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Les leaders religieux sont un non-problème
Publié le vendredi 15 janvier 2016  |  Séga DIARRAH
Séga
© Autre presse par DR
Séga DIARRAH
Séga DIARRAH




Il semble qu’il y ait un hiatus important sur le sens donné au mot laïcité.
Personnellement, je conçois comme la laïcité comme la neutralité de l’espace public, qui ne doit prendre parti pour personne, qui ne doit donner à aucune religion, ni à aucune idéologie la possibilité d’imposer à la collectivité ses propres schémas de pensée.

Chacun doit pouvoir croire ce qu’il veut, ou ne pas croire, sans que cela ait la moindre conséquence, ni positive, ni négative.
A entendre ou à lire certains Maliens, j’ai l’impression que l’on ne parle pas de la même chose. Certains considèrent que la laïcité interdit complètement de parler de religion au Mali. C’est un sujet banni, tabou. Que certains aient une haine de la religion (quelle qu’elle soit d’ailleurs), je le conçois, mais qu’ils en viennent à imposer le black-out, en détournant le concept de laïcité, je trouve cela abusif.

On clarifierait beaucoup le débat si chacun commençait par dire ce qu’il entend par laïcité, avant d’accuser ses adversaires de la violer. Que je sache, jusque maintenant, IBK n’a pas porté la moindre atteinte à la laïcité. Les « Inchallah, … » dans Ses propos se résument à affirmer que la dimension religieuse ne doit pas être occultée, que c’est un moteur important au sein de la société, et que les religions ont du positif à apporter (à condition de ne pas chercher à l’imposer) ! l’Etat est toujours neutre, aucune religion d’Etat n’a été rétablie, personne ne dispose d’avantages ou de désagréments du seul fait de son appartenance (ou de sa non-appartenance) à un religion ou à une confession.

Il faut donc arrêter les appels solennels qui ne riment à rien, sinon à prendre des postures et à exprimer un point de vue particulier (la haine des religions) que certains veulent ainsi imposer sans débats.

On pourra les ressortir lorsque des actes ou des propositions concrètes mettront effectivement en danger cette neutralité de l’espace public, à laquelle l’immense majorité des Maliens est attachée.

Pour l’instant, nous sommes sur un débat autre, qui est celui du droit des religions de s’exprimer légitimement au sein de l’espace public, droit que leurs dénient des extrémistes que j’appelle « laïcards ».

Ce n’est pas parce que l’on exprime, que l’on expose sa conception de la société que l’on représente un danger.
Dans ce cas là, tous les partis politiques qui se réclame (enfin plus trop) du marxisme et les courants trotskistes portent atteintes à la laïcité en proposant leur conception de la société. Après tout, marxisme et trotskisme ont tout d’une religion sécularisée, avec ses livres sacrés, ses prophètes, ses doctrines, ses hérétiques et son messianisme. Pourquoi eux seraient légitimes à s’exprimer et pas les religions ?

J’aimerais lancer un débat en posant la question suivante :
quelle place et quelle légitimité pour les discours tenus par les religions, au sein de l’espace public ? Merci d’argumenter, cela permet d’avoir des bases de discussion.

Séga DIARRAH
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