S’adressant au chef de l’Etat, Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition a indiqué : « souffrez que l’opposition républicaine vous livre la vérité telle qu’elle est…Le pays vit dans une incertitude. » C’est à ce titre qu’il a dénoncé le manque d’ambition de la gouvernance actuelle et les incantations qui ne peuvent tenir lieu de réponses aux angoisses des populations. Soumaïla Cissé a toutefois précisé que les valeurs qui animent l’opposition sont enracinées dans son attachement indéfectible à la République, à la démocratie, à l’Etat de droit, à la justice et à l’égalité citoyenne.
Il a souligné : « A ce stade de mon propos, souffrez que je dise à nouveau qu’être dans l’opposition n’est pas synonyme de négationnisme, de vulgarité ou d’ennemi du pays. Le statut du chef de l’opposition politique doit être opérationnel : le retard risque d’être assimilé à une volonté de bâillonner tous ceux qui ne pensent pas comme la majorité. Comment voulez-vous qu’on respecte l’obligation de vous fournir un rapport annuel alors que nous ne disposons pas encore de nos instruments légaux de travail ? »
Il convient de se rappeler, a indiqué le chef de file de l‘opposition, que 2015 fut une année difficile pour notre peuple confronté à différentes formes d’insécurité, de précarité, de mauvaise gouvernance et surtout de déficit d’Etat.
Les épreuves endurées, a-t-il ajouté, ont contribué à éroder le pouvoir d’achat des populations et créé un malaise dans les régions encore victimes des méfaits de l’occupation dont les conséquences sont toujours présentes. Il a martelé que le pays vit dans une incertitude, que les Maliens ont la nette impression d’une action publique sans but, sans visibilité, d’un exercice du pouvoir qui tourne à vide… de l’absence de réformes et donc de direction. Il a ajouté que les Maliens s’interrogent sur le manque d’ambitions de la gouvernance actuelle car les incantations ne peuvent tenir lieu de réponses à leurs angoisses. Soumaïla Cissé a dénoncé les tares de la justice et de l’administration. Depuis vingt- sept mois, a-t-il soutenu, notre peuple attend toujours que l’Etat affirme son autorité et qu’il prenne ses responsabilités en matière de sécurité et de défense du territoire. L’opposition est convaincu que les populations veulent « un Etat au service du développement et de l’économie, qui soutient les initiatives des citoyens pour le développement, garantit la création de richesses par le secteur privé, souhaite une redistribution équitable des richesses et une solidarité agissante avec les plus démunies. Un Etat qui saura unir la Nation et la protéger. Un État qui crée l’espoir. »
L’opposition demeure attachée à une solution pacifique de la crise du Nord, à une solution par le dialogue. Elle a critiqué la gestion solitaire du gouvernement tout au long du processus d’Alger. C’est à ce titre que Soumaïla Cissé a soutenu : « nous avons souhaité que notre gouvernement garde le contrôle du processus de négociations afin d’aboutir à un accord équilibré préservant les intérêts fondamentaux de notre peuple et écartant les risques de partition du pays.
Nous aurions préféré un accord où le principe démocratique de la séparation des pouvoirs dans les régions est préservé. Toutefois, même imparfait, nous avons pris acte de l’Accord que nous considérons comme une étape de la longue quête de paix et de stabilité au Mali. C’est pourquoi, nous appelons à la tenue de concertations pour améliorer l’Accord et consolider les conditions de restauration de la paix et de la stabilité. L’opposition dans son ensemble, prône la paix, la justice et rejette toute forme de violence comme moyen d’expression, condamne fermement le terrorisme sous toutes ses formes, le trafic de drogues et toutes criminalités en bandes organisées dans notre pays. » Le chef de file de l’opposition a attiré l’attention sur les risques d’enlisement du Comité de suivi de l’Accord d’Alger. Ces nouveaux défis sécuritaires, a-t-il dit, obligent le président IBK à bâtir une armée forte, professionnelle et républicaine, capable de garantir de manière durable la sécurité et l’intégrité du territoire national. Nos soldats, a-t-il assuré, doivent être mis dans toutes les conditions. Selon lui, la mise en oeuvre scrupuleuse et transparente de la loi de programmation militaire votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale est donc d’une ardente nécessité. Il est hautement souhaitable, a-t-il dit, que l’année qui commence soit l’année de la réforme consensuelle de nos institutions.
Pour Le chef de file de l’opposition, il nous faut mettre fin à la gabegie, aux détournements de ressources publiques, à l’abus de biens sociaux. Pour ce faire, l’exemple doit venir d’en haut. Sans bonne gouvernance, a-t-il soutenu, il n’est pas possible de construire un État viable. Il a aussi laissé entendre que sans bonne gouvernance, il n’est pas possible de lutter sérieusement contre le terrorisme, de relever les défis et d’écarter les dangers qui menacent notre pays.
B.D.