PARIS- L`usine gazière de Tiguentourine, où se déroule une prise d`otages de masse dans le sud-est désertique de l`Algérie, est un
site très isolé à 40 km de la ville d`In Amenas, exploité depuis 2006 par le géant pétrolier britannique BP, le norvégien Statoil et la Sonatrach algérienne.
Le complexe industriel emploie au total environ 700 personnes, dont une majorité d`Algériens. La plupart sont des sous-traitants, selon des sources industrielles, même si le nombre exact de personnes présentes sur le site au moment de l`assaut reste incertain.
Quarante-et-un otages étrangers auraient été pris en otages sur le site par un groupe lié au réseau Al-Qaïda, qui réclame entre autres l`arrêt de l`intervention militaire française au Mali voisin.
Environ une vingtaine d`expatriés de BP travaillent sur le site, Statoil ayant quant à lui 17 salariés au moment de l`assaut mercredi, dont 12 sont "affectés" par la prise d`otages.
L`usine de traitement du gaz elle-même a été construite par une
coentreprise entre le japonais JGC et Kellogg, Brown and Root, une ex-filiale de l`américain Halliburton, ce qui pourrait expliquer la présence de Japonais et d`Américains parmi les otages.
Centre de quatre gisements de gaz voisins (Tiguentourine, Hassi Farida, Hassi Ouan Abecheu et Ouan Taredert), elle est reliée par trois gazoducs de 110 km de long au réseau de transport gazier algérien.
Comme dans de nombreux gisements pétroliers ou miniers situées dans des régions reculées, l`usine a une "base-vie" pour héberger et nourrir des employés du site, située à 3,7 kilomètres. Celle-ci est gérée par la société française CIS Catering, basée à Marseille.
"Nous sommes le premier employeur de la zone parmi les sociétés
étrangères", explique à l`AFP Régis Arnoux, son PDG, avec 150 employés locaux sur le site. "Nous apportons des services d`hôtellerie, de restauration et de facilities management+ (services aux entreprises comme secrétariat, prestations techniques...)
Entre l`usine et la base-vie, se trouve également un camp militaire,
visible sur les images satellites, dans une zone classée "zone d`exclusion",
c`est-à-dire en théorie non accessible sans laissez-passer des autorités
algériennes.
Très proche de la frontière libyenne, la zone est particulièrement isolée,
en plein désert du Sahara. Son ravitaillement se fait depuis la ville de Hassi
Messaoud, à plus de 850 kilomètres de là, selon CIS, avec des provisions pour
"15 jours/1 mois", selon l`entreprise.
L`usine traite du gaz dit "humide" (+wet gas+), c`est à dire contenant des
condensats liquides semblables au pétrole brut.
L`ensemble du projet mené par BP, Sonatrach et Statoil représente un
investissement de près de 2 milliards de dollars, avec une production
théorique de 9 milliards de m3 de gaz par an, soit environ 12% de la
production algérienne, et 50.000 barils de condensats par jour.
Le site ne doit pas être confondu avec une raffinerie Sonatrach dans les
faubourgs d`In Amenas (15.000 habitants).