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Quel sort réservé au rapport sulfureux qui accable Cheick Modibo Diarra ?: Près de 3 milliards FCFA de fraude et mauvaise gestion
Publié le mardi 12 janvier 2016  |  Le Sphinx
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© Autre presse par dr
Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra




Depuis plus de deux ans, notamment dans notre édition du 30 août 2013, nous faisions état du rapport du Bureau du Vérificateur général relatif à l’audit de la gestion financière de la DAF de la Primature dirigée par Cheikh Modibo Diarra. Cette mission de vérification a permis de constater des opérations relevant de la fraude à hauteur de 1 919 739 049 FCFA et de la mauvaise gestion pour 1 048 397 498 FCFA. Soit un montant cumulé de 2 968 136 547 FCFA. La justice est attendue sur ce dossier transmis au Pôle économique et financier depuis plusieurs mois.

Mali's then interim PM Diarra speaks during a news conference at the Ivorian presidential palace in Abidjan

Selon les constats du Bureau du Vegal, la Direction administrative et financière (Daf) de la Primature, en plus de poser des actes sur la base de textes caducs, parce qu’abrogés depuis des années, ne dispose même pas de compte de dépôt au Trésor. On y manipulait l’argent comme chez l’épicier du coin. Pire encore, il n’y a même pas de manuel de procédures validé conformément à la loi. C’est donc la porte ouverte à toutes les dérives en matière de gestion financière, plus précisément en matière de dépenses.

A l’occasion de ce contrôle, le régime des émoluments et indemnités du Premier ministre, passé au crible, présente beaucoup de lacunes. Selon le constat des vérificateurs, ces insuffisances ont d’ailleurs permis aux différents Premiers ministres qui se sont succédé de se servir à leur guise. Certains encore beaucoup plus que d’autres. Aux frais du contribuable qui se trouve ainsi corvéable et taillable à merci. Pour la période qui concerne Cheick Modibo Diarra, il a été relevé des paiements d’un montant total de 278 570 000 de FCFA sans aucune pièce justificative. Des paiements indus et sans autorisation, comme la somme de 127 588 500 FCFA à titre de gratifications pour la fête de ramadan, la rentrée scolaire, divers achats pour les membres du Cabinet du Premier Ministre et de la Daf. Un cadeau protocolaire a été déclaré acheté à 735 000 FCFA, sans une pièce justificative.

40 millions de FCFA remis à Cheick Modibo Diarra contre simple décharge

Par ailleurs, les enquêteurs du Pôle économique saisis du dossier, doivent se mettre sur les traces de 368 228 725 FCFA puisés dans les fonds marocains et algériens sous le fallacieux prétexte d’alimenter la régie d’avance de la Daf de la Primature, sans aucun document autorisant l’utilisation desdits fonds à des fins autres que celles définies aux intitulés des comptes. Ces fonds ont été décaissés sous le vocable de fonds spéciaux du Premier ministre de pleins pouvoirs. Sans aucun justificatif. On notera aussi que le régisseur a remis 40 millions de FCFA à Cheick Modibo Diarra, du 21 décembre et le 16 janvier sur la base de simple décharge de ce dernier. Comme quoi, Cheick Modibo alias Gin-Campari pour les intimes, aura passé de merveilleuses fêtes de fin d’année ! Le Daf a également décaissé la somme de 5 332 300 FCFA pour acheter des billets d’avion aux enfants du Premier ministre.

Que dire aussi de la rondelette somme de 22 812 350 FCFA uniquement pour la restauration de la maison du Premier ministre sise à Titibougou ? Cette dépense, soit dit en passant, a été rejetée par le Contrôleur financier au moment de son paiement sur le budget de l’Etat, au motif que le domicile du Premier ministre d’alors n’est pas un domicile relevant de l’Administration publique. En d’autres termes, c’est un domicile privé. Malgré cette opposition, la dépense a été effectuée.

13 millions de FCFA flambés sans aucune justification

En outre, 800 000 FCFA ont été déboursés pour acheter les verres correcteur de la douche moitié du Premier ministre aux pleins pouvoirs, 300 000 FCFA pour des médicaments. En plus de 3 893 500 FCFA pour acheter un cadeau protocolaire et 4 nuitées d’hôtel à Johannesburg pour 6 364 328 FCFA. Des prises en charge de dépenses de 13 millions de FCFA sans aucun justificatif, etc.

