La nouvelle émission télévisée de Renouveau TV (RTV), “Face à DAK”, a reçu pour son premier numéro le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé. C’est une émission qui rencontre des hommes de la classe politique malienne dont les activités portent au-delà de nos frontières pour se prononcer sur la situation du pays. Le président du parti du Bélier blanc a remué le couteau dans la plaie.
Contrairement à la perception du président Ibrahim Boubacar Kéita et ses alliés, l’année 2015, pour M. Dramé, a été une année de mauvaise gouvernance dans les affaires de l’Etat. Un constat qui l’amène à dire que le président de la République a échoué dans sa mission pour le moment et qu’il est responsable des conséquences graves pour le Mali du désastre qu’il dénonce chaque jour.
“Cette année a été extrêmement difficile et épouvante pour le peuple malien” sur le plan social, économique et sécuritaire. Dans cette situation difficile que les Maliens vivent depuis plus de 2 ans, a-t-il précisé, le Parena n’a aucune part de responsabilité.
Les Maliens dans la souffrance
Parlant de la souffrance des Maliens, il a d’emblée écarté l’idée de fatalité. “Il n’y a pas de fatalité en la matière, je crois que les souffrances endurées par les Maliens résultent de la mauvaise gouvernance du pays par ceux qui sont au commande depuis plus de 2 ans (..). Nous avons en place une gouvernance qui ne se préoccupe pas d’améliorer les conditions de vie des Malien. Nous avons en place une gouvernance qui n’a pas au centre de ses préoccupations l’amélioration de la vie de chaque jour des Maliens”, a-t-il précisé.
En réaction aux excuses toujours avancés par le président de la République qui ne cesse de seriner qu’il est venu dans un contexte extrêmement difficile et a hérité d’une situation catastrophique, M. Dramé a répondu que cela doit se remarquer dans chaque acte qu’il pose. Or, tel n’est pas le cas, selon le président du Parena, qui trouve que “quand on hérite d’un pays qui est au bord de l’abime, il y a un comportement en conséquence qu’on doit avoir, malheureusement on ne remarque pas cela !”
Pour les multiples dénonciations que son parti a eu à faire sur les différentes surfacturations (achat de l’avion présidentiel, d’armements, des tracteurs) il a indiqué qu’il était dans son rôle d’informer l’opinion publique sur ce qui se passait. “En tant que parti politique d’opposition, nous faisons le maximum pour nous acquitter du devoir que nous avons vis-à-vis du peuple, vis-à-vis de notre nation”, a rappelé le président du Parena.
Le coup d’Etat de 2012 : un échec de la démocratie
Il a reconnu que le coup d’Etat du 21 mars 2012 est un échec de la démocratie malienne à un moment donné, tout en précisant que le Parena avait régulièrement tiré la sonnette d’alarme. Mais, contrairement au parti du Bélier blanc, a-t-il rappelé, d’autres ont fait allégeance en apportant leurs soutiens aux putschistes. Bien qu’un avertisseur régulier des situations alarmantes, le parti de Tiébilé n’a pas été entendu ni par les dirigeants, ni par le peuple, d’où une nécessité de revoir la façon de faire du parti.
En se prononçant sur la rébellion de 2012, il a estimé que cette manifestation des rebelles n’avait aucune justification légitime, car le Mali était dans une période de mise en œuvre du Pacte national qui a ouvert une phase d’intégration.
Des propositions
Pour changer cette situation de souffrance des Maliens, il faudrait, en s’en tenant aux dires de l’invité, que le président, accepte d’écouter ceux qui le critiquent, qu’il sorte de l’autisme. Aussi, a-t-il ajouté, il faut qu’il accepte de se comporter comme le président d’un pays qui est à nouveau au bord de précipice. Le président doit revoir de fond en comble la gouvernance qu’il a pratiquée depuis son élection à la magistrature suprême.Et d’indiquer que la gravité de la situation nécessite la tenue d’une conférence nationale pour faire le point de la situation.
Il est nécessaire pour mettre fin à cette “gouvernance chaotique du Mali” qu’on desserre l’étau de l’emprise de la famille présidentielle sur l’Etat du Mali. Pour l’élection présidentielle de 2017, Tiébilé croit en l’alternance de l’opposition, car “le président et son gouvernement travaillent pour cela”.
Le président de la République a échoué et est comptable des conséquences graves pour le Mali du désastre qu’il dénonce aujourd’hui. Pour M. Dramé, il est temps que le gouvernement sorte de l’attitude du spectateur et se comporte en locomotive dans l’application du contenu de l’accord.
Il a souhaité que l’année 2016 apporte à notre pays et à notre peuple la paix, la stabilité et l’amélioration des conditions de vie de tout le monde. Il a invité IBK et son gouvernement de revoir sa gouvernance afin que les Maliens retrouvent le sourire d’ici la fin de son mandat.
Youssouf Coulibaly