IBK gouverne aujourd’hui mais le sort du parti présidentiel né 15 ans plus tôt de la déchirure d’un parti au pouvoir (Adema PASJ) semble n’avoir pas évolué depuis l’an 2000. Colère et indignation sont les sentiments les plus partagés au sein du Rassemblement pour le Mali (RPM) surtout avec le dernier remaniement ministériel intervenu le vendredi dernier, 15 janvier 2016. Pour l’instant rien ne viendra publiquement témoigner du ressentiment des cadres du RPM qui n’ont eu jusqu’ici que la ponction congrue.
Le RPM est un parti au pouvoir pas comme les autres, avec des ministres que l’on peut compter du bout des doigts dans un gouvernement comptant une trentaine de portefeuilles. Il y a de quoi être frustré pour les compagnons d’IBK qui savent bien qu’on n’est pas en face d’un gouvernement d’union. Un analyste se plaisait à dire que les militants du RPM auraient été mieux servis si l’on avait mis à l’écart les ministres proches de la famille du Président.
Côté officiel, l’état-major du RPM tente de minimiser la portée des commentaires de la presse sur l’éviction de Dr Bokary Tréta du gouvernement. Le communiqué pondu par le Bureau exécutif national cache mal le malaise qui réside au sein du parti, en invitant les militants à être «mobilisés autour du projet de société et du programme du Parti ». Egalement, de nombreuses prises de position faites çà et là par des militants du parti font comprendre qu’il s’agit d’une décision concertée entre l’ex-ministre du Développement rural et le président Keïta pour consolider l’implantation du parti présidentiel à travers le pays.
Pourtant, c’est le RPM qui a fait le président IBK, même si ce dernier a soutenu qu’il doit son élection au peuple malien. Que fait donc le président des années de braise qu’il a traversé avec les cadres de son parti qui poirotent toujours ? Il faut surtout se rappeler le travail de fourmi abattu par les démissionnaires de l’Adema qui ont créé Alternative 2000 animé par des figures comme Bokary Tréta, Issa N’Diaye et bien d’autres.
A l’actif de ce mouvement : la saignée de l’Adema dont une grande partie des militants ont démissionné pour fonder plus tard le RPM en 2001. Beaucoup de militants qui ont suivi IBK en quittant l’Adema, l’ancien parti au pouvoir, voient leur rêve de promotion s’effondrer avec le départ de leur camarade Tréta qui a bu avec IBK le calice jusqu’à la lie. On dit que c’est lui qui a créé le parti, alors qu’IBK était en « exil » au Gabon.
C’est dans ce contexte que l’on s’attend à une exacerbation de la fronde menée en douce au sein du parti au pouvoir. Des observateurs rapportent que les mécontents du RPM sont dans la logique de créer leur propre parti, une aventure qu’il vaudrait mieux éviter. Au vu des reproches que l’on fait à l’ancien ministre du Développement rural, il a intérêt à ne pas prendre la porte du parti au pouvoir pour s’exposer à des ennuis.
En revanche, il y a des risques que la confrontation de deux camps au sein du parti au pouvoir puisse se poursuivre pendant longtemps. L’on se souvient de l’épisode de l’Assemblée nationale où la tendance du secrétaire général du parti (Dr Tréta) a affronté le camp adverse pour le contrôle du bureau du Parlement national. On sait également que le président Keïta soupçonne des soutiens de Tréta d’être derrière la fuite d’informations censées compromettre le Premier ministre.
Soumaila T Diarra