Monsieur le président de la République, je me permets aujourd’hui de m’adresser à vous sans vous prendre à partie et avec le plus grand respect dû à votre statut de chef de l’Etat.
Je me permets de m’adresser ainsi à vous parce que je me soucie de votre réussite à la tête de mon pays. Je me soucie de votre réussite non pas parce que je suis l’un des 77,6 % des Maliens qui vous ont apporté leurs voix en 2013, mais aussi et surtout parce qu’aucun Malien n’a aujourd’hui intérêt à ce que ce vous échouez dans l’accomplissement de votre lourde et noble mission.
Je me soucie de votre réussite parce que votre échec marquerait un périlleux retour à la case-départ pour le Mali, une nation meurtrie et qui est au cœur de toutes les menaces et de toutes les convoitises extérieures.
Malheureusement, des décisions comme l’éviction du fauteuil de PDG de la CMDT de M. Kalfa Sanogo, sont très inquiétantes. Elles inquiètent parce qu’elles brisent l’espoir suscité par votre élection à la magistrature suprême de notre pays et vous éloignent de la satisfaction des attentes des Maliens.
Monsieur le président, vous prenez des décisions erronées, car la plupart des rapports qui sont déposés sur votre bureau sont des tissus de mensonges. En réalité, ceux qui veulent votre réussite sont débarqués et ceux qui plombent votre mandat maintenus à leurs postes, voire promus à des responsabilités encore plus importantes.
Ma conviction est que vous êtes entouré par des gens dont la majorité a intérêt à vous cacher la vérité, de vous cacher tout ! Vous l’avez vous-mêmes reconnu récemment à Bla en reconnaissant qu’on vous a menti ! Et on continue à vous mentir !
Votre Excellence, le mensonge est encore plus profond que vous ne l’imaginer. La trahison est plus large que vous ne le pensez.
Monsieur le président de la République, si vous voulez réellement entrer dans l’Histoire du Mali par un mandat inoubliable en termes de réalisations et de satisfaction des fortes attentes du peuple malien, vous devez vous méfiez de ces personnes qui vous induisent en erreur, qui vous flattent d’illusions pour se débarrasser de ceux qui les gênent dans leurs basses besognes.
L’éviction controversée du procureur général Daniel Amagouin Tessougué et de Kalfa Sanogo de la Compagnie malienne du développement des textiles (CMDT) en est la parfaite illustration.
Sur ce dernier cas, permettez-moi, Monsieur le président de la République, de vous faire le “bilan de santé” de la CMDT de janvier 2014 à décembre 2015, c’est-à-dire pendant les deux campagnes qui se sont déroulées sous la direction de Kalfa Sanogo.
Au niveau de la production agricole : Plafonnant à 449 000 tonnes de coton depuis 10 ans, la production est passée à 548 695 tonnes dès sa première campagne (2014-2015), soit 25 % d’augmentation en une campagne. Et cela par rapport à celle de 2013-2014 qui était de 440 000 tonnes.
C’est la meilleure production des 10 précédentes campagnes et la 3e depuis la création de la CMDT. Et cela parce que le rendement à l’hectare est passé de 916 kg/ha à 1,017 tonne/ha. Avec près de 550 326 tonnes en 2015-2016, pour sa 2e campagne agricole, Kalfa a réalisé de facto la 3e plus grande production de l’histoire de la CMDT et celle de 2014-2015 prend la 4e place.
Quant à la production céréalière, elle est passée de 1 650 000 tonnes (2013-2014) à 1 965 000 tonnes (2015-2016) avec un excédent qui passe de 300 000 à 700 000 tonnes pour le reste du pays (hors zone cotonnière). Pendant les deux campagnes gérées par Kalfa Sanogo, tout le coton pris aux mains des cotonculteurs a été intégralement payé et ce, au plus tard 2 semaines après l’enlèvement.
L’égrenage : Le rythme d’égrenage a dépassé les 4000 tonnes/jour. Une première depuis 1998. Les usines ont tenu très bon et ce avec le maximum d’économie de pièces de rechange (près de 2 milliards de F CFA). Excusez du peu !
La commercialisation : En avril 2015, le coton malien a été reconnu comme la meilleure en Afrique à la cotation de Liverpool. Grâce donc à cette amélioration qualitative et au dynamisme de l’équipe commerciale, le coton malien s’est très bien vendu, malgré un cours mondial très bas.
A titre de comparaison, en novembre dernier, pendant que les ports d’Abidjan et de San Pedro (Côte d’Ivoire) s’apprêtaient à recevoir notre production de cette campagne, des stocks importants de coton de la campagne passée du Burkina et de la Côte d’Ivoire engorgeaient encore les magasins que Bolloré comptait mettre à notre disposition.
Les résultats financiers : 14 milliards de bénéfice net au 31 décembre 2014 contre 8 milliards au 31 décembre 2013, soit 75 % d’augmentation du bénéfice en un an !
