Plus de 6 mois après la signature de l’Accord de paix intermalien, une réunion s’est tenue à Alger, lundi, pour tenter de dénouer les blocages. Inquiets des attaques terroristes dans la région, les participants ont rappelé l’urgence d’appliquer l’accord de paix.
La réunion a huis clos a duré 4 heures. Le protocole avait installé les participants autour d’une longue table. D’un côté, tous les pays de la médiation internationale, de l’autre, tous les acteurs maliens, mouvements armés comme gouvernement. «L’objectif de ces consultations est de procéder à une évaluation objective de l’état et des perspectives du processus de paix en cours», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, lors de l’ouverture de la réunion ce lundi. Mais, selon les textes de droit international, depuis la signature de l’accord, le 20 juin dernier à Bamako, ce n’est plus le rôle de l’Algérie d’organiser des réunions sur l’accord de paix.
Cette réunion, qui était prévue depuis la dernière réunion du Comité de suivi mi-décembre, pousse un participant à s’interroger : «On se demande si Alger veut maintenir son leadership dans le dossier, si elle veut aider son voisin, ou si l’intérêt c’est la sécurité dans le nord du Mali ?» Dans les coulisses, même si on salue l’absence d’affrontements armés entre les mouvements armés du Nord et l’armée malienne, on sait que l’application de l’accord de paix coince. «Le gouvernement malien fait son travail, mais il n’est pas sincère», regrette un observateur.
Ce dernier souligne par exemple que la création d’un Comité national de coordination de la mise en œuvre de l’accord malien, sous l’autorité du Premier ministre, est un doublon du Comité de suivi. La différence est que la communauté internationale n’y a pas son mot à dire. «Bamako se soustrait à ses responsabilités», avance un autre participant.
Au cours des derniers mois, des réunions communautaires ont été organisées par les autorités à Gao et Ber, sauf que les mouvements armés du nord n’ont pas été invités à y participer. La médiation internationale a formellement demandé à Bamako de suspendre ces rencontres pour que les mouvements y participent également. «Au niveau de la sécurité et des institutions, on est tout simplement au stade d’outils mis en place, mais rien en termes d’actions applicables sur le terrain», regrette Brahim Ould Sidati de la Coordination des mouvements de l’Azawad.
La réunion d’Alger, lundi, permettait de taper du poing sur la table. Dans le communiqué final de la réunion, les reproches sont à lire entre les lignes. Les représentants de la communauté internationale «rappellent la responsabilité qu’a le gouvernement malien dans la mise en œuvre de l’Accord». Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères malien, affirme de son côté que le «principal problème» aujourd’hui «ce sont les groupes terroristes».
Divisions
Les remontrances concernent aussi les membres des groupes armés qui se divisent sur la participation au Comité de suivi. Mais là, on a surtout fini par se faire rattraper par les stratégies de division pour faire aboutir les négociations de paix. Au mois de mai de l’année dernière, des membres des mouvements armés de la Coordination ont fait dissidence et accepté de signer l’accord de paix, ce qui a donné lieu à une première cérémonie de signature officielle.
Un mois plus tard, la Coordination accepte de signer. Mais les dissidents, rejetés par la Coordination, et qui ont leur signature sur l’accord officiel, veulent leur place autour de la table. «Cela fait 6 mois qu’on essaye de faire tout ce qu’on peut, nous n’avons pas trouvé de solution», explique un membre de la médiation. Conséquence aujourd’hui, le Comité de suivi, l’organe de l’application de l’accord de paix, ne peut pas jouer son rôle. Lundi, dans la salle de l’hôtel Aurassi, il y avait pour la première fois la Chine, la Russie, le Royaume-Uni et le Canada, qui est à la tête des partenaires financiers du Mali. Plus de pays pour appuyer la stratégie diplomatique d’Alger ? «On a surtout besoin que la communauté internationale assume ses engagements financiers, on n’a pas un centime !» explique un diplomate.
Beratto Leïla