Des espaces taillés pour abriter des services sociaux de base (centre de santé, marché, jardin d’enfants) sont vendus à un privé du nom de Seydou Konaté qui y a érigé une école privée. Mais pour L’Association pour le développement des logements sociaux de N’Tabacoro (ADLOS) cette école appartiendrait au Ministre Dramane Dembélé et que Seydou Konaté n’est qu’un prête nom.
Le feuilleton autour du scandale de l’attribution des 1552 logements de N’Tabacoro par le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dramane Dembélé n’a pas fini de dévoiler tout son secret. L’Association pour le développement des logements sociaux de N’Tabacoro (ADLOS) l’accuse ouvertement de la vente à un privé des espaces publiques réservés à une école, un jardin d’enfants et un marché. L’acquéreur en a fait une école privée.
Après la mascarade avec des tripatouillages, doublons, règlement de compte et exclusion dans l’attribution des logements, le ministre Dramane Dembélé est encore au cœur d’un autre scandale portant sur la vente d’espaces publics à un promoteur privé d’école.
«Le ministre Dramane Dembélé a forcé un nouveau plan et a vendu l’espace public servant d’école, de jardin d’enfants et de marché à un particulier du nom de Seydou Konaté qui en a construit une école privée dénommée le Pacifique», assure Alassane Diarra, chargé à la communication de l’Adlos qui a une parfaite maîtrise du plan des logements sociaux de N’Tabacoro.
Selon lui, le plan des 1152 logements sociaux de N’Tabacoro a été fait depuis 2012 et le projet était presque fini avant le coup d’Etat du 22 mars 2012. Comme tout plan d’urbanisme digne de ce nom, il était prévu des espaces publics qui devaient servir de jardin d’enfants, d’école et de marché.
A la surprise générale des bénéficiaires des logements concernés, ces espaces ont été vendus à M. Seydou Konaté qui en a fait une école privée, «Le Pacifique». Curieusement, c’est la première fois qu’on voit un espace réservé à une école privée sur un site de logements sociaux.
Selon plusieurs bénéficiaires, Dramane Dembélé a divisé en deux l’espace du jardin d’enfants et de l’école pour vendre la plus grande partie au promoteur privé. La portion congrue est aujourd’hui réservée à la construction d’une école publique. «Une équation qui serait très difficile dans les jours à venir pour le ministère de l’Education pour la construction d’une école publique sur cet espace», explique Alassane Diarra.
Dans les archives du ministère de l’Urbanisme et de l’Institut géographique le jardin d’enfant public et le marché ont pour dénomination ILOMD sur le plan officiel, explique Alassane Diarra. «L’usage d’un espace public peut être modifié seulement par un décret pris en conseil des ministres. Ce qui veut dire qu’un seul ministre ne peut pas se permettre de le faire. Le ministre Dramane Dembélé fait-il exception à la règle ?», s’interroge-t-il.
«A notre avis oui puisqu’en violation flagrante des textes, il s’est permis de changer l’usage d’un espace public en le vendant à un privé», déplore Alassane Diarra.
Le promoteur de l’école privée est-il un parent du ministre ou son prête-nom ? Seydou Konaté est bénéficiaire d’un logement social. Pour les membres de cette association, cette affaire est une magouille d’autant que l’acquéreur est le «seul Konaté» dans un lot de logements qui n’abrite que les noms commençants par B.
Il n’est pas le seul incriminé car, l’Adlos rappelle qu’un autre espace réservé à la construction d’un centre de santé avait été vendu à un privé pour construire une station.
Les travaux de la construction du centre de santé avaient commencé lorsque la gendarmerie est venue ramasser les matériaux de construction pour l’amener à l’Office malienne de l’habitat (OMH). Et c’est suite à la protestation des femmes à l’OMH, en menaçant de se mettre nues, que la construction du centre de référence de santé à redémarrer.
En définitive, selon les membres de l’Adlos l’attribution des logements sociaux de N’Tabacoro par le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dramane Dembélé, a été un véritable fiasco.
Mais, les membres de cette association sont déterminés à se battre jusqu’au bout pour obtenir justice et sollicitent le soutien de toutes les organisations de la société civile et de tous les patriotes déterminés à désamorcer la bombe de la spéculation foncière au Mali.
Nos tentatives de rencontrer M. Konaté sont restées infructueuses !
Donc, affaire à suivre
Aliou Touré