C’est la prouesse financière réalisée par le PDG Kalfa Sanogo. Les résultats prévisionnels au 31 décembre 2015 confirment et confortent cette tendance, car la trésorerie est toujours au “vert”, donc très bonne.
Ainsi, au 5 janvier 2016, le solde net au niveau de nos comptes en banque cumule 25,118 milliards de F CFA, exclusivement constitué de fonds propres. C’est dire que les réformes courageuses, voire audacieuses entreprises par M. Sanogo ont été efficaces et commençaient à porter leurs fruits.
Création d’emplois : Monsieur le président de la République, nous sommes convaincus que la lutte contre le chômage est une priorité absolue pour vous, car permettant de combattre la pauvreté. Ce combat est l’une des attentes les plus fortes des Maliens vis-à-vis de votre mandat.
Nous vous rappelons que 443 emplois permanents ont été créés par la CMDT en 2 ans.
La contribution au budget national : En impôt direct, plus de 30 milliards versés au Trésor public par la compagnie pour au moins 50 milliards en taxes et impôts indirects. En avançant plus de 13 milliards sur les impôts de l’exercice 2016, à la demande du ministère de l’Economie et des Finances, la CMDT a contribué énormément à sauver le programme avec le FMI et la Banque mondiale en 2015.
Le directeur général des impôts, M. Dienta, ne nous démentira pas. Mais, nous savons que cela n’a jamais été porté à votre attention par le ministre de l’Economie et des Finances.
Des travailleurs satisfaits et motivés : Monsieur le président de la République, pour vous rassurer que ces performances n’ont pas été obtenues en sacrifiant les travailleurs de la Compagnie, voici quelques points saillants de la présentation de vœux du syndicat à Monsieur Kalfa Sanogo le 5 janvier 2016. Ils ont tenu à lui rendre “un hommage mérité” pour les deux ans passés à la tête de leur entreprise.
Les travailleurs ont notamment salué une augmentation de 5 % des salaires, la suppression de la demi-journée de déplacement, le paiement des frais de mission au départ, le paiement des avances de carburant sur 5 ans à un taux de 40 %, le paiement des motos hors encadrement, le plaidoyer pour l’annulation de 200 millions de F CFA auprès du conseil d’administration en faveur du fonds social, la réhabilitation des centres saisonniers avec la reprise de la formation continue de l’encadrement…
Sans compter la rénovation des usines, le renouvellement du parc autos (camions et véhicules de tournées).
“Sur le plan du renforcement du personnel, nous retiendrons de vous la réhabilitation de près de 200 saisonniers. Un fait historique jamais fait à la CMDT”, a déclaré Issa Finéré Dembélé, secrétaire général du syndicat et porte-parole des travailleurs de la CMDT.
Dans sa présentation, le secrétaire général du syndicat a aussi salué “la création d’un cadre de concertation formelle entre la direction et le syndicat qui nous a permis d’évoluer dans la prise en compte de nos revendications”.
Le responsable syndical a assuré que “la combinaison de ces différents facteurs a permis de réaliser une augmentation significative de la production et de la productivité avec une bonne qualité de coton fibres”.
De prometteuses perspectives : Monsieur le président de la République, les perspectives n’ont jamais été aussi prometteuses pour la CMDT depuis plusieurs décennies.
La Compagnie amorçait une dynamique nouvelle avec la construction, en 2016, de l’usine d’égrenage de Kadiolo (région de Sikasso) et le démarrage des travaux de celle de Kimparana (San, région de Ségou).
Mieux, la récupération et la remise en état de l’Huilerie cotonnière du Mali (Huicoma) était en très bonne voie. Ce qui allait favoriser la création d’au moins 1500 emplois à Koulikoro, Koutiala et Kita. Sans compter l’impact positif sur le secteur de l’élevage (aliment bétail de qualité et à moindre coût) et l’autonomisation des femmes avec la rentabilité de leurs savonneries.
Voilà Monsieur le président de la République, sans avoir été très exhaustif, le bilan ou le rapport qu’on aurait dû vous soumettre afin de vous permettre réellement de prendre une décision en connaissance de cause.
En tout cas, à notre humble avis, si un tel manager n’est pas félicité et promu pour avoir réalisé une telle performance en si peu de temps, il ne mérite pas d’être évincé de son poste.
On devait, si la bonne gouvernance est réellement une aspiration politique dans notre pays, lui permettre d’aller au bout de ses réformes. Des mesures qui dérangent plus d’un, mais qui sont indispensables pour rentabiliser la filière coton. Pour en faire “l’Or blanc” aussi bien pour les vrais cotonculteurs que pour l’économie malienne !
Recevez, Votre Excellence, mes meilleurs et sincères vœux de réussite dans votre lourde mission.
Vivement que 2016 soit l’année de la paix et de la stabilité pour notre pays, le Mali !
Que cette année soit pour le Mali et pour les Maliens le bout du long tunnel dans lequel notre pays est plongé depuis 2012 !
Vive le Mali un et indivisible !
Camara Fousseyni
(Paris, France)