Le lundi 11 janvier 2016, le Conseil de sécurité des Nations Unies a examiné le rapport trimestriel du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali. Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, qui prenait part aux travaux a, après avoir égrené les avancées enregistrées dans le processus de paix, invité les membres du Conseil de sécurité à adapter le mandat de la Minusma au contexte sécuritaire dans le cadre de la relecture dudit mandat.
Devant les membres du Conseil de sécurité réunis dans le cadre de l’examen du rapport trimestriel du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali, Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne, a de prime à bord rendu un vibrant hommage à l’élan de solidarité internationale dont notre pays a bénéficié durant cette crise. Partant, il a tenu à remercier tous les partenaires du Mali qui se sont impliqués dans le processus de restauration de la paix au Mali. Ainsi, il fera remarquer tout l’engagement du Gouvernement du Mali à mettre en œuvre les dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation, avant de noter quelques faits saillants liés à la recrudescence des attaques terroristes.
Selon lui, le terrorisme constitue la principale entrave à la mise en œuvre de l’Accord. «Les groupes terroristes ont réinvesti le terrain, agissent désormais à visage découvert pour intimider les communautés et ont étendu leurs actions à des cibles stratégiques, notamment hôtelières, comme l’attestent, entre autres les attentats meurtriers au Byblos de Sévaré et au Radisson-Blu de Bamako», a-t-il déclaré.
Des acquis enregistrés dans le processus
Tout en soulignant les difficultés rencontrées, Abdoulaye Diop a jugé utile de faire état de quelques avancées enregistrées dans le cadre de la restauration de la paix en dépit des difficultés rencontrées. S’agissant des mesures prises au plan institutionnel, il laissera entendre que notre pays a fait quelques pas en avant dans bien de domaines. S’agissant du développement économique, social et culturel, il a rappelé que tel qu’il est prévu par l’Accord, la Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali a été organisée conjointement par le Gouvernement du Mali et l’Ocde, le 22 octobre 2015 à Paris. A cette occasion, soutiendra-t-il, le Gouvernement du Mali a exprimé sa détermination à créer les conditions de l’accélération de la croissance à l’échelle du Mali tout entier.
«Le gouvernement a réaffirmé sa volonté de mettre en œuvre une décentralisation conférant aux régions du Mali des responsabilités et des capacités effectives sur les affaires locales, et le développement territorial à travers une stratégie spécifique de développement des régions du nord du pays et annoncé une contribution sur ressources propres de 300 milliards de francs CFA (451 millions d’euros) pour la période 2016-2018», a-t-il précisé. Et d’ajouter que dans le cadre des actions de développement des infrastructures, le gouvernement a mobilisé et bouclé le financement pour la route Gao-Bourem-Taoussa, tandis que celui du tronçon Bourem-Kidal est partiellement acquis. Dans le domaine des services sociaux de base, soulignera-t-il, plusieurs actions ont été entreprises dans le cadre du plan d’urgence humanitaire. Concernant le dispositif d’accompagnement, il dira que le Comité de suivi de l’Accord et ses démembrements sont déjà en place et tiennent régulièrement leurs sessions.
Le Gouvernement du Mali déplore toutefois les lenteurs observées et le manque d’efficience dans le fonctionnement du Comité de suivi qui, trop souvent, a perdu du temps sur des questions de procédure. Toujours dans le cadre des acquis enregistrés, il a noté que le gouvernement a créé un département ministériel entièrement dédié à la Décentralisation et à la Reforme de l’Etat. De même, ajoutera-t-il, un Comité national de mise en œuvre de l’Accord, présidé par le Premier ministre a été mis en place. Ce Comité est assisté par un secrétariat technique.
S’agissant de la Commission DDR, le gouvernement, expliquera-t-il, a adopté en Conseil des ministres, le 29 décembre 2015, un projet de décret relatif à la création, à l’organisation et aux modalités de fonctionnement de ladite Commission, ainsi qu’un projet de décret relatif à la création, à l’organisation et aux modalités de fonctionnement de la Commission d’intégration (CI).
Des défis à relever
Au delà des acquis tangibles enregistrés, Abdoulaye Diop n’a pas manqué de souligner la persistance d’un certain nombre de défis auxquels le processus se trouve confronté. Il s’agit, selon lui, de la présence des groupes terroristes au nord du Mali. «Cette menace est réelle et constitue le défi principal pour le retour de la paix au Mali», a-t-il insisté. Avant de préciser que le gouvernement du Mali est parfaitement conscient que les opérations de maintien de la paix n’ont pas vocation à lutter contre le terrorisme. Malheureusement, poursuivra- t-il, force est de constater que la Minusma évolue dans un environnement marqué par la présence et les activités des groupes terroristes. «Et les forces de défense et de sécurité du Mali, en reconstruction, sont en première ligne dans la lutte contre le terrorisme. Cependant, elles ne peuvent pas à elles seules faire face à ce phénomène, «eu égard à l’immensité du territoire et au caractère asymétrique de cette guerre», a-t-il souligné.
Et de lancer un appel à l’ensemble des partenaires du Mali pour soutenir les efforts du Gouvernement dans sa lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Par ailleurs, le chef de la diplomatie malienne a interpellé vivement le Conseil de sécurité à envisager une relecture du mandat de la Minusma en l’adaptant au contexte sécuritaire actuel. «Face à la persistance de ces menaces terroristes, je voudrais, encore une fois, inviter le Conseil de sécurité à envisager, dans le cadre de la relecture du mandat de la Minusma, le renforcement de sa capacité opérationnelle en vue de l’adapter au contexte sécuritaire.
Au regard de cette situation qui constitue une menace contre la paix et la sécurité internationales, je voudrais réitérer la volonté maintes fois exprimée des chefs d’Etat et de gouvernement des entités régionales et sous-régionales africaines en vue de la mise en place d’une force d’intervention rapide pour lutter contre le terrorisme en mutualisant les efforts des Etats voisins», a-t-il plaidé.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie malienne a estimé qu’à la lumière des avancées enregistrées dans le processus, un allègement du dispositif de la Minusma s’impose. «J’invite le Conseil de sécurité à solliciter le Secrétariat, de mener une réflexion dans la perspective d’un «Exit strategy» de la Minusma. Il s’agira, à terme, d’alléger progressivement le dispositif de la Mission qui sera pris en charge au fur et à mesure par les forces de défense et de sécurité reconstituées du Mali dans le cadre de leurs missions régaliennes», a-t-il conclu.
Boubacar SIDIBE