Certains jours l’on aimerait être sourd et aveugle pour ne pas avoir à entendre ni voir certains propos. Lorsque ces propos sont tenus par la deuxième personnalité de l’exécutif français on sait d’avance que sa médiatisation en France et hors de France vous atteindra. Vendredi 15 janvier 2016 sur le plateau de l’émission ON N’EST PAS COUCHÉ, dans un style normalement réservé aux débutants en politique et aux assoiffés de lumière le premier ministre français s’est entremêlé l’esprit, la pensée et les paroles. Face à l’insistance de la question d’un humoriste au sujet de la présence de personnalités controversées telles Ali Bongo président du Gabon à la marche de Janvier 2015 à Paris et de la présence militaire de la France un peu partout, le premier ministre a été d’une maladresse totale. Il a reconnu publiquement qu’Ali Bongo n’avait pas été élu démocratiquement contrairement au président malien Ibrahim Boubacar KEITA. Les gabonais apprécieront selon leurs bords politiques. Quant aux maliens, n’eût été la totale soumission indécente de leur président à la France ajoutée à l’inertie érigée en système, ils auraient fanfaronné mais ce luxe est réservé aux peuples en paix. Si la parole de la France compte beaucoup aux yeux des colonisés et leurs descendants, cette même parole a un penchant corrosif. Qui s’y frotte s’y pique.
Manuel Valls a rajouté que la France n’avait aucun intérêt à défendre au Mali. Après avoir entendu ça, on a envie de dire « Mère Theresa, sort de ce corps ». Valls vient de nous permettre de faire trois découvertes majeures qui pourraient changer le cours de notre existence. La France entretient des relations étroites avec le Gabon depuis l’ère Omar Bongo avec un accord de défense militaire et un droit de jouissance et d’abus sur les ressources minéralogiques du pays. ELF Gabon n’est pas une fable mais existe bel et bien pour la France dans ce petit pays. A la mort du président Omar Bongo chantre et vecteur perpétuel du réseau France Afrique, Ali Bongo a été porté à la tête du Gabon dans un déni démocratique bafouant la volonté du peuple gabonais avec la caution de la France. Pour faire court, la France a installé Ali Bongo pour protéger le pillage des ressources gabonaises et continuer d’infantiliser les gabonais. Rien n’a changé dans les rapports entre la France et ce pays au point que Bongo se retrouve en tête de cortège de la marche pour la liberté d’expression aux côtés des présidents présents. Trois analyses sont plausibles :
-Soit la France marche sur les droits de l’homme et sur la démocratie pour protéger ses intérêts dans le monde
-Soit Valls n’était pas au courant de la façon dont Bongo est arrivé au pouvoir avant la marche
-Soit Valls ment pour faire plaisir
Quoi qu’il en soit, un homme d’état tel que Manuel Valls n’a pas à être aussi condescendant envers un chef d’état quelque soit son défaut. Vu d’Afrique, Valls et la France n’ont aucune leçon à donner ni au Gabon ni à un autre pays. La politique étrangère de la France fait plus de morts que DAESH. D’ailleurs la France a des parts de marché chez DAESH car ayant contribué à sa création et à sa médiatisation. DAESH permet à la France d’exporter des armes et ainsi dynamiser sa croissance. A travers DAESH, le management du chaos et de la terreur sont entretenus en France.
Manuel Valls a rappelé que le président du Mali a été démocratiquement élu en opposition à celui du Gabon. Cela rappelle la proximité et les connivences entre la diplomatie française et le processus électoral ayant conduit à l’élection du président Ibrahim Boubacar KEITA. En écoutant Manuel Valls encenser le président IBK, il ne pouvait en être autrement puisque IBK est la résultante de ce que la France projette au Mali. On se rappelle tous de la phrase assassine du président Hollande en 2013. « Je serai intransigeant sur la date des élections présidentielles au Mali ». Quand on peut se permettre d’imposer la date de la présidentielle d’un pays qui produit de l’or, du coton, du fer et qui regorge une quantité non chiffrée de richesse, pourquoi se contenter de ça. On peut pousser le bouchon jusqu’à produire les cartes électorales de ce pays puis influencer la désignation du vainqueur des élections avec tous les canaux dont on dispose. Institut de sondage, medias (RFI, France24, Jeune Afrique) ont été déployés pour les besoins de ce projet. Dire que IBK a été mieux élu est un euphémisme venant d’un maillon fort de son installation. IBK membre de l’internationale socialiste était l’homme de la situation de la France. D’ailleurs par média et justice interposés la France fait souffler le chaud et le froid au président du Mali. Quand cela ne suffit pas, le FMI et l’ONU mettent une couche et le peuple malien avale comme un mouton.
