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Les putschistes favorisés? L`Afrique redoute un "précédent" au Mali
Publié le lundi 21 mai 2012   |  AFP


Crise
© Reuters par DR
Crise malienne / Médiation : Blaise Compaoré en réunion avec des représentants de l`ancienne junte militaire.
Mercredi 2 mai 2012. Ouagadougou, Burkina Faso


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ABIDJAN - En accordant à l`ex-chef de la junte au Mali le statut d`ancien président pour dénouer une grave crise, la médiation ouest-africaine a suscité de l`inquiétude en Afrique, où l`on redoute un
mauvais exemple sur un continent encore secoué par les coups d`Etat.
"Demain, un caporal peut se lever et faire + son + putsch", s`alarme Nouhou Arzika, figure de la société civile au Niger. "Naturellement, ça va être une vraie plaie pour la démocratie en Afrique", assure-t-il à l`AFP.
Dans l`immédiat, le Mali reste en tout cas sous haute tension: le président intérimaire Dioncounda Traoré a été frappé et blessé lundi à son bureau, près de Bamako, par des manifestants en colère contre sa désignation comme chef de la transition pour un an. Il a été hospitalisé mais sa vie n`est pas en danger.
Après des semaines de blocage, la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) est parvenue ce week-end à un accord avec l`ex-junte du capitaine Amadou Haya Sanogo, qui avait renversé le 22 mars le président malien Amadou Toumani Touré. Malgré un premier accord conclu début avril, les ex-putschistes restaient au centre du jeu et bloquaient la transition.
Pour encourager le capitaine Sanogo à quitter la scène, la médiation
ouest-africaine a octroyé à celui qui était un illustre inconnu il y a deux mois le statut d`ex-chef de l`Etat, avec tous les avantages dus à ce rang.
Cependant, à travers le continent, des experts craignent qu`un mauvais exemple n`ait été ainsi donné, alors même que l`Union africaine et la Cédéao ne cessent de proclamer leur refus des "prises de pouvoir par des voies anticonstitutionnelles", notamment en Guinée-Bissau où l`Afrique de l`Ouest a aussi dû manier la carotte et le bâton avec les putschistes du 12 avril.
Pour Jean-Christophe Kindia, politologue en Centrafrique, l`accord au Mali constitue "un précédent très grave qui est lourd de conséquences". "Car ce n`est ni plus ni moins qu`une légitimation de l`emploi de la force, de l`utilisation des armes, comme mode d`accession au pouvoir".
"Ce n`est pas bon pour la sous-région ouest-africaine, et ce n`est pas bon pour l`Afrique", tranche Osisioma Nwolise, spécialiste de sciences politiques à l`université d`Ibadan, la plus prestigieuse du Nigeria.

Manque de "crédibilité"

"Pour maintenir sa crédibilité, la Cédéao doit rester toujours ferme",
selon Augustin Loada, constitutionnaliste à l`université de Ouagadougou et secrétaire exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), un centre de réflexion du Burkina Faso.
Encore faut-il avoir les moyens de la fermeté. "On constate les limites du +soft power+ à l`africaine. Tant que l`Afrique de l`Ouest ne sera pas crédible sur le plan militaire, ses menaces ne feront peur à personne", souligne un diplomate occidental en poste à Abidjan.
Face à la junte, "au début, la Cédéao a été un peu vite, parlant d`une future intervention militaire. Elle aurait dû être consciente qu`elle n`était pas capable d`intervenir", confirme Alain Antil, responsable du programme Afrique subsaharienne à l`Institut français des relations internationales (Ifri) à Paris.
Accorder au capitaine Sanogo le statut d`ancien chef de l`Etat, en plus de l`amnistie pour lui et ses hommes, "cela a été vu comme un prix à payer
acceptable", juge le politologue ougandais Frederick Golooba-Mutebi. "On n`en est plus à l`époque où l`UA se contentait de dire que les coups d`Etat sont une affaire intérieure" à chaque pays concerné, se réjouit-il.
Pour Alain Bédouma Yoda, ancien chef de la diplomatie burkinabè, le
compromis à Bamako a été surtout dicté par l`urgence de la crise dans le nord du Mali, contrôlé depuis bientôt deux mois par des rebelles touareg et surtout des groupes islamistes armés, notamment Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
"La situation au Mali est telle que si on ne trouvait pas vite une solution à Bamako pour consolider les institutions et l`armée afin de faire front au nord, le Mali pouvait basculer avec toute la sous-région", souligne-t-il.
Les putschistes, selon lui, "on ne peut pas les écarter complètement sans compromis à partir du moment où ils sont devenus de fait les maîtres". "Entre deux maux, il faut choisir le moindre mal".


burs-tmo/eak/sba

topic@afp.com

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