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Mauvaise gouvernance-insécurité-crise financière : L’impuissance du régime IBK
Publié le jeudi 14 janvier 2016  |  L’aube
Présentation
© aBamako.com par A.S
Présentation de voeux de la presse au Président de la République
La cérémonie de présentation de voeux des forces armées maliennes au Président de la République a eu lieu à Koulouba le 12 Janvier 2016.




IBK ne peut pas, il n’en peut plus. En deux (petites) années, le chef de l’Etat a non seulement montré ses limites, mais il les a atteintes. Entre ce qu’il pensait de la fonction suprême étant au bas de la colline de Koulouba et la réalité de l’exercice du pouvoir depuis qu’il bosse au palais, Ibrahim Boubacar Kéïta s’est vite rendu à l’évidence de l’énorme fossé qu’il feignait de voir. Mal gouvernance, situation sécuritaire exécrable, crise financière sans précédent, le Mali se meurt à petit feu de ces foyers de feu allumés et ravivés par le héros de juillet-août 2013 à qui les Maliens ont accordé leur suffrage à hauteur de plus de 77%. Si le mal du pays va des premiers choix post indépendance et qu’il a trébuché durant les deux décennies de dictature, aujourd’hui, le Mali est à terre. Ainsi que les Maliens. Et nul espoir à l’horizon. Malheureusement !
Face à la gravissime situation que vit le Mali à l’heure actuelle, que peut faire IBK au-delà des discours ? « Nothing ! », répondront les Anglophones pour dire : Rien. Rien, d’autant plus que le troisième président de la République depuis l’instauration de la démocratie pluraliste au Mali a (déjà) grillé toutes ses cartouches, s’étant grillé lui-même par ses choix politiques qui ont précipité le pays dans l’abîme.
Pourtant, l’homme avait toutes les cartes en main pour réussir sa mission, ayant été plébiscité par une large majorité de ses concitoyens. Ceux-ci voyaient en lui, presque le messie, avec à l’esprit, certainement l’image du IBK 1er, ce Premier ministre rigoureux et sauveur qu’ils avaient connu entre 1994 et 2000. Mais, très vite après son accession au pouvoir, les espoirs s’affaissent, le doute plane avant de faire place au désespoir.
En effet, les Maliens ont découvert dans les premiers actes de « l’Homme de la situation » des signes évidents de rupture entre son discours électoraliste et la réalité. Au-delà de toutes les promesses fantasques dignes d’une campagne électorale, IBK avait « juré » de « bâtir un nouvel Etat » avec une « méthode, des moyens et des outils ».
Au lieu de ça, le peuple découvre un régime corrompu avec des scandales à gogo, des voyages princiers à l’étranger, une armée affaiblie et moins équipée, une méthode de gouvernance qui met la famille et les affidés au centre de la gestion des affaires publiques, une insécurité grandissante et l’éloignement de tout espoir de paix. Pendant ce temps, le peuple trime. Le citoyen anxieux cherche à joindre, dans la douleur, les deux bouts.
En deux ans, le président de la République n’a posé aucun acte de développement de rang. La faute ? Sans conteste, à sa mauvaise gouvernance, corollaire d’une gestion criblée de scandales financiers qui paralysent le fonctionnement de l’Administration, asphyxient l’économie et ternissent l’image du Mali. Mais aussi d’un cafouillage monstre dans la conduite et le déroulement du processus de paix d’Alger finalement conclu par la signature d’un Accord de paix les 15 mai et 20 juin 2015.
Où est passé la « Tolérance zéro » ?
Si IBK a chuté ( !), c’est dû, en grande partie, à la mauvaise gouvernance instaurée et qui a vu s’égrener des scandales au fil des mois. De l’avion présidentiel aux 1000 tracteurs, en passant par le contrat d’armement et les engrais frelatés, tous les scandales dégagent une forte odeur de corruption et de détournements de grande envergure. Or, dans son projet « Le Mali d’abord », le candidat IBK avait promis la « Tolérance zéro » en matière de corruption et de vol de deniers publics.
« La généralisation de la corruption a pour effet de freiner le développement global du Mali. Elle constitue, à terme, un danger pour la stabilité sociale et politique. Elle discrédite les acteurs politiques, décrédibilise la chose publique tout en sapant les assises morales de la société. Elle constitue une violation des droits fondamentaux des citoyens et accentue la vulnérabilité et la précarité des populations les plus démunies. Elle fausse les règles du jeu économique, subvertit la loi et donne naissance des situations de rente indues », peut-on lire dans le document.