La France se serait mouillée à ce point au Mali avec des morts dans les rangs de ses troupes militaires sans intérêts à défendre? Si la France aime tant le Mali et les maliens, pourquoi n’a-t-elle pas fait un moratoire sur l’expulsion des maliens en situation irrégulière en France pendant la progression des terroristes vers le sud du Mali ? Pourquoi n’a-t-elle pas fait la promotion des maliens en France comme Valls le fait par tous les moyens pour les juifs et Israël ainsi que pour certaines minorités chrétiennes en Égypte ou en Irak?
L’opinion publique française est telle que, sans des intérêts dont elle bénéficie elle se serait soulevée contre les interventions militaires au Mali, en Libye et en Centrafrique qui sont budgétivores et meurtrières pour ses soldats. Dire que la France n’a pas d’intérêt au Mali pour justifier sa présence est une méconnaissance de la géopolitique régionale et des réalités minéralogiques de la zone.
L’économie française a atteint ses limites dans le concours des pays industrialisés. La poussée de la Chine et de son usine du monde donne des nausées à l’Elysée et Matignon. L’un des secteurs dans lesquels la France demeure avec un prestige indiscutable est l’industrie de l’armement. Pour continuer à écouler des armes à travers des contrats en échange de ressources et de cash, il faut maîtriser les zones en guerre ou maîtriser les variables de la guerre et de l’instabilité. La France manipule les variables d’instabilité (les ethnies, la religion, le régionalisme et les rébellions) puis revient en pompier pendant les affrontements, s’installe en faiseur de paix par la guerre en dopant ses ventes d’armes aux belligérants. Elle en profite pour glisser des accords de défense militaire avec les pays affaiblis. Le Mali est le théâtre de cette expérimentation à taille humaine au vu et su de tous. Les plus limités ne pousseront jamais la réflexion à ce niveau. L’émission de France2 ON N’EST PAS COUCHÉ est un refuge de français victimes de demedulation et de décérébration qui ont démissionné de la sphère des réflexions. Ils se font livrer des réflexions toutes faites comme des pizzas. Manuel Valls étant un adepte de la pensée unique gagne à venir mentir dans ces genres de tribunes ou le public assis dans son canapé en plein hiver ne se donnera aucun mal à aller chercher la contradiction. La présence de la France en Afrique contribue à perpétuer les conditions suffisantes et nécessaires de la dépendance multiforme de l’Afrique vis-à-vis de la France. Les propos de Manuel Valls sont aussi faux que son regard quand il est acculé.
Le jour où la France n’aura plus d’intérêt en Afrique, ce jour là, on réfléchirait bien avant d’acheter une barre de chocolat car les ivoiriens vendraient leur cacao au prix du marché et les français moyens ne pourraient plus s’offrir le luxe d’en manger hors fêtes de fin d’année. Quand la France cesserait d’avoir des intérêts en Afrique, une chemise 100% coton coûterait si cher que BHL ferait très attention à ne pas salir les siennes toutes blanches issues de l’agriculture malienne. Le français moyen renoncerait aux produits en coton. Quand la France cesserait d’avoir des intérêts en Afrique, les palais du Mali seront ornés d’or et la France vendra tout l’or de ses châteaux pour rembourser ses dettes. Le franc CFA cesserait d’exister le jour où la France cesserait d’avoir des intérêts en Afrique et les nombreux conseillers et experts français qui émargent en Afrique rentreraient en France. Faire des racourcis est ce que Valls fait de mieux depuis qu’il a été désigné à Matignon. Le jour où la France cesserait d’avoir des intérêts au Niger, le ticket de métro reviendra si cher que nombreux français prolétaires marcheraient les distances équivalentes à Chatelet- Bourg la reine car n’ayant plus les moyens de s’offrir un ticket pour ce court trajet. Ce jour là, les nigériens n’auront plus besoin d’émigrer en France pour des miettes car les super profits d’AREVA leur reviendraient de droit. Le discours de Valls infantilise les français et leur donne un aspect innocent et ignorant.
Elijah de BLA