Comme les ex-putschistes Maliens, ceux du Burkina ont été également en contact avec les mêmes jihadistes à l’origine d’attentats dans les deux pays sous l’œil présumé vigilant de l’opération Barkhane. Que de coïncidences !
Le Bilan des attaques au Burkina est désormais bien connu: 29 morts et de très nombreux blessés, en l’occurrence, des Occidentaux. Les enquêtes sont en cours en vue de révéler tous les contours du drame. En attendant, ce ne sont pas les coïncidences qui manquent d’avec les attentats de l’Hôtel Radisson Blu et de la «Terrasse» à Bamako.
Un Hôtel et un restaurant particulièrement fréquentés par des Occidentaux; le même mode opératoire (intrusion, prise d’otages, exécution sommaire d’étrangers, etc.); des revendications de la même tendance jihadiste... Les coïncidences ne s’arrêtent pas là. Il se trouve que les auteurs des attaques de part et d’autres, ont été également en contact avec les ex-putschistes dans les deux pays (Burkina-Mali).
On le sait: le groupe Almourabitoune de Belmoktar ayant revendiqué les attaques au Faso, s’est récemment réconcilié avec AQMI dirigé par Drukel lequel est parraine Ançar-dine d’Iyad Aghali. C’est la même tendance qui a revendiqué l’attentat à l’hôtel Radisson de Bamako. Elle a revendiqué celui du Burkina.
Les personnages cités plus haut ont tous participé à la campagne de Konna le 09 janvier 2013 où ils ont été chassés une semaine plus tard par les Armées françaises et Maliennes, entre le 15 et le 16 du même mois.
L’on ne saurait blâmer, soit dit en passant, ceux qui apercevront une symbolique dans les dates. L’attaque de l’Hôtel et du restaurant burkinabés coïncident presque, jour pour jour avec la débâcle des jihadistes à Konna, trois ans plutôt. Un anniversaire alors ? L’on est en droit d’y accorder un crédit dans la mesure où les vaincus ont promis ce jour, de se venger de la France et alliés.
Troublantes coïncidences… au Mali…
Quelques jours avant l’offensive jihadiste à Konna, les services secrets français ont bien intercepté une communication entre Iyad Aghaly et les putschistes maliens. C’est, selon la presse française (Libération), le détail qui a précipité la décision de Paris.
Il est en effet avéré, selon le journal citant les services de renseignement français, qu’avant et après la prise de Konna (8, 9 et 10 janvier), «les groupes terroristes, et particulièrement Ançar-Dine, étaient en contact permanent avec les leaders des manifestants qui, à Bamako, exigeaint, depuis quelques jours, le départ du président Traoré».
Pour rappel, à la date indiquée, c’est-à-dire au moment même où l’assaut contre Konna était lancé, un groupe de manifestants proches, voire contrôlés par les putschistes de Kati, organisait une marche à Bamako pour demander le départ du président intérimaire, Dioncounda Traoré.
Selon de nombreux analystes, les deux actions étaient bien synchronisées. «Putschistes et jihadistes s’étaient mis d’accord pour mener une action conjointe: les premiers prenaient Sévaré tandis que les seconds dénonçaient l’incapacité du pouvoir en place à empêcher la chute d’une ville si importante. Résultat: le président par intérim, Dioncounda Traoré, chutait dans les 48 heures et un nouveau pouvoir s’installait à Bamako. De mèche avec les terroristes, les putschistes n’auraient pas autorisé le déploiement de la Misma et encore moins une intervention militaire française… » (Nouvel Observateur du 10 février 2013).
Tout indique en effet que putschistes et jihadistes avait scellé un pacte au moment des faits. Mais un deal auquel Dieu n’a pas été associé, fort heureusement pour le Mali.
… Au Burkina aussi
Le saviez-vous ? Pendant qu’Iyad Aghaly semait mort et désolation dans son sillage au Mali, et foulait au pied les différents accords signés à Ouaga, son épouse Anna Walet Bicha, ainsi que ses principaux lieutenants se trouvaient sous les ailes protectrices du médiateur dans la crise malienne, l’ex-président Blaise Compaoré. Et ce n’est qu’avec la déchéance de ce dernier, que le Burkina connut la première attaque terroriste de son histoire.
S’il est vrai que trois points non alignés forment indubitablement un triangle, il est alors évident que l’ancien président burkinabé et ses hommes de main (les ex-putschistes conduits par le Général Diendéré) avaient, à l’image des ex-putschistes maliens, conclu un pacte avec les mêmes jihadistes dont Iyad Aghaly.
Autres coïncidences: la veille de l’attaque au Faso, la justice Burkinabé avait émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président Compaoré. Quelques heures plus tard, la Côte d’Ivoire où il a trouvé refuge lui octroie la nationalité ivoirienne. Question de ne pas le livrer en sa désormais qualité de citoyen ivoirien. Et voilà 48 heures seulement plus tard que le pays est frappé par l’attentat le plus sanglant de son histoire.
Alors questions: Iyad et les siens seraient-il le bras vengeur de Blaise ? Où pis, serait-il un instrument de terreur aux mains du plus offrant en quête d’objectif inavoué dans cette partie du continent? Des mercenaires ? Ou encore mieux ou pis : Iyad serait-il ce jihadiste qui joue le jeu des autres en attendant, lui-même, d’avoir toutes les cartes en main ? Cette dernière interrogation a tout son sens quand on sait qu’il est resté dans l’ombre du MNLA le temps qu’il a fallu avant de prendre véritablement la situation en mains à Kidal. Cet homme sait bien ce qu’il veut et ne recule devant rien pour l’obtenir.
Les limites de Barkhane
C’est le 1er août 2014 que l’opération Barkhane a été officiellement lancée par les armées françaises, à la suite de Serval. Elle est censée couvrir les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS), à savoir, la Mauritanie, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina-Faso. Son effectif est de 4 000 hommes avec d’importants moyens logistiques dont une quarantaine d’aéronefs.
Vous remarquerez cependant que d’Août 2014 à nos jours, ces pays, excepté la Mauritanie, et certains, à l’image du Burkina et du Mali ont connu pour la première fois, les attentats les plus sanglants de leur histoire.
Et d’août 2014 à nos jours, aucun des principaux personnages (Drukel, Belmoktar, Iyad Aghaly) n’a été déniché à fortiori abattu par ladite opération. Pis, les groupes jihadistes qu’ils contrôlent ont, d’août 2014 à nos jours, ont étendu leurs tentacules hors du sahel et du Maghreb.
Et pendant qu’elle s’active frénétiquement dans ces zones du Nord, les groupes qu’elle est censée traquer commettent les attentats les plus meurtriers dans les régions du sud.
Et pourtant, tous ces chefs jihadistes sont inscrits sur la liste noire de l’ONU (le cas d’Iyad remonte à Mars 2013).
Selon le bilan 2015 fourni par le ministère français de la Défense, l’opération Barkhane qui coûte 700 millions d’euros par an, a mené 150 opérations, trouvé 100 caches d’armes, détruit 16 tonnes de munitions et d’explosifs, neutralisé 39 combattants ennemis...
Hélas, au même moment, les groupes terroristes qu’elle est censée neutraliser, ont fait des centaines de victimes. Et encore au même moment, l’ennemi progresse et étend ses zones de prédilection loin des zones désertiques où, règne.
A se demander alors si la France n’a pas perdu sa guerre, ou du moins sa bataille dans cette partie du continent.
B.S. Diarra
Source : la Sentinelle