Le Mali d’abord, le Mali avant tout, Pour l’honneur du Mali. Je le dis, je le ferai, Inch Allah
«Un an déjà, rien à l’horizon. Les promesses d’IBK seraient-elles du bluff ?» Dès l’entame de son mandat, le président IBK donne l’impression de conduire le navire «Mali» sans gouvernail, parmi des récifs et des tourbillons de tous genres. A-t-il été surpris par sa nomination à la tête de l’Etat ? L’absence apparente d’un programme de gouvernement, même graduellement applicable, semble suggérer que ses slogans de campagne ne reposaient sur aucune conviction. S’il n’est pas unique dans le monde moderne, le cas du Mali doit être parmi les rares exceptions dans le concert des nations. Changer de chef de gouvernement en sept petits mois et quatre jours, nommer deux Premiers ministres en si peu de temps témoignent, à l’évidence, de la volonté d’un chef d’Etat de s’entourer d’une cour plutôt que de collaborateurs.
Umar Tatam Ly
Nombreux sont les Maliens qui pensaient que le choix d’Umar Tatam Ly s’expliquait par son innocence dans le monde politique, n’ayant jamais participé à la gestion désastreuse du pays. Mais aujourd’hui, les langues déliées, indiscrètes et sagaces se demandent si IBK ne l’avait pas sélectionné croyant naïvement qu’il était manipulable.
Dans l’interview qu’il a accordée à «Jeune Afrique» au mois de mai 2014, Ibk botte en touche lorsque le journaliste souligne le caractère critique de la lettre de démission du Premier ministre sur sa gouvernance : «Nous sortirons des législatives et un remaniement du gouvernement s’imposait. Les vues du Premier ministre et celles du chef de l’Etat ne se sont pas accordées sur les choix à opérer. Or il n’y a pas deux élus mais un seul. Il a donc fallu en tirer les conclusions…».
Ces explications présidentielles sont en parfaite contradiction avec les raisons de la démission de son Premier ministre. Ces motifs n’ont absolument rien à voir avec le choix de ministres dans la formation d’un gouvernement quelconque, qui n’était pas à l’ordre du jour.
Cet économiste de 50 ans, qui a fait carrière à la BCEAO, sait faire la différence entre les compromis honorables et les compromissions. Les raisons officielles de sa démission par lui-même exposées dans sa lettre de départ du gouvernement en témoignent. Ses efforts pour convaincre IBK d’accepter, afin de sortir de l’impasse, une orientation dans la conduite des affaires de l’Etat s’inscrivent dans la logique des compromis honorables.
Or le refus d’écoute du président de la République, qui préférait aller droit au mur avec lui, ne lui offrait que l’alternative d’une compromission qui réduirait à néant ses principes d’homme d’honneur. C’est donc la préservation de son intégrité morale, qui n’était pas négociable par un poste, si élevé soit-il dans un gouvernement, qui lui a fait reprendre sa liberté. Mais si l’on en croit les langues déliées, indiscrètes et chercheuses de vérités cachées au sortir de leur rencontre avec les oreilles baladeuses qui écoutent aux portes, la version officielle de la lettre de démission serait, en fait une version édulcorée choisie par le Premier ministre sortant pour tenter de sauver l’honneur de son président.
Les langues déliées, indiscrètes et chercheuses de vérités, auraient appris que c’est Umar Tatam Ly qui voulait un remaniement partiel de son gouvernement afin de se débarrasser de deux ministres impliqués dans des malversations financières sur un, voire plusieurs marchés d’Etat passés dans des conditions volontairement rendues opaques. Umar Tatam Ly en aurait été informé par son réseau dans le marché financier international.
Musa Mara
Ministre de l’Urbanisme et de la Ville, dans l’ancien gouvernement, homme politique, maire de la commune IV du district de Bamako, cet expert-comptable de 39 ans a été nommé le 05 avril 2014 pour remplacer Umar Tatam Ly. A-t-il été sélectionné pour un potentiel de compétences encore inconnues du grand public ? IBK le croit-il plus manœuvrable que son prédécesseur ? Sans doute est-il encore trop tôt pour répondre à cette question. Pourtant, les langues déliées, indiscrètes et curieuses qui sont allées à l’écoute des oreilles baladeuses et espionnes suggèrent une hypothèse qui donne à réfléchir sur la personnalité du second Premier ministre d’IBK.
