Le remaniement ministériel tant attendu est intervenu le vendredi 15 janvier 2016. Sur les 32 membres du 3ème gouvernement Modibo Keïta, on enregistre 3 sortants et 4 entrants avec beaucoup de mutations. On note également une légère augmentation de la taille du présent gouvernement par rapport au gouvernement précédent.
Sur proposition du Premier ministre, le Président de la République a signé le décret n°2016-0022/P-RM du 15 janvier 2016 portant nomination des membres du gouvernement. Ce léger remaniement ministériel a pris tout le monde à contre-pied. Car, il était annoncé l’ouverture du nouveau gouvernement aux représentants des groupes armés. Mais, il a été formé sans ces derniers et n’a enregistré que l’arrivée de 4 nouvelles têtes et le départ de 3 désormais anciens ministres. Il a aussi engendré beaucoup de mutations et de réaménagements des portefeuilles ministériels et de chamboulement d’ordre protocolaire.
Les partants et les raisons de leur départ
Composé de 32 membres contre 31 pour le gouvernement sortant, la nouvelle équipe gouvernementale note 3 départs. Il s’agit du super ministre et homme fort du parti présidentiel, Dr Bocary Tréta, ministre du Développement rural, le jeune ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra, et de Me Mamadou Gaoussou Diarra, ministre de la Promotion de l’Investissement et du Secteur privé. S’agissant du premier, certes son départ fait grincer les dents et met en ébullition le parti du Président de la République, le RPM, mais c’était envisageable. Car, sa gestion était largement critiquée. Il s’agit de l’affaire dite engrais frelaté et du dossier des 1000 tracteurs. En plus de cela, la guerre de positionnement entre Abdoulaye Idrissa Maïga, proche de la famille présidentielle, et Tréta au sein du RPM y est pour quelque chose. Sans oublier son ambition d’occuper la Primature. Quant au ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra, malgré son tapage médiatique autour de présumées performances économiques, son manque de respect et sa déloyauté envers le Premier ministre Modibo Keïta lui ont coûté son poste. Un Premier ministre qui est respecté même par son cadet de Président de la République, IBK. Mamadou Igor Diarra avait aussi en commun avec Dr Tréta l’ambition de remplacer Modibo Keïta à la tête du gouvernement. En ce qui concerne Me Mamadou Gaoussou Diarra, au regard de ses relations avec le chef de l’Etat, son départ a été une surprise. Certaines langues délirent en affirmant que son départ n’est pas une sanction. Il attendrait une promotion.
Les entrants
Le gouvernement Modibo Keïta III compte 4 entrants. Il s’agit de l’enfant de Dioïla, Konimba Sidibé, qui remplace Me Mamadou Gaoussou Diarra au département de la Promotion de l’Investissement et du Secteur privé, de Kassoum Denon à l’Agriculture, du Pr Assétou Founè Samaké Migan à la Recherche scientifique, et de Nango Dembélé au ministère de l’Elevage et de la Pêche. Réputé être intègre, Konimba Sidibé a beaucoup aidé le régime IBK en termes de gouvernance. A titre d’exemple, c’est lui qui faisait partie des experts invités pour former les cadres du RPM aux principes de la bonne gouvernance en bannissant toute manifestation de la corruption. C’était à la faveur d’un atelier de renforcement des capacités des cadres RPM sur le thème «la Gouvernance et la corruption», tenu du 20 au 21 décembre 2014. Ainsi, il signe son retour au gouvernement, 24 ans après sa participation au gouvernement de la transition dirigée par Amadou Toumani Touré en 1991. Pour avoir passé toute sa vie à l’Office du Niger, M. Denon a gravi tous les échelons dans cette structure avant de devenir PDG de ce géant agricole. Donc, il en terrain connu. En ce qui concerne Pr Founè Samaké, au-delà de son expérience de son dévouement pour les recherches, la leçon modèle qu’elle a présentée lors de la rentrée solennelle universitaire semble avoir séduit le Président de la République. A cet instant, point de doute sur sa capacité de gérer ce Département. S’agissant de Nango Dembélé, précédemment au Commissariat à la sécurité alimentaire avec rang de ministre, est un fin connaisseur des rouages du département dont il a la charge.
Les mutations
L’actuelle équipe gouvernementale a connu des mutations.
Boubou Cissé monte en grade. Il quitte le ministère des Mines pour celui de l’Economie et des Finances. Abdoulaye Diop a été renforcé. Précédemment ministre des Affaires étrangères, il occupe le portefeuille du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine. Cheickna Seydi Ahamady Diawara, ministre de la Coopération internationale dans l’ancien gouvernement, s’occupe désormais des Mines.
Des scissions et des regroupements
Le présent gouvernement a été aussi caractérisé par la création de nouveaux départements ministériels et le regroupement d’autres. Ainsi, on retiendra que le ministère de Développement rural a été scindé en deux. Il s’agit du ministère de l’Agriculture et celui de l’Elevage et de la Pêche. Le ministère de l’Enseignement supérieur se sépare désormais de la Recherche scientifique. Aussi, certains ministères ont-ils été regroupés en un seul. C’est le cas du ministère de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine qui se fond dans le ministère les Affaires étrangères pour donner le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine. L’ordre protocolaire du gouvernement a aussi connu des chamboulements. La deuxième personnalité de l’ancien gouvernement, Bocary Tréta, étant débarqué, c’est le ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamadou Konaté, qui devient le deuxième homme fort du gouvernement. Abdoulaye Idrissa Maïga, lui qui occupait le 8ème rang dans le gouvernement précédent, devient désormais le n°3 du gouvernement Modibo Keïta III.
Oumar KONATE