En ce qui concerne la Mission de restructuration du secteur coton, logé à la Primature, le Daf, selon le Bureau du Vérificateur général, a violé l’instruction du Ministre en charge des finances, en exécutant des dépenses faramineuses sur la Régie d’avance. En effet, un compte bancaire a été ouvert avec la double signature du Daf et du Régisseur, à l’exclusion du gestionnaire de la Mission. Le Daf mettait à la disposition de son régisseur de la Caisse d’avance de la Primature des dépenses à justifier et ce dernier remettait une partie desdites avances à la disposition du gestionnaire de la Mission de restructuration du secteur coton. Un procédé illégal qui pue à mille lieux !

En ce qui concerne la Cellule d’analyse et de prospective — qui n’a pas d’existence légale à l’analyse des textes régissant les services de la Primature – le cumul des avances faites au Régisseur au titre de l’exercice 2012 a atteint 332 469 500FCFA au lieu de 250 millions de FCFA comme prévu par la loi. Un dépassement illégal de plus de 82 millions de nos francs.

Dépenser en espèces comme des femmes qui font le marché

On ne respectait pas non plus la limite de 3 millions FCFA à garder au niveau de la Régie. En plus, il n’y a aucune trace d’un compte de dépôt des régisseurs au niveau de la Paierie générale du Trésor pour domicilier les fonds de la régie spéciale. Conséquence: le Régisseur touchait directement les chèques émis par le Trésor pour aller ensuite les déposer dans un coffre dont il était le seul détenteur des clés. Par ce procédé, on effectuait des dépenses en espèces sonnantes et trébuchantes, comme une femme qui paye les condiments du jour au marché. Même si les dépenses dépassaient 5 millions FCFA, le règlement se faisait en espèces, en violation de la loi. La Daf de la Primature faisait même payer l’acquisition de motos et de mobiliers par la Régie, donc en espèces.

La Primature de Cheick Modibo Diarra payait des factures sans numéro ni date

Et qui l’eut cru ? A la Daf de la Primature à la période concernée, on payait des factures qui ne comportaient ni numéro ni date. De la part des services du chef du Gouvernement, disons plutôt du Premier ministre «aux pleins pouvoirs », c’est sans commentaire ! D’ailleurs, l’arrêt de la caisse effectuée par les vérificateurs au niveau de la Régie à la date du 19 février 2013 a laissé apparaître un déficit de caisse de 942 000 FCFA.

En définitive, le montant total mis en régie a dépassé le seuil autorisé de 20% car de janvier 2012 à décembre 2012, le montant mis en régie, en toute violation de la loi, s’élève à 2 000 455 238 FCFA sur 5 280 380 943 FCFA de montant admis au Trésor pour les dépenses encourues, soit 38 %. Et c’est seulement le montant de 1 009 992 150 FCFA qui est passé par le compte bancaire. Ce qui signifie que la somme de 990 463 088 FCFA a été directement dépensée sans passer par la banque. Surtout que, comme précisé par le rapport, il n’y a aucune traçabilité entre les mouvements effectués sur le compte bancaire et les pièces justificatives des dépenses.

Ça, c’est certainement la bonne gestion que Cheick Modibo Diarra promettait aux Maliens, mais Dieu en a décidé autrement en préservant le pays de ce genre d’aventurier. Il est bon de rappeler que c’est l’ex-Vérificateur général, son grand-frère Sidi Sosso Diarra, qui préconisait de jeter au moins deux personnes en prison pour mettre fin à la corruption. Pourquoi alors ne pas commencer à appliquer son conseil en interpellant son jeune frère Cheick Modibo Diarra ? Surtout que lui, Sidi Sosso, était le conseiller du frangin, en ce temps-là Premier ministre «aux pleins pouvoirs» ! Pleins pouvoirs jusque dans les finances publiques ?

Dossier perdu dans les méandres de la justice

Ce rapport du Bureau du Vérificateur général, connaissait un début de traitement au niveau du Pôle économique où ont été entendus quelques collaborateurs de Cheick Modibo Diarra dont notamment le Daf et le Régisseur de l’époque. Mais depuis lors…patatras ! Puisque le Président IBK veut que les dossiers aboutissent, nous le prenons au mot pour attirer son attention sur celui-là car les Maliennes et Maliens attendent la suite des enquêtes.

Lorsqu’un dossier fait l’objet d’un rapport rendu public et incrimine des personnalités, il est bon de les blanchir publiquement pour sauvegarder leur honneur ou de les sanctionner s’ils sont coupables. En d’autres termes, il faut que les populations, au nom desquelles les actes sont posés, soient informées des suites réservées aux dossiers transmis à la justice. Parce que, de Kidal à Kayes, on se demande pourquoi le voleur de poulets ne bénéficierait pas de tant de discrétion dans le traitement de son dossier judiciaire au nom de l’égalité consacrée par la Constitution ?

PAR SAT SI
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