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M. Mongi Hamdi, Représentant Spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali : « Ma mission a été menée comme je l’entendais »
Publié le jeudi 14 janvier 2016  |  Elmoudjahid.com
Déjeuner
© aBamako.com par A.S
Déjeuner d’adieu du représentant spécial Mongi Hamdy
Bamako, le 07 janvier 2016 le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye a rendu hommage à l’ex chef de la Mission onusienne en lui remettant, en la médaille de Commandeur de l’Ordre National à titre étranger au Radisson blu




À compter d’aujourd’hui, 14 janvier 2016, le représentant spécial du secrétaire général de l’onu au Mali, M. Mongi Hamdi, cède sa place à la tête de la Minusma au profit du Tchadien Mahamat Saleh Annadif.

À compter d’aujourd’hui, 14 janvier 2016, le représentant spécial du secrétaire général de l’onu au Mali, M. Mongi Hamdi, cède sa place à la tête de la Minusma au profit du Tchadien Mahamat Saleh Annadif. Dans cet entretien, qu’il a bien voulu nous accorder, en guise de message d’adieu au terme de sa mission, il revient sur le challenge qu’il a eu à relever tout au long de son mandat et qui aura vu, entre autres, les efforts déployés par la signature par les parties maliennes de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali .

El Moudjahid : Vous quittez, ce 14 janvier, votre poste de représentant spécial et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Quel bilan faites vous de votre mandat d’une année ?
M. Mongi Hamdi : Je pense que c’est un peu difficile de faire un bilan d’une année pleine d’activités tous azimuts. Je suis arrivé à Bamako à un moment crucial de la crise au Mali. D’ailleurs, quelques jours avant mon arrivée, un attentat sanglant avait eu lieu, comme si ses commanditaires voulaient m’intimider. Et c’est avec une grande détermination que j’ai pris mes fonctions et je me suis attelé à bien accomplir ma mission. Je dois ici renouveler mes sincères remerciements à toute l’équipe qui m’avait entouré pour bien mener la tâche ardue qui m’a été confiée par Monsieur le secrétaire général Ban Ki-moon.
Comme vous l’avez probablement appris, je me suis consacré durant des semaines à des négociations âprement menées avec toutes les parties prenantes pour qu’un accord pour une paix durable inclusive et irréversible voie le jour. Je l’avoue, ce n’était pas souvent une œuvre facile. L’enjeu était important pour chacun, et il fallait convaincre les frères ennemis à se mettre autour d’une table pour résoudre, d’une manière transparente, toutes leurs difficultés. Pour ne citer que quelques épisodes de ces rudes négociations qui avaient eu lieu entre Bamako, Alger et, la plus épineuse parmi elles, Nouakchott, je me rappelle des longues et difficiles négociations nocturnes. Toutefois, les résultats obtenus m’avaient fait oublier toutes ces difficultés. Je dirai même qu’elles m’encourageaient chaque fois à aller de l’avant. Je suis confiant de ce qui a été fait. L’Accord de paix issu du processus d’Alger et signé par toutes les parties a grandement contribué à apaiser une situation surchauffée qui avait failli embourber toute la région du Sahel africain. Cet accord, qui n’est pas idéal, a au moins le mérite d’avoir ramené les Maliens sur la voie de la paix et de la reconstruction.
Ceci dit, nombreuses tentatives avaient été enregistrées pour faire dérailler le processus de paix. Et il a fallu beaucoup de courage, de ténacité et de patience pour donner un second souffle à ce processus. En effet, le 23 septembre 2015 (rencontre à la Minusma entre les dirigeants militaires de la coordination et de la plateforme) est à considérer également comme une date fatidique, car elle symbolise une véritable prise de conscience des parties maliennes en conflit et constitue également un véritable tournant dans cette crise malienne. J’avais estimé que la paix avait besoin de cette prise de conscience malgré les quelques oppositions que j’avais rencontrées. Les pourparlers d’Anéfis, que j’ai personnellement initiés et supervisés au siège de la Minusma à Bamako, ont permis finalement d’aplanir les difficultés, renouer avec le dialogue et donner un nouvel élan à un processus de longue haleine.

Quelle est votre plus grande satisfaction, d’une part, et votre plus grand regret, d’autre part ?
Je ne serai pas prolixe sur cette question, car je voudrais que les autres jugent le travail qui avait été accompli. Ma satisfaction est d’avoir réussi cette gageure de la paix et d’avoir réuni les frères ennemis autour de la table, car je pense que seul le dialogue peut anéantir le mur de la méfiance et des animosités. En tant que diplomate, j’ai mis toute mon expertise au service de cette noble cause visant à instaurer une paix bénéfique pour toute la région. Ma satisfaction aussi est d’avoir eu toute l’aide et les encouragements des autorités algériennes qui n’ont pas failli à leur rôle catalyseur. Leur engagement et leur détermination à faire réussir le processus et à le pérenniser ont été salués par la communauté internationale. Quant au regret, je n’en ai aucun. Ma mission a été menée comme je l’entendais. En tant que spécialiste des négociations, j’ai déblayé le terrain en mettant en place un processus qui doit déboucher sur mise en œuvre de l’accord. Celle-ci aura besoin probablement de quelqu’un de plus versé dans ce genre de tâches.

L’accord de paix et de réconciliation a été signé pendant votre «présidence» de la Minusma. Sa mise en œuvre bute encore sur quelques difficultés. La paix n’a pas été encore rétablie. Pensez-vous être passé à côté de quelque chose qui aurait pu faire avancer plus vite cette mise en œuvre ?
J’avais déjà répondu à cette question. Je vous rappelle juste que nous sommes encore dans la phase de la mise en œuvre du processus de paix. Il y a toujours des forces négatives qui veulent faire dérailler ce processus parce que la paix nuit à leurs intérêts. Il faut rester vigilant et continuer à persuader les Maliens que la paix est la seule voie qui puisse leur assurer la stabilité et la prospérité.

Quels conseils allez-vous donner à votre successeur, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif ?
Comme je l’ai déjà dit, je quitte le Mali serein et confiant parce que mon successeur, Monsieur Mahamat Saleh Annadif, est un homme connu par sa riche expérience politique et diplomatique, ainsi que par sa parfaite connaissance de la région. L’excellent choix porté sur la personne de mon frère M. Mahamet Saleh est de bon augure pour la poursuite de cette grande et humaine mission.
Entretien réalisé par
Nadia Kerraz
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