Depuis juin 2015 où des indemnités de logement ont été officiellement accordées aux hommes en armes, conformément à la Loi d’orientation et de programmation militaire pour les années 2015-2019, celles destinées aux gendarmes tardent curieusement à être perçues leurs bénéficiaires. Ce qui fait « sentir » une certaine odeur de magouille et de malversation au sein de la hiérarchie. Que se passe-t-il vraiment ? Certains officiers supérieurs de la gendarmerie malienne se seraient-ils livrés à des actes malhonnêtes ou est-ce une mauvaise volonté ?
En effet, nul n’est sans savoir combien souffrent socialement les porteurs d’uniforme dans un pays quasiment devenu un véritable sanctuaire pour mafiosos. Au cours des dernières décennies de gouvernance politique et militaire jusqu’à l’ère Ibrahim Boubacar Kéita, non seulement, nos forces de défense et de sécurité ont toujours été mal équipées pour assurer valablement leur mission régalienne, mais ont également vécu dans les conditions sociales des plus exécrables.
Avec l’avènement du régime IBK, les hommes en tenue avaient semblé trouver une lueur d’espoir à travers l’adoption de la Loi d’orientation et de programmation militaire initiée par le gouvernement. Parmi les dispositions prévues par cette loi, figurent des indemnités de logement s’élevant, précisément, à un taux de 20 000 à 50 000 F CFA à compter du 1er juillet 2015 et de 40 000 à 100 000 F CFA au 1er juillet 2017.
Mais jusqu’à ce jour, cette attribution tarde à être finalisée au sein de certaines corporations, surtout la gendarmerie nationale. D’où la révolte et l’indignation de certains sous-officiers à travers le pays, notamment ceux de Manantali, Bafoulabé, Markala, Tombouctou, etc. La hiérarchie essaye-t-elle de jouer à un jeu dangereux ? Jusqu’où continuera-t-elle à priver ces pauvres agents, de leurs droits, des primes qu’ils n’ont point cessé de réclamer pour une amélioration plus conséquente de leurs conditions sociales ?
Le conseil des ministres du mercredi 17 juin 2015, est pourtant très clair sur ledit décret. Il est ainsi libellé : « Au titre du ministère de la Défense et des Anciens combattants, le conseil des ministres a adopté un projet de décret fixant les taux mensuels de l’indemnité compensatrice de logement (ICL) au profit des militaires. L’octroi d’une indemnité compensatrice au profit du personnel militaire des forces armées, s’inscrit dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des militaires conformément aux objectifs visés par la loi n°2015-008 du 5 mars 2015 portant Loi d’orientation et de programmation militaire pour les années 2015-2019. L’indemnité compensatrice de logement est accordée aux militaires en activité, tous grades confondus, ne bénéficiant pas de logement de l’Etat. Elle est attribuée à tous les militaires, à un taux allant de 20 000 à 50 000 F CFA à compter du 1er juillet 2015 et de 40 000 à 100 000 F CFA au 1er juillet 2017. L’ICL est individuelle et est liée à la solde. Ainsi, elle est retirée en cas de perte de droit à la solde ». Comment peut-on comprendre que plus de six mois après l’annonce du décret, lesdites indemnités puissent encore avoir du mal à être versées à l’ensemble des ayants-droit jusqu’à ce que des sous-officiers, sérieusement remplis d’amertume, soient sur le point d’appeler à un mouvement de colère ?
Injustice
Si plusieurs unités de sécurité ont, bien longtemps, pu en finir avec cette attribution, comment expliquer que des corps, notamment, l’armée et la gendarmerie, ne soient, à ce jour, pas parvenues à régulariser la situation de leurs agents ? Le gouvernement de Modibo Kéita serait-il en train d’encourager cet état de fait ? Le ministre Tieman Hubert serait-il de mèche avec les hauts responsables de sécurité, à l’origine d’un tel forfait ?
Car, en vérité, nous avons mené des investigations presque partout où cela était possible afin de débusquer d’éventuelles sources de blocage ou non-paiement de ces indemnités aux agents restant profondément mécontents de ce curieux retard, particulièrement des éléments de la gendarmerie, mais en vain ! Les services de renseignement de Bamako et l’Intendance ne fournissent guère de réponse satisfaisante. Qui est donc derrière cette magouille, cette brimade ?
Il est franchement temps que de telles magouilles ou manifestations de mauvaise volonté prennent fin au sein de la hiérarchie militaire comme cela n’avait cessé d’être encouragé par les régimes Alpha et ATT. Les sous-officiers en ont ras-le-bol et demande justice. Que tous les agents de sécurité et de défense soient mis dans leurs droits sans exclusive. Car, l’état de fragilité de notre système de sécurité nationale n’autorise nullement IBK ou son gouvernement à tenter quoi que ce soit de maladroit, susceptible de mettre en péril, la difficile stabilité pour laquelle le peuple s’est battu sans répit.
Nous y reviendrons !
Dougoufana Kéita
Source : La Sirène