’est faire des esclaves, on ne peut mordre la main qui donne à manger sauf si vous avez la main de Dieu pour vous seuls. Je ne sais pas comment ils ont accepté cette situation mais mieux vaut souffrir pour s’affranchir que de chercher à s’affranchir par la pitié et rester des complexés éternels.
C’est aussi la voie d’une récupération politicienne, car pour le moment les grands électeurs sont dans le monde paysan et parmi les leaders de ces types d’organisation manipulables à coût de tracteurs, d’engrais, ….. Ah oui les subventions agricoles pour booster la production et la productivité agricole ! Paradigme faux ! Dans la mesure où pour le moment les subventions à la production n’ont jamais amélioré ces indicateurs. Au contraire, on continue à produire moins de 4T/ha de riz à l’office du Niger avec maîtrise totale alors que son homologue paysan malaisien en produit plus de 10T/ha dans les conditions les plus difficiles.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire. La CNOP peut se ressaisir sinon il y aura encore d’autres CNOP pour chercher à contourner cette dernière qui n’arrivera jamais à aider les paysans malgré son engagement qualifié de profond.

SDF
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