Les questions pertinentes posées par les journalistes au président des Fare An Ka Wuli, au cours de son point de presse, portaient, entre autres, sur la gestion de l’Initiative riz ; sa propriété supposée d’une centaine de véhicules dans son champ ; la raison de la défection de Kaoural et l’implication des leaders religieux dans la vie politique de la nation. Nous vous proposons les éléments de réponse donnés par le président des Fare An Ka Wuli, Modibo Sidibé, sur l’Initiative riz.
L’Initiative riz -particulièrement l’histoire des 42 milliards de Fcfa- était une inquiétude soulevée par Daouda B. Koné de Radio Futur média. Lequel a demandé à Modibo Sidibé des explications à ce sujet. L’ancien Premier ministre, non moins initiateur de l’Initiative riz, actuel président du parti Fare, s’en est expliqué en ces termes : «Je ne sais pas s’il faut encore parler de l’Initiative riz et de ses fameux 42 milliards Fcfa mythiques, que personne n’a trouvés nulle part ! On ne peut pas les trouver parce que ces 42 milliards de Fcfa étaient une estimation. La réalisation était à 35 milliards de Fcfa. Sur ces 35 milliards, 22 milliards sont la participation des producteurs. Ils achètent l’engrais, les intrants, l’eau et les repiqueuses, c’est tout cela cumulé qui fait les 22 milliards Fcfa, voire plus. Et vous n’avez pas entendu les producteurs dire que leurs milliards ont disparu. Il restait 13 milliards sur les comptes de l’Etat et de ce compte, à peu près 4 à 5 milliards Fcfa étaient un apport de nos partenaires (Canada, Pays-Bas, Danemark et d’autres Institutions multilatérales). Alors, faites le calcul ! Je ne sais pas où l’argent serait parti. Aucun montant n’a été géré par la Primature. Une convention financière a été passée entre le ministère des Finances et la BNDA, et bien entendu, avec les structures compétentes du ministère de l’Agriculture. Je disais tout à l’heure que c’est une initiative structurelle, car tout le monde a vu en 2008 que l’une des crises que personne n’a prévue à peu près, était la crise alimentaire. Il y a eu des émeutes en raison de la faim un peu partout dans le monde. Le Mali a heureusement échappé à cette crise alimentaire et nous rendons grâce à Dieu. Parce qu’on avait mis en place des mécanismes qui ont bien fonctionné. Pendant ce temps, l’objectif fixé au gouvernement par le programme du président Amadou Toumani Touré, à l’époque, c’était de parvenir à l’horizon 2012 à 10 millions de tonnes de céréales, toutes catégories confondues. Nous nous sommes donc basés sur l’Office du Niger. C’est pour ça que nous sommes allés dans cette direction. La seule façon de le faire comme d’autres pays l’ont fait, c’était de subventionner les engrais. D’abord, ceux qui sont à l’Office et qui ont le plus accès aux engrais, n’avaient pas toujours suffisamment accès à ces intrants. Je disais à quelqu’un l’autre jour que tous ceux qu’on appelle paysans, agriculteurs, riziculteurs, et qui sont en dehors de l’Office, sont gérés par les Directions régionales de l’agriculture. Sur cet ensemble, dans la campagne 2007-2008, il n’y avait que 15.000 personnes qui utilisaient l’engrais. Avec l’Initiative riz, on est passé à 91.000 et lors de la deuxième campagne, à 153.000 ; tandis qu’avec la troisième campagne en 2010, il y a eu plus de 198.000 personnes. Voilà comment un pays s’est battu. C’était la première fois, au Mali, qu’on prenait des ressources publiques pour le monde rural dans le domaine le plus important qu’est l’agriculture. Pour ceux qui pensent que ça a été un échec, qu’ils prennent la peine d’aller demander aux producteurs et ils leur diront ce qu’ils en pensent. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour saluer les producteurs. Je vais les saluer, parce que quand ils faisaient cette demande, quand ils me disaient : ‘’Monsieur le Premier ministre, si vous ne faites pas quelque chose, même ceux qui achetaient l’engrais ne pourraient pas l’acheter…’’. J’ai dit que j’ai entendu et qu’on va examiner la question. On l’a fait. Quand l’annonce leur a été faite, ils m’ont dit : ‘’Monsieur le Premier ministre, si vous tenez votre parole, nous, on va vous montrer qu’ici au Mali, il y a des travailleurs. Nous allons produire’’. Et ils ont produit. Bravo à eux ! C’est ça l’essence des choses ! Pour moi, il faut poursuivre cela. L’Initiative riz a été étendue au maïs et il y a eu des expérimentations sur d’autres productions, notamment sur le blé dans les zones au Nord du pays. Donc, il faut continuer dans cette dynamique».
Plus loin, Modibo Sidibé dira : «pour la paix dans le Nord, pour le développement dans le Nord, il y a une deuxième grande zone de l’Office du Niger : c’est toute la zone du système Falémé ; c’est le barrage de Taoussa. Quand on dit que rien n’a été fait, c’est moi qui me suis fait l’honneur, avec d’autres Maliens patriotes, compétents, expérimentés, de monter les dossiers de base de Taoussa et on s’est battu pour avoir le financement. J’ai eu la chance d’être à la dernière Table-ronde des bailleurs de fonds. Mais là où on a travaillé, notre objectif était de tout faire pour que, rapidement, les travaux du barrage commencent et les travaux ont été lancés. C’était 140.000 hectares, 27 Mégawats au départ et cela a changé tout dans la zone. C’est cela aussi le développement. Si l’Initiative riz n’avait pas existé, il aurait fallu la créer. En 2011, pour les 10 millions de tonnes de céréales, nous étions à plus de 65% d’atteinte de ce résultat. La production céréalière est lancée maintenant depuis quelques années au Mali, et j’espère que ça va se poursuivre. Améliorer l’avant-production, la production, la post-production et organiser les circuits de commercialisation qui ont été une faiblesse dans le cas de l’Initiative riz, c’est ce qu’il faut aujourd’hui.»
Gabriel TIENOU/Stagiaire