Le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, n’a pas voulu renouveler sa mission qui prend fin le 14 janvier. Dans son bureau bamakois, Mongi Hamdi a longuement reçu Jeune Afrique pour faire le bilan de son année passé au Mali. Interview.
Jeune Afrique : Avec quel sentiment quittez-vous le Mali ?
Mongi Hamdi : Je quitte le Mali avec la pleine satisfaction de voir que la Minusma a joué son rôle dans le cadre de la médiation internationale et dans le processus d’Alger, contribuant de manière considérable à l’aboutissement de l’accord de paix.
Pourquoi n’avez-vous pas souhaité renouveler votre mission a la tête de la Minusma ?
Le 9 décembre, j’ai écrit une lettre au secrétaire général pour lui dire que j’avais accompli tout ce qui m’avait été demandé, c’est-à-dire la signature de l’accord de paix. Maintenant, nous sommes entrés dans une phase de mise en œuvre de l’accord, qui a besoin de quelqu’un peut être plus opérationnel que moi sur le terrain. Je suis spécialiste des négociations, des médiations et expert dans la diplomatie discrète et de l’art de convaincre.
Sept mois après sa signature, il est vrai que la mise en œuvre de l’accord pose toujours problème…
Cette situation est une source de frustration. Il était prévu que les parties, 30 jours après la signature de l’accord, forment une commission nationale de DDR [Démobilisation, désarmement et de réinsertion, NDLR] et une autre d’intégration. C’est le rôle du gouvernement et des mouvements. Le retard enregistré est peut être lié à la bureaucratie, mais fin décembre dernier, le gouvernement a établi par décret ces deux commissions. En ce qui nous concerne, nous avons commencé la construction de deux sites de cantonnement : Lekrakar à Tombouctou et Faffa dans la région de Gao. Les autres sites proposés par les mouvements armés, au nombre de 24, sont en phase de validation.
En septembre, vous nous déclariez que certains éléments des groupes signataires de l’accord, de mèche avec les narcotrafiquants, ne voulaient pas d’une paix qui n’arrangeait pas leurs affaires…
Depuis la réunion du 23 septembre, à la Minusma, entre les dirigeants militaires de la coordination et de la Plate-forme, les choses ont changé. On voit la bonne volonté de toutes les parties prenantes. C’est vrai qu’avant, on avait le doute car on a vu des confrontations non nécessaires à Amassine, à Anefis, et il y avait beaucoup de morts.
Depuis peu, il semble y avoir effectivement de part et d’autre une réelle volonté d’accélérer les choses…
C’est dans l’intérêt du pays. Je pense que l’attaque contre l’hôtel Radisson, le 20 novembre dernier, a suscité une certaine solidarité entre toutes les parties prenantes de l’accord de paix. Cette attaque terroriste a fait bouger les lignes, car les terroristes sont là pour faire dérailler le processus de paix.
La Minusma a-t-elle besoin de plus de moyens ?
Nous avons toujours plaidé pour un renforcement du dispositif de la Minusma. L’Allemagne a d’ailleurs annoncé la semaine dernière qu’elle allait envoyer 650 soldats qui vont appuyer le contingent néerlandais pour plus de support logistique.
Doit-on inclure dans le mandat de la Minusma la lutte contre le terrorisme ?
Il est nécessaire de combattre le terrorisme mais à chaque fois qu’on évoque cette idée au Conseil de paix et de sécurité de l’UA, la réponse est toujours que c’est le rôle de Barkhane.
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