Certains débutent leurs allocutions par la récitation de versets coraniques, d’autres font un travail de fond sur le puissant lobby religieux musulman pour cueillir les fruits au moment opportun. Le président IBK est du premier lot et Moussa Mara éphémère premier ministre comme tous les premiers ministres du président IBK est un adepte régulier du second lot.
En politique il y a la fin et les moyens. Les premiers justifient les seconds. Quand on vise le sommet de la colline de Koulouba on fait tomber beaucoup de petites pierres sur son chemin. Certains sont faits exprès d’autres inconsciemment.
Moussa MARA ne cache pas ses intentions présidentielles. En même temps, le but ultime d’une formation politique est d’arriver un jour au pouvoir, celui d’un homme politique est d’être président. Pour y parvenir il faut constamment draguer le peuple en se mettant en conformité avec la majorité. Qui parle de conformisme parle de concession et souvent de compromission. Moussa MARA court à travers le Mali et hors du Mali. Il répond à toutes les sollicitations. Certaines paraissent ridicules mais on ne peut pas reprocher à un politique d’être disponible. D’autres paraissent abusives. Ceci dit, qui détient le baromètre pour juger les limites à franchir et de ce qui est abusif ?
Le pouvoir grandissant des religieux au Mali est sans équivoque. Les têtes pensantes de cette mouvance religieuse ne cachent les signes de cette puissance. Chaque fois qu’ils le peuvent ils font des démonstrations de force. A ce jour, hors période électorale, ils sont les seuls à pouvoir remplir les stades de Bamako avec les artistes chanteurs. Les priorités au Mali y trouvent un sérieux indicateur. Cette capacité de rassembler qu’a le lobby religieux s’est constituée progressivement depuis des décennies. Ils ont su s’adapter aux moyens de communication à travers les temps. Ils ont amassé des fortunes et bâtis des patrimoines qui rendraient jaloux tous ceux qui intègrent la politique pour son caractère multiplicateur de billets. Les religieux possèdent tout ce dont rêve un politique. Ils ont le peuple qu’ils guident comme des moutons avec la fortune amassée grâce à l’aide de la foi.
Le président est jusque là celui qui à su profiter du malentendu politico-religieux. Il faut dire que les faiseurs de roi religieux ont eu foi en IBK. Aujourd’hui l’homme politique qui travaille le plus pour s’attirer la sympathie de ce puissant lobby est Moussa MARA. Il ne manque aucune occasion pour montrer le copinage qui les lie. Etant premier ministre il a permis la célébration de la rupture du jeûne du mois de Ramadan et la prière de Hichã dans la cour de la primature. Depuis qu’il a été remercié à la primature, il n’a de cesse répondu aux invitations à des ruptures de jeûne dans nombreuses mosquées. Il a rencontré ce qui se fait de mieux dans la représentation religieuse musulmane au Mali. Toutes ces rencontres auraient pu rester secrètes si Mara le souhaitait. Il a volontairement voulu que cela se sache au point de s’attirer la foudre des extrémistes de la laïcité au Mali. Très actif sur les réseaux sociaux, toutes ces activités sont rendues publiques sur sa page officielle Facebook et sur son compte Twitter. En 2015, il a fait le petit pèlerinage à la terre sainte et tout le monde l’a su. En effet, Mara communique sur ses rapports avec la religion musulmane et ses leaders de sorte à ce que les esprits comprennent qu’il est leur protégé. Lorsqu’il était premier ministre, il a accordé une interview aux médias confessionnels de Bamako. Il avait rassuré ces journalistes venus avec des questions basiques de Monsieur « tout le monde ».
Il a maintes fois salué la décision qui a créé le ministère du culte avec tout ce que cela pouvait constituer comme inquiétudes dans un état laïc ou les amalgames et le mélange des genres sont légion.
Depuis le coup d’état militaire qui a redistribué les cartes politiques au Mali, Mara s’est illustré dans l’entretien et la culture de ses liens avec le monde religieux musulman. Jusque là l’ancien maire s’était contenté d’emprunter les sentiers créés avant lui. Il utilisait les pistes que tous les autres ont empruntées avant lui.
Il y aura un avant 6 Janvier 2016 et un après 6 Janvier 2016. En effet, Mara a animé une conférence ce jour dans une mosquée sur le thème : « le rôle de la mairie dans le développement local ». Présentée ainsi il n’y a rien bien de grave sauf qu’il s’agit d’un précédent qui pourrait engendrer d’autres et ainsi transformer les mosquées maliennes en lieux de show politique. Toute action publique d’un homme politique est une campagne de séduction. Par cet acte, Mara vient de franchir les voies du seigneur or la bible dit que les voies du seigneur sont impénétrables. Le thème de la conférence n’avait rien de religieux or la mosquée est exclusivement réservée aux activités religieuses tout comme une maison close est réservée aux actes sexuels tarifés.
Il ne s’agit pas ici de faire la morale ou de réprimer. Il convient d’attirer l’attention sur les dérives que cette pratique pourrait développer si elle est suivie par d’autres. La politique et le religieux n’ont jamais fait bon ménage. La planète entière est embrasée par ce mélange. En occident les politiques utilisent l’antithèse de la religion pour se faire élire et réélire tout en divisant les peuples. Au Moyen Orient, au Maghreb et dans certains pays subsahariens, la religion est la culture et le mode de vie. Le Mali est une espèce d’hybride de tout cela où la situation se dégrade de jour en jour. Face aux grands défis sociétaux, l’état à démissionné depuis les premiers jours de l’air dit démocratique. Les dirigeants d’aujourd’hui étant ceux d’hier, ils n’ont rien à proposer. Le vide demeurant a été comblé par la puissance religieuse au point que les responsables politiques eux-mêmes font allégeance aux religieux. Ousmane Cherif Haidara, Mahamoud DICKO, le Cherif de Niono etc… tutoient les présidents et premiers ministres. Ils imposent des cadres à des postes et font souffler le chaud et le froid aux dirigeants. Fallait il rajouter à ce déclin d’avantage immiscions de la parole politique dans la mosquée?
Mara sait plus que quiconque ce qu’il fait et les résultats qu’il attend lui dictent certainement cette conduite. Il connaît le poids de ses choix. En bon expert comptable, il est forcément cartésien. La clé de voûte de la comptabilité est le principe de la partie double (Emploi =Ressources). Il sait que pour accéder à la fonction suprême il faut se faire cautionner par ceux qui détiennent les boutons de la pensée unique au Mali. Il drague les musulmans, flirte avec les responsables religieux et affiche les symboles ostentatoires. Cela peut payer pour la conquête du pouvoir mais peut coûter cher dans la gestion au quotidien. IBK est bien placé pour partager son expérience. Comptable qu’il est, Mara sait qu’il devra rendre à la virgule près tout ce que ce lobby lui apportera si un jour il se fait appeler par « excellence monsieur le président de la république du Mali ».
La clarté n’a jamais été une vertu politique. Les politiques ont une longueur d’avance sur le commun des mortels. C’est leur métier d’avoir cette qualité mais ils ne peuvent s’empêcher d’agir à contresens. Ils ont laissé les religieux prendre le pouvoir. Ils sont contraints de négocier le partage de ce pouvoir à présent. Moussa MARA s’illustre bien dans ce sens.
Nous saurons en 2018 si les choix des uns et des autres paieront. D’ici là arrêtez de vous informer, renseignez vous tout simplement.
Elijah de BLA