Qui poursuit : « La lutte contre la corruption sera organisée sur la base d’un principe, la Tolérance zéro et s’articulera autour des dix mesures suivantes: l’adoption des mesures législatives et règlementaires visant à renforcer la culture de la transparence, durcir les sanctions contre les personnes attentant aux intérêts de la Nation et mobiliser les différents segments de la société civile pour contribuer à l’éradication du fléau de la corruption; l’élaboration et l’application d’un Plan d’action pour lutter vigoureusement contre le fléau de la corruption (intégrant les conclusions pertinentes des Etats généraux sur la corruption); la création d’un Organe central de coordination de la lutte contre la corruption qui veillera à ce que la justice prenne en charge les conclusions des rapports des différentes structures de contrôle ; l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information et la transparence dans la gestion publique en vue de promouvoir un environnement de transparence dans les relations entre l’administration et les citoyens et rendre obligatoire la publication des rapports annuels et bilans financiers de tous les organismes publics et toutes autres institutions bénéficiant de financements de l’Etat (partis politiques, associations, syndicats etc.)… ». Que de leurre au peuple ! Que de contrevérités à la nation ! Que de dribbles aux Maliens !
De tout ce chapelet d’actes promis, le président Ibrahim Boubacar Kéïta n’a pu poser le moindre. Au contraire, chez le Malien, la corruption est désormais ancrée jusqu’à l’os. Il suffit de rappeler les chiffres des rapports 2013 et 2014 du Bureau du Vérificateur général.
Le rapport annuel 2013 fait la synthèse de 18 vérifications effectuées dont 1 vérification de performance, 3 vérifications de suivi des recommandations ainsi que 14 vérifications financières et de conformité. Il ressort des vérifications financières effectuées au titre de 2013 des irrégularités financières d’un montant total de 80,21 milliards de FCFA dont 12,28 milliards de FCFA au titre de la fraude et 67,93 milliards de FCFA au titre de la mauvaise gestion.
Quant au rapport annuel 2014, il fait la synthèse de 16 vérifications dont 13 vérifications financières, 2 vérifications de performance et 1 vérification intégrée de conformité et de performance. Il fait état d’irrégularités financières totalisant la somme de 72,88 milliards de FCFA dont 33,86 milliards de FCFA au titre de la fraude (soit 46,46% du montant total) et 39,02 milliards de FCFA au titre de la mauvaise gestion.
Ces deux rapports annuels ont concerné des services centraux et déconcentrés, des programmes de développement, des marchés publics et des délégations de service public ainsi que des établissements publics.
La mauvaise nouvelle, c’est que le chef de l’Etat révèle avoir transmis plus de 200 dossiers à la justice. Mais apparemment, il n’a eu aucune suite. Où est passée l’autorité de l’Etat ? Et la Tolérance zéro ?
Où sont donc passés ces dossiers transmis à la justice ?
Deuxième échec d’IBK et non le moindre : c’est la situation sécuritaire du pays. Ces deux dernières années, l’insécurité est devenue le voisin de chaque Malien, qui vit dans un environnement sécuritaire plus qu’inquiétant.
Au fil du règne d’IBK, le peuple malien a assisté avec consternation et impuissance à la montée fulgurante des attaques djihadistes et terroristes non seulement au nord, mais aussi au centre et au sud du pays : Kidal, Gao, Ménaka, Ansongo, Nampala, Douentza, Boni, M’Boullikessi, Ténenkou, Dioura, Diafarabé, Dogo etc.
Les mines terrestres anti personnel, les attaques à mains armées, les vols de bétail, de cyclomoteurs, de voitures, les viols et autres agressions physiques sont légion sous nos cieux.
A Bamako, l’insécurité a atteint les cimes. Matin, midi et soir, les populations sont braquées, dépossédées de leur argent et de leurs biens, assassinées. Là, la forme d’insécurité a évolué dangereusement vers les attentats. Exemples implacables : l’attentat de La Terrasse, le 7 mars 2015 (6 morts) et celui du Radisson, le 20 novembre (22 morts). Entre les deux, Sévaré (Mopti) a vécu sa journée d’attentat, à l’hôtel Le Byblos, le 7 août (13 morts).
D’autres actes tels que la tentative d’assassinat d’un général de l’armée malienne (Abderrahmane Ould Meydou) et l’implantation de camps d’entraînement de terroristes et djihadistes en plein cœur de la capitale (Samanko) viennent rappeler aux Maliens qu’ils sont exposés intégralement et au quotidien à une mort certaine. Pire, aujourd’hui, il n’y a aucune politique nationale de sécurité au Mali. Or, l’insécurité généralisée et grandissante affecte dangereusement la paix sociale et annihile tout effort de développement.
Enfin, troisième gros échec d’IBK, et certainement pas le dernier : c’est l’état de dénuement généralisé dans lequel sa gestion a plongé le peuple malien. Aujourd’hui plus que jamais, le quotidien et le devenir des Maliens sont compromis. Plus de manger ! Plus d’argent ! La dèche dans tous les foyers.
Les plus optimistes des Maliens n’entrevoient aucune raison d’espérer en l’avenir. Le mode de gestion des affaires publiques a instauré un marasme économique et une crise financière sans précédent. Parce que les ressources financières qui auraient dû être injectées dans le développement du pays et la gestion du quotidien des Maliens ont été allouées à des fins de privilèges présidentiels, paralysant l’administration et assommant les Maliens.
Sékou Tamboura
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