Objet, déjà, de critiques virulentes sur sa gestion du pays, au point d’être l’objet du non-évènement d’une motion de censure, sans lendemain, en juin 2014,affaibli par ses erreurs de communication sur l’affaire du nouvel avion présidentiel et sur les évènements survenus à Kidal, en mai 2014,il aurait eu l’intention de démissionner.
Mais IBK, qui ne peut se permettre de désigner un troisième Premier ministre, en moins d’une année, aurait réussi à l’en dissuader et à le convaincre de patienter pour le faire. Musa Mara serait-il toujours disposé à accepter un rôle de fusible pour tenter de l’épargner la crédibilité bien fissurée de son président ?
Curieuse justice malienne
Dans tous les pays de la planète terre, les militaires coupables d’entorses à la déontologie de leurs corps sont jugés par un tribunal militaire qui cohabite avec les tribunaux civils. Le Mali ne fait pas exception à cette règle. Cependant, au prétexte que le tribunal militaire du pays n’a pas de logement, la justice du pays trouve plus facile de déférer des militaires, particulièrement des officiers supérieurs, devant des juges civils.
Ainsi, quatre (04) généraux attendent d’être jugés et éventuellement condamnés par des tribunaux civils.
- Amadu Aya Sanogo, détenu à Sélingué
- Blankoro Samaké, détenu au Camp I
- Yamusa Camara, détenu à Markala
- Sidi Umar Turé, détenu à Dioïla transféré à Bamako.
Accusés d’avoir ordonné ou d’avoir couvert des crimes contre les bérets rouges, tous ces officiers supérieurs sont des bérets verts. L’absence d’officiers supérieurs bérets rouges dans les prisons révolte au plus haut point les langues déliées indiscrètes et non partisanes. Car elles se souviennent encore et toujours du contre coup d’Etat perpétré, en mai 2012 par les bérets rouges appuyés de mercenaires de la perfide Cédéao, qui s’est soldé par un échec et par plusieurs morts.
Il est évident, pour les langues déliées, indiscrètes et objectives qu’il s’agit d’un acharnement, qui ne dit pas son nom, contre les officiers supérieurs de l’armée nationale, porteurs de bérets verts. IBK, garant de l’indépendance de la justice, laisse faire. Malgré sa promesse garantie, devant un public nombreux, lors de sa campagne électorale à Kati, la veille de l’élection présidentielle, à Amadu Aya Sanogo qu’aucun de ses cheveux ne sera touché s’il est élu à la tête de l’Etat.
Le grand boubou d’IBK,le kankelentigi, serait-il réversible ? S’il s’était senti assez puissant pour diriger les décisions de la justice malienne, il est étonnant qu’il n’ait pas la volonté d’imposer à cette même justice le respect, rien que le respect de sa propre déontologie. C’est à dire, arrêter le mauvais principe de deux poids deux mesures et se dessaisir de ces dossiers en réclamant la mise en place immédiate d’un tribunal militaire.
IBK a-t-il trompé Amadu Aya Sanogo afin d’avoir le vote de l’armée qui, cela n’est un secret pour personne, a massivement porté ses voix sur lui. IBK craint-il un coup d’Etat militaire contre son régime ? Le président a sans doute oublié qu’en Afrique, les auteurs de putsch sont souvent des officiers subalternes. Et même, parfois, des hommes de troupes ; comme le Sergent Samuel Doe qui a renversé, en 1980, William Tolbert ouvrant ainsi l’accès au pouvoir aux Noirs autochtones jusqu’ici laissés pour compte par leurs frères esclaves affranchis installés au Liberia par les Etats-Unis.
Extrait du livre «Le Mali sous Ibrahima Boubacar Kéita» (Doumbi Fakoly)