Le marché malien, depuis des années, est envahi de viande d’animaux abattus clandestinement. A cause de l’illégalité de cette pratique, la viande qui y provient est une véritable menace pour la santé des consommateurs.
L’abattage clandestin des animaux dans le district de Bamako est un fait connu de tout le monde depuis des années. Malgré ses conséquences multiples et graves sur la santé humaine, cette pratique ne semble pas occuper une place de choix des services en charge du contrôle de cette denrée et les ménagères, rarement, se donnent la peine de vérifier la qualité de la viande qu’elles font consommer à leurs familles.
La pratique, qui consiste à abattre un animal dont la viande est destinée à l’alimentation humaine dans un endroit non autorisé, est une pratique malsaine et dangereuse pour la santé des consommateurs. Ce qui fait dire à Moussa Samaké, un consommateur, “que ce problème est connu de tous et personne ne le prend au sérieux afin de mener contre lui une véritable lutte”.
Cette pratique est plus grave qu’on ne l’imagine selon des cadres de l’Abattoir frigorifique de Sabalibougou. Alors qu’on atteint difficilement les 200 têtes de bétail à abattre dans les services appropriés (abattoirs), plus de 350 têtes sont abattues clandestinement.
“A la suite d’une enquête que j’ai menée à Sabalibougou, Daoudabougou, Niamakoro, ce que j’ai vu et remarqué, il y a plus de 350 têtes qu’on abat quotidiennement sans passer par l’abattoir”, s’est indigné Dr. Ousmane Tounkara, chef de production de l’Abattoir de Sabalibougou.
En plus des bétails abattus clandestinement, des auteurs de cette pratique inhumaine se servent de bétails morts pour augmenter la quantité de viande qu’il bazarde sur le marché. “Quand les véhicules viennent avec le bétail, on y trouve souvent des animaux déjà morts, mais après les avoir jeté, il y a des gens qui viennent les dépecer pour les vendre soit dans les bars ou sur le marché”, a regretté Sinka Traoré, vendeur de viande.
Pour le chef de la division santé publique vétérinaire de la direction régionale des services vétérinaires de Bamako, Bamba Kéita, le choix des abattoirs dans l’abattage des animaux destinés à la consommation s’explique par le souci de santé des autorités. “Vous savez pourquoi on abat dans un abattoir autorisé ? C’est parce que là-bas il y a des vétérinaires qui sont chargés d’inspecter la viande pour extraire de la consommation la viande malade”, a-t-il précisé.
En plus des conséquences sanitaires, l’abattage en catimini est une véritable menace pour les bouchers qui sont dans les normes. Il constitue aussi un manque à gagner pour l’Etat du fait de son caractère clandestin. Pour M. Kéita, les moyens sont mis en place par l’Etat pour lutter contre ce fléau. “Dans les mission des services vétérinaires, la lutte contre les abattages clandestins à Bamako est une activité classique”, s’est-il vanté.
Les cas de cette illégalité sont sanctionnés par la saisie de la viande quelle que soit la quantité. A ceci s’ajoutent les sanctions judiciaires qui vont d’un à 5 ans d’emprisonnement. Il faut noter que malgré l’existence des textes condamnant cette pratique illicite, le phénomène persiste et la réaction des autorités chargées de ce contrôle est peu appréciée par les populations.
Selon des indiscrétions, l’absence des services vétérinaires sur le terrain est due à un manque de moyen conséquent pour mener à bien leur mission.
Ce qui est sûr, c’est que la lutte contre l’abattage clandestin ne peut être gagnée par les seuls services de contrôle, il faut un engagement des consommateurs, mais aussi des bouchers en normes.
Youssouf Coulibaly