C’est la conclusion à laquelle le président des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare An Ka Wuli), Modibo Sidibé, est parvenu après analyse de la gouvernance actuelle du pays. Il l’avait déjà dit lors de la convention nationale du parti tenue le 19 décembre 2015, il l’a réitéré ce mercredi 13 janvier 2016 au siège de son parti à Hamdallaye lors de la présentation des vœux du parti à la presse.
Pour ce leader de l’opposition malienne, « les défis sont certes nombreux. Mais, pour nous au parti Fare, tous les autres défis sont liés à la problématique de la gouvernance dans notre pays. La qualité de cette gouvernance nous conduira inéluctablement à créer les conditions requises pour une paix définitive et durable dans un environnement stable et apaisé. Ce qui n’est assurément pas au-delà des capacités de notre peuple et de notre nation. A condition bien évidemment que ceux qui sont actuellement à la tête du pays, le veuillent et l’inscrivent dans le cadre d’une vision globale de résolution des problèmes et d’une perspective clairement dégagée. Tel ne semble pas pour l’instant être leur préoccupation majeure. Car, comme je l’ai affirmé à la Convention nationale le 19 décembre 2015, au lieu d’être aux affaires, ils se sont plutôt installés dans les affaires, foulant ainsi aux pieds aussi bien les intérêts supérieurs de notre pays, que les valeurs démocratiques et républicaines ».
Pour le président des Fare, c’est bien peu dire que 2015 fut assez éprouvante pour notre pays en bien de domaines. « Des questions lancinantes et plus que préoccupantes de gouvernance, notamment l’absence de vision et de cap de la part de ceux qui ont en charge actuellement la gestion des affaires publiques sont évidentes. Une des illustrations de cela est le yoyo des élections locales et régionales tout le long de l’année 2015 pour finir par être quand ce sera ».
Modibo Sidibé n’a pas passé sous silence le déficit d’Etat, la cherté de la vie, la paupérisation constante des conditions de vie des populations et les scandales de tous ordres qui ont jalonné la vie du pays cette année écoulée. S’y ajoutent l’insécurité généralisée avec les 200 attaques qui ont coûté la vie à 400 personnes et le drame de Mina.
La seule satisfaction aux Fare pendant 2015, c’est la performance de nos sportifs et la bonne production céréalière qui a fait de notre pays le deuxième producteur de l’Afrique de l’Ouest et qui confirme la pertinence de l’initiative riz, initiée en 2008. Une performance qui a manqué dans le domaine des Mines où nous sommes passés du 3e au 4e rang africain. Même chose pour le foncier où amateurisme, voies de fait, spectacle tiennent lieu de politique nationale du foncier dans une incohérence gouvernementale rarement égalée, et où les solidarités volent en éclats. Il y a aussi le problème d’équipements et d’infrastructures qui est posé.
Sur l’Accord de paix, le parti dénonce le fait que le peuple n’a pas et associé au processus de pourparlers et négociations. «Au parti Fare An Ka Wuli, nous ne sommes pas du tout surpris des difficultés actuelles que l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger connaît dans sa mise en œuvre. Car, les questions de fond, qui auraient dû mobiliser l’ensemble des Maliens autour de la refondation du pays et être la quintessence des discussions à Alger, n’ont pas reçu le traitement approprié. Aujourd’hui, le tâtonnement observé dans la mise en œuvre de l’Accord, l’implosion des délais, les interprétations autour du dispositif institutionnel attestent à suffisance que l’on a mis la charrue avant les bœufs comme le dit si bien l’adage ».
C’est pour quoi le parti demande au gouvernement l’organisation d’une large concertation nationale sur les grands maux qui minent actuellement la vie de notre nation, dont notamment l’Accord issu du processus d’Alger.
D’autres préoccupations des populations sont citées par Modibo Sidibé : la précarité, la vie chère, l’emploi etc. « Nous trouvons la situation d’autant plus désolante et inquiétante que le président de la République, dans son récent discours à la nation à l’occasion du nouvel An, a surtout axé son message sur une revue sectorielle sans tracer quelques perspectives que ce soient : rien sur les réformes institutionnelles qu’exige la mise en œuvre de l’Accord, y compris la question de la révision constitutionnelle, les programmes économiques majeurs, ni sur la protection de nos concitoyens face à toutes les insécurités… ».
Aux Fare An Ka Wuli, on déplore aussi la politisation de l’administration et surtout le chantage politique qui est exercé sur les cadres. « Jamais l’obligation de militer au sein du parti présidentiel (RPM), n’a été autant exigée des fonctionnaires. Cette démarche est accompagnée d’un véritable « terrorisme politique » et il urge d’y mettre fin ici et maintenant. Si tant est que l’Etat doit être au service de la nation, comme la nation l’est au service du citoyen. Un Etat qui assurera la sécurité des Maliennes et des Maliens, fort d’une armée reconstruite, d’une économie rétablie et d’une souveraineté reconquise de l’espace national », a ajouté le conférencier. S’agissant de la corruption et de la délinquance financière, Modibo Sidibé souligne que la répression certes utile ne suffira pas. Le mal est structurel. Seul un travail de fond et de longue haleine pourra l’extirper.
A. Diakité