Tout le monde le sait et les auteurs ne s’en offusquent pas, l’Office des radiodiffusion télévision du Mali (Ortm) est devenu le parent le plus pauvre de la liberté d’expression, entre les serres du pouvoir. S’il appartient aux agents de la station nationale, passionnés du service public, d’avoir la capacité d’assumer cette réalité révoltante, celle-ci interpelle fortement les hautes autorités de la République. Elles qui suivent de près et qui aiment se réjouir le 3 mai de chaque année, sur les avancées enregistrées par le Mali dans le hit-parade des pays champions de la liberté de la presse.
Les hommes de Bally Idrissa Sissoko ne veulent plus s’accommoder de la torpeur, à eux imposée par le régime via le département confié à Choguel K Maïga,
le beau frère des hommes de presse. Que veut le ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication ? Un office libéré de ses chaines
avait pour autant été annoncé. Mais la réalité est tout autre : censure des discours d’hommes politiques et de tout discours contraire à celle du sommet, censure des éléments de reportage, d’analyses ou de tout témoignage qui ne seraient pas flagorneurs des mérites actuels ou passés d’un Mali triomphant, et des images de Ladji
et de sa cour. Selon des informations vérifiées, à l’occasion de l’anniversaire de l’intervention Serval le 11 janvier 2016, des éléments de reportage et de témoignages
sur la destruction des Mausolées de Tombouctou par des djihadistes, leur déploiement pour attaquer Konna, ont été censurés à l’Ortm. C’est refuser de voir la réalité
en face, réfuter qu’on peut tomber et se relever. Pourquoi cacher cette histoire récente qu’on ne peut guère réécrire sinon qu’en l’assumant ? Cette pratique est de
nature à ne pas encourager les initiatives, des valeurs qui existent sans nul doute à l’Ortm. Il est temps de savoir que, si le pouvoir ne libère pas l’Ortm, c’est la
presse qui va s’occuper de sa propre libération et Bally n’aura que ses yeux pour pleurer. Le pouvoir va-t-il tirer les leçons des expériences passées depuis
l’avènement de la démocratie?
B. Daou