Le choix des hommes sous IBK: le talon d'Achille d'un régime dépassé
S'il y a un élément dans la politique en Afrique qui doit concentrer toutes les attentions c'est le choix des équipes politiques et gouvernementales devant conduire les affaires publiques en Afrique.
Car de la qualité de ces équipes dépend en grande partie du succès ou de l'échec de ce que font les gouvernants sous les tropiques.
Au Mali, j'ai essayé dans plusieurs articles contribution entre 2012 et 2013 à attirer l'attention des maliens sur cet aspect de la politique au moment même où le pays était en campagne pour élire un président de la république.
J'écrivais entre autre que nos grands candidats sont connus à l'image d'IBK, de Soumaila Cissé, de Modibo Sidibé, de Zoumana Sacko, Oumar Mariko, Tiebile Dramé, Cheick Modibo Diarra, Dramane Dembelé, Moussa Mara, etc.
Mais ce qui est inconnu ce sont les hommes et les femmes qui constituent leurs équipes et sur qui ils comptent s'appuyer pour former leur équipe gouvernementale devant mettre en œuvre leur projet de Société si jamais ils ont des projets de Société pour le Mali.
J'ai également évoqué à cette époque la question cruciale de l'origine et des sources de financement des campagnes électorales de ces candidats à la magistrature suprême de notre pays mais ça c'est un autre débat dont nous allons revenir sûrement.
Pour revenir à la question de l'équipe des différents candidats aux élections maliennes, il est évident qu'aucun candidat n'avait suffisamment de ressources humaines avec des spécialistes dans tous les domaines de la vie publique devant lui aiguillonné dans la conduite des affaires publiques une fois élu.
Pour parer à cela, il est coutume que les hommes politiques au Mali font avec les moyens du bord c'est à dire avec les hommes et les femmes qui se présentent à eux sans chercher à voir ni leur moralité, ni leur passé souvent sulfureux ni même leur compétence.
C'est là où le bât blesse car il est pratiquement impossible de combattre la corruption et le népotisme avec des gens qui ont fait fortune ou qui ont bâti leur carrière professionnelle de plusieurs décennies grâce à la corruption et au népotisme.
C'est pour cela qu'on voit tout le temps des discours de nos dirigeants pour combattre la corruption mais que dans les faits la corruption prend une allure exponentielle année après année et régime politique après régime politique.
Le choix des hommes conditionne la philosophie politique au Mali et actuellement cette philosophie est axée sur l'enrichissement personnel du politicien et par tous les moyens et de préférence en un temps record au détriment d'une vraie conviction politique et d'un engagement fort pour l'intérêt supérieur du pays (transhumance politique, vagabondage financier à gogo, mensonges grossiers et grands détournements de l'argent public).
Tant qu'on aura pas un dirigeant politique capable de casser cette philosophie de la vie facile en politique on sera toujours bon dernier sur l'échiquier africain car notre pays est en plus handicapé sur le plan de la qualité de ses ressources humaines, sur le plan de la rareté des ressources financières, et de l'insuffisance des ressources naturelles en plus de son enclavement.
Et si en plus le peu de ressources financières que le pays dispose est amputé par la corruption et l'incompétence des équipes dirigeante alors il nous reste plus que la pauvreté généralisée, la famine, les maladies, les échecs scolaires, le chômage massif des jeunes, les villes et les campagnes poussiéreuses sans électricité ni eau potable rythmées par des saisons entre bons et mauvais hivernages.
Quand IBK est venu au pouvoir en septembre 2013, on a d'abord vu pour la première fois ses fils scotchés au téléphone, génération sms de la nouvelle bande: "On est trop content, Papa est devenu président de la république" (Karim Keita et son frère dans une vidéo d'Africable télévisions en compagnie de la famille de Soumaila Cissé).
Ensuite on a vu un certain Djimé Diallo, un transfuge du Maroc et un certain Oumar Tatam Ly, un argentier fabriqué à la BCEAO, puis Mahamadou Camara génération Diaspora, Sidy Mohamed Kagnassy de la fratrie des Kagnassy depuis le temps de Kissima Doucara, Aly Bathily, un transfuge du Sénégal, Ben Barka, génération "Ma famille d'abord" version Canada, Boubou Cissé, un Chicago boy de la banque mondiale, Mahamane Baby, génération "Ma famille d'abord"; Fily Bouaré, "Ensuite mes amis d'abord" et tant d'autres.
L'attelage gouvernemental et la concentration de conseillers de Koulouba a vite tourné au gaspillage des deniers publics par l'irrespect des procédures des finances publiques et l'avalanche des marchés publics douteux et frauduleux (marchés d'équipements militaires passés à un conseiller de Koulouba ou d'avion Boeing à un sulfureux homme d'affaires Corse, etc).
Ensuite il y a eu la génération Moussa Mara puis la génération Igor Diarra avec à la clé les mêmes séries de scandales vrais ou faux sur notamment:
- les 40000 tonnes d'engrais hors normes dits "frelatés" pour la bagatelle de 60 milliards qui ont inondé nos champs de coton et de riz sous IBK.
- les 1000 tracteurs avec l'entreprise Toguna en marché de grès à grès déguisé en appel d'offres pour 13 milliards avec un doute certain sur le pris unitaire de 8 millions proposé aux paysans maliens;
- L'attribution scandaleuse des 1553 logements sociaux par l'équipe de Dramane Dembele avec des maisons pour des ministres et pour plusieurs membres de leurs familles alors que des nécessiteux sont laissés pour compte.
À y voir clair est-ce un manque de contrôle du régime IBK sur les actions de ses ministres qui créent autant de scandales financiers dans la république des "Kankeletigui" autoproclamés ou bien c'est la nature même du cadre malien qui est inhérent au détournement des fonds publics?
En tout cas quelle que soit la situation il me semble qui ni le passé ni le présent ne semblent compter pour choisir un homme ou une femme dans les affaires publiques au Mali et la situation a pris une tout autre dimension sous IBK.
Quelques exemples:
- Mamadou Blaise Sangaré, casseroles à la caisse des retraités du Mali et conseiller à Koulouba;
- Kassoum Tapo, casseroles à la Commission Électorale Nationale et Indépendante en 1997, et conseiller à Koulouba
- Ben Barka, casseroles dans la rocambolesque affaire du marché du Boieng 737 d'IBK et conseiller à Koulouba
- Zoumana Mory Coulibaly, casseroles au bureau du pétrole de la douane, nouveau directeur de l'ONAP (Office National des produits pétroliers du Mali)
- Kassoum Denon, casseroles à l'office du Niger à Ségou, nouveau ministre de l'agriculture
- Checkina Seydi Diawara, casseroles brûlantes au ministère des mines sous le gouvernement d'IBK d'Alpha Oumar Konaré, nouveau ministre des mines aujourd'hui.
Etc, etc et ils sont loin d'être les seuls.
Il est peut-être temps de mettre un peu de morale et de retenue dans le choix des hommes et des femmes qui aspirent à un destin national chez nous si un jour nous voulons que ce pays aille de l'avant.
Nous ne pouvons pas continuer à nous apitoyer sur notre pauvre sort et continuer avec des pratiques et des comportements aux antipodes de la bonne gouvernance.
Nous devrons rapidement devenir sérieux envers nous mêmes et envers les autres sous peine de disparaître en tant que pays car ce que nous avons vécu en 2012 n'était que les prémices d'une fin inéluctable qui se trouve à l'issue de la voie d'impasse que nous empruntons depuis des lustres.
Salute