« Quand on demande à l’esprit d’aller chercher du bois mort, il ira chercher le fagot qui lui plait ». Epargnez-moi ce jugement qui est à l’origine d’un sprint au flanc du palais de Kouloubou et aussi à l’origine d’un exil involontaire à Dakar.
Aujourd’hui nul n’est sans ignorer le phénomène le plus dangereux qui dévaste la planète terre. Le terrorisme qui a pour mission, décimer l’humanité pour des raisons inavouées. A multiple nom, il n’a ni frontière ni zone spécifique. Pour notre Pays le Mali, nous en savons beaucoup et les mêmes vécus se manifestent sur plusieurs continents démontrant même l’impuissance des grandes puissances à faire barrage à la barbarie.
L’insistance sur le sujet, c’est à l’occasion du 55e anniversaire de l’existence d’une armée au nom de l’Etat du Mali. Célébré symboliquement hier, il a été l’occasion de faire un bref rappel sur la synergie d’action mise en œuvre pour arriver à bout du terrorisme ou le Djihad au Mali.
Je joints ma vision à celle de mon confrère, Salif Sanogo qui depuis les USA, a dressé le tableau combien inquiétant du terrorisme dans le monde en un si laps de temps donnant du coup le bon sens aux grandes puissances de déplacer le phénomène dans le cadre d’un quelconque maillon faible comme était traité le Mali.
« Vendredi 13 novembre 2015, ce sont des dizaines de personnes qui tombent en France, sur le continent européen. Daesh revendique ces attentats sans précédent. Une semaine plus tard, le vendredi 20 novembre, c’est en Afrique, et à Bamako que AQMI revendique la prise d’otage du « Radisson Blu » avec deux dizaines de morts encore. Moins de deux semaines après, et cette fois-ci sur le continent américain, à San Bernadino aux USA, le mercredi 2 décembre 2015, Daesh revendique une autre tuerie de masse. Un mois plus tard, l’Asie est touchée avec les attentats de Jakarta revendiqués encore par Daesh. Et quelques heures seulement après, on revient en Afrique avec AQMI qui a frappé en plein de cœur de Ouaga avec des dizaines de morts encore en ce vendredi 15 janvier 2016.
En l’espace de deux mois, les deux groupes terroristes ont frappé sur 4 continents différents et dans des pays ayant pris des mesures drastiques de sécurité. On a comme l’impression que ces individus sans foi ni loi peuvent frapper quand et comme ils veulent, à l’endroit de leur choix. L’époque des cellules dormantes est révolue. Avec l’évolution technologique, ils ont des cellules actives potentielles sur tous les continents et dans tous les pays. Ce n’est plus une seule nation qui est visée, mais l’humanité entière. Car avec un seul terroriste sur un territoire donné, il faut être sur qu’il aura le don d’en faire pousser d’autres sous d’autres cieux comme de mauvais champignons après la pluie.
Et comme on n’arrive plus à faire la différence entre le terrorisme d’Etat et l’œuvre des groupes radicalisés, l’on reste dubitatif et impuissant. A chaque attaque, les grands medias sont inondés par des spécialistes de telle ou telle question avec une profusion d’analyses. Et si on a une grande quantité de géniteurs d’idées pour combattre la terreur, il y a très peu de génies ayant permis, non pas d’arrêter cette barbarie immonde, mais d’inverser le rythme des attaques. Entre les erreurs d’approche et d’analyses des prétendus experts et la perplexité anxieuse des stratèges de sécurité, les groupes radicaux semblent avoir un boulevard devant eux.
Les puissances occidentales n’ont de cesse de larguer des bombes sur les zones sous contrôle de Daesh et compagnie. Ce faisant, elles font de nombreuses victimes collatérales et ferment les yeux sur des injustices criardes de certains de leurs « partenaires ». Une situation qui ne fait que conforter la position des partisans de la terreur qui arrivent à faire passer leur message dans des sphères encore insoupçonnées. Qui plus est, certains « partenaires » aussi de ces puissances sont derrière des groupes qu’ils financent pour affaiblir un voisin ou un « adversaire ». Sinon, comment comprendre que Daesh, AQMI et leurs satellites puissent avoir autant de ressources ?
Le trafic d’armes et de stupéfiants ? Le trafic de carburant et de pierres précieuses ? Mais avec qui font-ils ce trafic alors? D’où proviennent les armes, les provisions et les autres matériels dont ils disposent ? On en arrive à oublier qu’a une époque non encore lointaine, de nombreux Etats occidentaux, sans jamais l’avoir reconnu officiellement, ont du payer des dizaines de millions d’euros ou de dollars en liquide pour faire libérer leurs ressortissants. Cette manne financière contribue aussi à faire tourner la machine terroriste à plein régime. Le temps du jeu de cache-cache est révolu. Les erreurs du passé doivent contribuer à renforcer la lutte du présent. Et rassurez-vous, je suis loin d’être friand des théories conspirationnistes.
Là où je suis d’accord avec certains spécialistes, c’est qu’on se retrouve dans une situation qui est partie pour durer. D’autres actions spectaculaires viendront encore endeuiller le monde. Et personne ne pourra dire où et quand les obscurantistes se manifesteront. La seule certitude qu’on a, c’est qu’ils sont aussi imprévisibles que sadiques. Puisqu’ils viennent pour mourir en martyrs, le cycle de violence est loin d’être bouclé. Que toutes les Nations mettent leur intelligence ensemble afin de pouvoir réduire un tant soi peu les nuisances de ces gens qui n’ont de foi que leur force de destruction ».
A cette belle analyse, j’ajoute la recrudescence du terrorisme dans des pays Africains avec en toile de fond le cas du Nigéria, du Cameroun ou encore du Tchad. Au Nigéria, l’on n’est surpris de passer un jour sans bilan sanglant avec pour corollaire la dévastation de villages tous entiers et des filles laissées à la merci des hommes-Satan avec de masques d’hommes pieux.
Aujourd’hui il est bon pour tous pays, surtout africains, de comprendre que la situation est à un niveau où chacun pour soi Dieu pour tous sera le slogan. Preuve en est que la France réfléchit dans ce sens et les autres pays puissants ne tarderont pas à la suivre. Donc à chacun de mener sa propre guerre contre le Djihad ou le terrorisme.
IBK a intérêt à investir le maximum possible pour rendre coriace son armée. Car personne ne demeurera sur le front d’autrui. La case de chacun est menacée. « BE BI BA BOLO ».
Boubacar Yalkoué