Le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, a présenté les vœux de son parti à la presse, le jeudi 7 janvier 2016 à l’hôtel Massaley sise à l’ACI 2000, et par ricochet à toute la nation malienne. L’occasion a été saisie par l’ancien ministre des affaires étrangères du Mali pour fustiger la gestion chaotique du pays au cours des 28 derniers mois. De la corruption à l’impunité en passant par l’insécurité, bref, aucun domaine n’a été occulté par l’opposant Tiébilé Dramé. Dans sa déclaration liminaire, Tiébilé Dramé a invité le président de la République à prendre la mesure de la gravité de la situation du pays et engager des concertations nationales sur la restauration de la paix et de la sécurité. En outre, il a souhaité une révision de la Constitution en tirant les leçons de la crise et en tenant compte de l'Accord d'Alger. Face aux maux qui minent le pays, l’opposant Dramé déclare: « Nous ne voulons pas que le Mali soit spectateur, mais acteur de son destin ».
Plusieurs personnalités ont pris part à cette cérémonie de présentation des vœux. Parmi elles, les anciens ministres, Me Amidou Diabaté, Djiguiba Keïta (PPR), le diplomate Moussa Makan Camara et un parterre de journalistes.
«C'est avec un réel plaisir que je vous présente, au nom du PARENA, nos meilleurs vœux de bonne et heureuse année 2016. A travers vous, nos vœux s'adressent à vos rédactions, à vos familles et au peuple malien tout entier, à nos compatriotes très nombreux qui, malgré les difficultés et les souffrances refusent de courber l'échine, se battent et ce faisant, entretiennent une lueur de l'espérance en un autre Mali, un Mali de dignité et de paix. A ceux qui vivent dans l'angoisse du quotidien, qui ont du mal à joindre les deux bouts, qui ne prennent plus les trois repas par jour, aux victimes et laissés pour compte de la mauvaise gouvernance, A ceux qui vivent dans leur chair les conséquences de la crise, ceux qui souffrent de l'insécurité, des attentats terroristes, à ceux qui triment dans les camps de réfugiés, à nos compatriotes de la diaspora, à ceux de l'intérieur, nous formons des vœux de bonheur, de paix et de stabilité », c’est par ces mots que le président du Parena, Tiébilé Dramé a commencé sa déclaration. Avant d’ajouter que l'année 2015 fut difficile pour notre peuple et notre pays.
Pour preuve, dit-il, dans le domaine de la sécurité et de la stabilité, plus de 400 personnes ont été tuées au Mali pendant les douze derniers mois. « Sur les 400 victimes de la crise, plus de 200 ont perdu la vie après la signature de l'Accord. L'instabilité s'est propagée. Elle confine à l'anarchie dans certaines zones. Les témoignages concordent: à 10 kms de Tombouctou, il n'y a plus d'État, au delà d'Almoustarat, il n'y a plus de Mali. Les routes ne sont plus sûres dans plusieurs régions. La multiplication des actions terroristes ou de banditisme donnent le frisson. Le processus de paix est enlisé, faute de vision et du fait de l'immobilisme du gouvernement. L'amateurisme, les tâtonnements et les improvisations ont fini par exaspérer les signataires maliens et étrangers de l'Accord. La faiblesse de l'État, l'absence de stratégie et la recrudescence des activités des groupes jihadistes font peser de sérieuses menaces sur le Mali », a souligné Tiébilé Dramé.
Sur le plan de la gouvernance, l’opposant Dramé a indiqué que les 28 derniers mois ont été émaillés par des affaires qui ne sont pas honorables pour un pays qui sort du gouffre et qui a bénéficié d'une exceptionnelle solidarité de l'Afrique et du reste du monde. « Des conditions d'acquisition et d'exploitation du 2ème avion présidentiel à la tentative de cession de la Place du cinquantenaire à des hommes d'affaires douteux en passant par les engrais sous-dosés, le marché des fournitures militaires, celui des tracteurs, les exonérations sur le riz, les surfacturations, rien n'a été épargné à notre peuple qui souffre tant. Que dire du train de vie de l'État, du budget de la présidence en augmentation continue (9,3 milliards de francs en 2014, 16 milliards en 2015, 19,3milliards en 2016)? Que dire des voyages du Président à l'extérieur, de leurs coûts pour le contribuable malien? En 28 mois passés à la tête de l'État, le président a parcouru 516. 636 kms lors de 83 voyages à l'extérieur, soit trois voyages internationaux par mois. 516. 636 kms représentent 13 fois le tour de la terre (40.075 kms) et 552 fois la distance séparant Bamako d'Abidjan. Sur la même période de 28 mois, il s'est rendu à l'intérieur du pays 10 fois. (Marakakoungo, Kayes, Mopti-Bandiagara, Ségou-Niono, Gao (après l'accident du vol d'Air Algérie), Kourémalé (Ebola), Gao (après la fusillade ayant impliqué des soldats de la Minusma), Koulikoro, Sikasso et Ségou) », a expliqué l’orateur.
Pour sortir du gouffre, le PARENA invite le président de la République à prendre la mesure de la gravité de la situation et engager des concertations nationales sur la restauration de la paix et de la sécurité. Le parti réitère sa proposition d'élaboration d'une stratégie nationale autonome de stabilisation et de sécurisation du territoire. Il encourage le Président à explorer la possibilité d'engager le dialogue avec les jihadistes maliens pour stabiliser le pays.
En outre, Tiébilé Dramé invite le président IBK d’engager la révision de la Constitution en tirant les leçons de la crise et en tenant compte de l'Accord d'Alger, de moderniser le dispositif électoral, de renforcer les contrepouvoirs, de conforter l'indépendance de la justice, de renforcer les pouvoirs du parlement national et des assemblées régionales, d’organiser la séparation des pouvoirs, en particulier au niveau régional, d’améliorer l'Accord d'Alger et de relancer l'économie. Par ailleurs, le président du Parena a souhaité l’amélioration de la situation de l’école, des femmes, du monde rural, de la défense et de la sécurité. Aux dires de Tiébilé Dramé, lors du Collectif budgétaire de juin 2015, le budget de la défense et de la sécurité a été porté de 183 à 281 milliards.
En 2016, ce budget a été ramené à 213 milliards. A cet effet, le PARENA invite le président de la République et le Gouvernement à édifier l'opinion sur cette baisse inexpliquée des ressources affectées à la défense et à la sécurité du pays. Selon Tiébilé Dramé, il n’est pas acceptable que le gouvernement d’un pays souverain soit spectateur de son destin. « Nous ne voulons pas que le Mali soit spectateur, mais acteur de son destin…l’état du pays nous coupe le sommeil », a-t-il dit.
A l’en croire, l’accord de Ouagadougou a permis d’organiser les élections, mais c’est la mauvaise gouvernance qui a fait que le pays s’est effondré. En conclusion, Tiébilé Dramé a rendu un vibrant hommage à la presse pour sa mission d’information et a invité les uns et les autres à lutter contre l'impunité et à sortir de l'immobilisme.
Aguibou Sogodogo, Youssouf Z Keïta